Chaque année, une colonie de sternes niche sur un îlot de Loire à Nevers. Des oiseaux qui font l'objet d'un arrêté préfectoral pour protéger leur reproduction et favoriser la conservation de l'espèce.
Depuis quelques semaines, des panneaux alertent les promeneurs des bords de Loire, à Nevers (Nièvre) : le banc de sable baptisé "île aux sternes" est de nouveau habité, par une colonie d'oiseaux venue s'y reproduire. Défense de les approcher pour ne pas les effrayer, et permettre le bon déroulement de cette période essentielle.
"Le lieu est propice, explique Annie Chapalain, secrétaire générale de la Ligue de protection des oiseaux (LPO 58). Ils y trouvent un abri, mais aussi de la nourriture. Le site est occupé depuis 2002, et sans interruption depuis 2012."
Sternes pierregarin et sternes naines
Deux espèces sont présentes dans le val de Loire : la sterne pierregarin et la sterne naine. Ces oiseaux migrateurs passent l'hiver en Afrique centrale ou de l'Ouest et reviennent en France autour de la fin avril et du début du mois de mai.
Les oiseaux profitent des îlots peu végétalisés et des bancs de sable pour venir y nicher. "Ils pondent leurs oeufs à même le sol, dans un trou. Quelques oeufs de la même couleur que le sable, ce qui les rend presque invisible pour les non connaisseurs", détaille Nicolas Pointecouteau, conservateur de la Réserve nationale du Val de Loire. L'organisation en colonie leur permet de se protéger des potentiels prédateurs ou menaces pour leurs petits. Mais leur lieu de nidification les rend vulnérables à la présence humaine ou celle de chiens, qui pourraient venir écraser les oeufs et déranger les poussins.
Les autres sites désertés
Plusieurs autre sites sont désertés depuis deux à trois ans. En cause, des crues tardives de la Loire, notamment en 2016 et 2017, qui ont anéanti tardivement des colonies. Mais aussi les dérangements humains, au Bec d'Allier ou à Nevers particulièrement, qu'ils viennent de promeneurs, de pêcheurs, de baigneurs ou de canoës.
Une reproduction perturbée serait un coup dur pour l'espèce. L'axe Loire-Allier abrite chaque année près d'un millier de couples de sternes, dont environ la moitié de la population française de sternes naines. Sur le site de Nevers, 123 couples ont été recensés ces derniers jours en train de couver. C'est depuis 2002 le principal lieu de reproduction dans la Nièvre.
Jusqu'à 750 euros d'amende en cas de destruction
Pour protéger cet espace, des arrêtés préfectoraux sont pris chaque année depuis 2009. Un nouvel arrêté-cadre concernant les zones Natura 2000 et la réserve naturelle du Val de Loire a été signé le 9 mai pour la Nièvre et le Cher. Trois sites, définis en concertation avec les acteurs locaux, devraient être confirmés mi-juin, à Nevers, Germigny et Meauce. Chaque lieu protégé est ensuite signalé à l'aide de panneaux réglementaires et de panneaux d'information.
Les sternes sont des espèces protégées par le code de l'environnement, tout comme leur habitat. "Toute destruction constitue un délit, passible de peines correctionnelles, précise François Pohu, chef de service de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) dans la Nièvre. La violation d'un arrêté préfectorale de biotope peut ainsi être puni d'une contravention allant jusqu'à 750 euros."
Surveillance, prévention et verbalisation
Tout au long de la période de présence des oiseaux (jusqu'au mois d'août en général), des actions de surveillance, de prévention, voire de verbalisation si nécessaire, sont mises en place. Elles sont menées par l'ONCFS, les agents de la Réserve naturelle du Val de Loire, mais aussi la police municipale de Nevers, notamment au moment de Nevers Plage. "Le travail commence à porter ses fruits, les effectifs sont en augmentation, se félicite Annie Chapalain, secrétaire générale de la LPO 58. La population a assimilé qu'il existait cet îlot avec les sternes, mais il y a toujours besoin de rappels et de sensibilisation chaque année."