Sa famille maternelle l'a recherchée durant 9 longues années : après avoir vécu l'horreur de Daesh en Syrie, Jana est enfin de retour en France. La fillette, 12 ans aujourd'hui, avait été enlevée par son père djihadiste à l'âge de 3 ans. Son oncle, habitant à Nevers, a remué ciel et terre pour la retrouver.
L’horreur est enfin terminée pour la petite Jana et sa famille. Après neuf ans sur le territoire syrien, la jeune fille, désormais âgée de 12 ans, a atterri à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle mardi 10 octobre 2023. À l'âge de 3 ans seulement, en 2014, elle avait été enlevée par son père djihadiste et sa belle-mère pour être conduite en Syrie, contrôlée en grande partie par Daesh.
Sa mère, Ilhame, et son oncle, Mostafa Tarbouni, éducateur spécialisé à Nevers, se sont battus pour la retrouver. Une longue bataille menée durant près de neuf ans.
Un départ précipité
En août 2014, la mère de Jana, Ilhame Tarbouni, a confié la fillette de 3 ans à son ex-mari, Eddy Leroux, pour des vacances supposées au Maroc. Mais son ancien compagnon, converti radicalisé, décide de l'enlever pour l'emmener en Syrie, où il rejoint les rangs de l'État islamique.
Le djihadiste est accompagné de sa nouvelle compagne, Jihane Makhzoumi, et de leur nouveau-né. De Jana, et de deux enfants nés d'une première union de sa femme.
Arrivés sur les terres syriennes, le couple est séparé selon les informations du Parisien. Jihane Makhzoumi et les enfants sont installés à Raqqa, capitale autoproclamée de Daech. Quant au père, il est au combat. Il sera présumé mort à l'été 2015. L'événement signe le début d'une attente interminable pour Ilhame, Mostafa et le reste de la famille.
Abandonnée par sa belle-mère
Ilhame Tarbouni reste sans nouvelle de son enfant. En 2016, Jihane Makhzoumi revient avec ses enfants en France, mais sans Jana. Lors de son procès à la Cour d'assises spéciales de Paris, en novembre 2019, la belle-mère continuera de nier en bloc cet abandon volontaire. Elle sera condamnée à 14 ans de réclusion criminelle.
Jana, elle, reste dans des camps de réfugiés, dans des conditions qui restent floues, selon Le Journal du Centre. Quant à la famille de la fillette, elle ne relâche pas ses efforts pour la retrouver.
"Elle évolue très vite"
Mostafa TarbouniOncle de Jana
Notamment Mostafa Tarbouni qui se rend lui-même en Syrie en mars 2019, en vain. Mais une nouvelle piste l'amène à Istanbul, en Turquie. Et fin septembre 2023, il s'y rend avec sa sœur et ils peuvent enfin récupérer Jana.
Avant de la ramener en France, il a été décidé d'établir un test d'ADN entre la mère et la fille pour affirmer le lien de parenté. La réponse, arrivée lundi 9 octobre, était positive, ce qui a permis le rapatriement dès le lendemain, mardi 10 octobre, vers la France.
"C'est un grand soulagement, nous confie son oncle. Maintenant, nous avons besoin de digérer tout ce qu'il s'est passé. Mais elle évolue très vite dans son nouvel environnement". Jana dormira désormais sous le toit de sa mère et son retour se fera grâce à l'Aide Sociale à l'enfance (ASE).