Plan de relance européen de 750 milliards : "Il faut que cet argent redescende rapidement au niveau local"

L'accord conclu entre les dirigeants de l'Union Européenne est une bonne nouvelle pour relancer l'économie confrontée à la crise sanitaire du Covid. Mais, cet argent doit redescendre rapidement au niveau local, déclare Vincent Chauvet, maire d’Autun et membre du Comité européen des régions.
 


Un accord jugé "historique" a été conclu à Bruxelles mardi 21 juillet 2020 entre les 27 dirigeants de l'UE (Union Européenne).
Il porte sur une capacité d'emprunt commun de 750 milliards d'euros pour relancer les économies malmenées par la pandémie de coronavirus, ainsi que sur le budget de l'UE pour les sept prochaines années.

Quelle est votre réaction suite à l'accord conclu par l'UE sur un plan de relance ?

Je réagis en tant que maire d’Autun en Saône-et-Loire, mais aussi en tant que pro-Européen et économiste de formation : j’ai fait mon mémoire de fin d’études à HEC et Sciences Po sur la mutualisation des aides européennes. Au moment de la crise de la zone Euro, j’avais publié une tribune dans Le Monde avec Stéphane Cosset, économiste au FMI : à l’époque, on envisageait la possibilité de mutualiser les dettes des Etats en étudiant quels avantages économiques il y aurait si la France, l’Allemagne, l’Italie… empruntaient ensemble.

Pour être honnête, il y a 10 ans, à aucun moment on n’aurait imaginé que l’Union européenne allait pouvoir emprunter elle-même. On n’osait même pas imaginer que l’UE allait elle-même emprunter de son propre chef, sans s’appuyer sur les Etats.
A mon avis, on vient de faire un saut fédéral majeur, un saut monumental dans l’intégration. Nous sommes à un moment important de la construction européenne. Quand le président de la République dit "C’est un jour historique pour l’Europe", il a raison car c’est vraiment une avancée très forte.

En tant que responsable politique centriste, j’ai travaillé dans l’équipe d’économistes de François Bayrou lors de la campagne présidentielle en 2012. C’est quelque chose que notre famille politique le Modem propose depuis longtemps : emprunter en commun, avoir une plus grande solidarité y compris financière. En tant que membre de cette famille politique qui a créé l’Europe, je suis ravi qu’on ait pu arriver à cet accord qui est vraiment historique.

 
 

Qu’est-ce que cela va apporter concrètement à la France ? à la Bourgogne ?

Il faut attendre que le plan de relance soit précisé prochainement. Mais, je vais citer deux grandes réalisations de l’Europe, que les gens ne voient pas forcément et qui sont très concrètes :

-la garantie jeunes : aujourd’hui, dans les Missions locales, tous les jeunes décrocheurs de 16 à 25 ans peuvent être réinsérés dans un parcours de formation, où ils reçoivent l’équivalent de 400 euros par mois pour se remettre à niveau, faire des stages… On les raccroche. Et ça c’est un programme financé par l’Union européenne, qui sera probablement renforcé avec le plan de relance pour favoriser l’emploi des jeunes.

-la fin des frais d’itinérance téléphonique : quand des Hollandais ou des Allemands viennent chez nous en vacances, ils peuvent utiliser leur téléphone portable sans surcoût. Cela leur permet de réserver beaucoup plus facilement des hôtels, des restaurants ; de poster des images de leurs vacances sur Instagram ou sur Facebook… Autant de choses qui dynamisent l’économie touristique.
 

C’est bien, l’Europe donne de l’argent. Mais, il ne faut pas que ce soit une façon pour les gouvernements nationaux de combler leurs déficits. Il faut vraiment que ça aille le plus vite possible dans des projets au plus près des territoires, notamment dans les infrastructures, dans les projets verts. 

Vincent Chauvet, maire d’Autun et membre du Comité européen des régions


Pourquoi est-il crucial que ces fonds européens redescendent rapidement au niveau des collectivités locales ?

A travers ce plan de relance, l’Union européenne va donner une quarantaine de milliards à la France. C’est au niveau des Etats que la décision d’emploi des fonds va être prise.

Nous, en tant que membres du Comité européen des régions, nous appelons à une décentralisation rapide de ces fonds. Nous disons que c’est au niveau des Etats que ça doit se décider, et même au niveau local si on veut que l’argent soit dépensé rapidement et efficacement.

A l’échelon local, nous sommes capables de lancer des marchés publics, d’investir très vite sur de nombreux petits projets dans tout le territoire au lieu d’investir dans de gros projets nationaux qui mettent du temps à sortir. C’est pourquoi il est important que ces fonds redescendent le plus rapidement possible au niveau des collectivités locales, parce que la relance doit se faire au plus près des territoires.

Les projets de transition écologique, par exemple, se font beaucoup au niveau des collectivités locales. Ainsi, au parc du Morvan on a une stratégie ambitieuse sur la forêt. On est capables d’employer cet argent à bon escient pour isoler les bâtiments, installer des bornes de recharge de voitures électriques ou installer des panneaux solaires sur les bâtiments…
 
 

 
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