L'extrême droite dénonce une conférence "islamiste" à Château-Chinon, la mairie recule "face à tant de haine"

Le 10 novembre prochain, l'IESH, qui forme les futurs imams de France, doit tenir une conférence sur la République, la laïcité et les religions. Château-Chinon, qui devait recevoir l'événement, a demandé à l'institut de finalement l'organiser dans ses propres locaux après une forte contestation en ligne de l'extrême droite.

Près de 200 mails en moins de 24 heures. Entre ces mardi 4 et mercredi 5 octobre, notre rédaction a été assaillie de messages venant de l’extrême droite et dénonçant l’organisation à Château-Chinon (Nièvre) d’une conférence "République, laïcité et religions" le 10 octobre prochain. En cause, l'organisateur de l'évènement, l’IESH, un institut de formation des imams. Il a été fondé par la Fédération des organisations islamiques en Europe, proche des Frères musulmans.

Les missives, également adressées à la mairie de Château-Chinon évoquent "l’indignation" de leurs auteurs face à ce qu’ils disent être la "conquête islamiste". "Comment une municipalité peut-elle en faire la promotion de son institut de formation dans un pays où le terrorisme islamique a fait tant de victimes ?", est-il ainsi écrit.

Les mails, tous similaires et parfois copiés-collés, dénoncent aussi les liens entre l’institut et des djihadistes poursuivis par la France. Si la mairie de Château-Chinon a été submergé par ces mails, elle a également reçu des injures racistes et des menaces de mort proférées à l’égard de ses agents. Chantal-Marie Malus, maire sans étiquette de la commune, a alors décidé "l’annulation de la conférence". Mais l’IESH, lui, maintient la tenue de l’évènement, rapatrié finalement dans ses propres locaux à Saint-Léger-de-Fougeret.

Quel est le but de cette conférence ?

Initialement, la réunion devait donc avoir lieu le 10 octobre à l’auditorium de Château-Chinon. Contactée, la mairie nous indique dans un communiqué que la conférence devait être tenue par Bernard Godard, un spécialiste de l’islam en France qui étudie depuis les années 1990 la montée de l’islamisme radical dans notre pays.

Une conférence initiée par l’IESH, et pas par la mairie, qui a simplement accepté de prêter des locaux. "Cette conférence n’avait pour objectif que d’aborder en public l’objet et le contenu de la recherche actuelle sur le respect de la laïcité dans la République et d’exposer au grand jour les évolutions possibles de l’enseignement de la religion musulmane".

En acceptant l’organisation de la conférence, Chantal-Marie Malus entendait "rendre public le débat sur les enseignements de l’IESH, plutôt que de les laisser dans l’opacité, source de toute les haines", justifie le communiqué.

Mais face à la virulence des opposants et aux craintes d’une manifestation, l’édile a décidé d’annuler la conférence. Chez nos confrères du Journal du Centre, elle explique : "Je ne peux pas exposer plus les personnels de la commune à tant de haine. Je sais, c’est céder aux xénophobes et aux extrémistes de droite, mais je pense que c’est plus responsable".

La réponse de l’IESH

Dès le 4 octobre, l’établissement spécialisé dans l’enseignement du Coran et de la théologie arabe a réagi à ses opposants, et notamment à la publication d’un article sur le site d’extrême droite Fdesouche.

Alors que les mails et l’article en question dénoncent une fondation de l’école par une mouvance proche des frères musulmans, l’IESH affirme avoir été créé "dans les années 90 par un consortium de savants musulmans de tous bords".

Nous avons été et nous serons toujours un rempart face à l’obscurantisme et les dérives de l’ignorance que sont la radicalisation et l’intolérance de tous bords. 

L'institut, communiqué

La conférence que l’institut organise n’a alors qu’un seul but selon le communiqué : "ouvrir les esprits". Enfin, sur les liens avancés par l’extrême droite entre l’établissement et des djihadistes, l’école affirme avoir entamé une action en justice contre l’un des porteurs de ces accusations, Pascal Lepetit. Ce dernier est cité dans l’article de Fdesouche.

Le Sénat, dans un rapport de 2016, mentionne la "qualité des formations dispensées", démontrant "la possibilité d’effectuer des formations sur le territoire français". Le document précise tout de même que l’IESH entretient des liens avec l’Union des organisations des islamiques de France, devenue depuis les Musulmans de France, une organisation proche des Frères musulmans.

De son côté, la mairie de Château-Chinon rappelle que depuis sa création dans les 1990, aucun gouvernement n’a demandé la fermeture de l’institut.

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