Tous les syndicats de police ont appelé à des rassemblements mercredi 14 octobre 2015. C'est le cas à Dijon, Nevers et Chalon-sur-Saône notamment. Ils ne décolèrent pas depuis une fusillade au cours de laquelle un braqueur en cavale et fiché a grièvement blessé un policier.
Pourquoi les policiers descendent-ils dans la rue ?
Un policier est dans un état désespéré après avoir été blessé par balles lors d’une course-poursuite lundi 5 octobre. Un des malfaiteurs impliqués est un prisonnier en fuite, qui n’avait pas réintégré sa cellule en Seine-et-Marne après une permission de sortie."On aurait pu éviter que notre collègue se trouve aujourd’hui entre la vie et la mort", estiment les policiers. C’est pourquoi commissaires, gardiens de la paix, officiers… tous sont appelés à manifester à partir de midi devant les palais de justice en régions (ce sera le cas à Dijon, Chalon-sur-Saône et Nevers notamment). A Paris, un grand rassemblement est prévu devant le ministère de la Justice, place Vendôme.
Reportage : François-Marie Lapchine, Cécile Claveaux, Jean-François Guilmard
Montage : Carlos Zappala
avec : David Verron (Secrétaire départemental (58)Alliance Police Nationale), Stéphane Karlin (Secrétaire Bourgogne Franche-Comté), Frédéric Paillard (Secrétaire Bourgogne Franche-Comté)
Que demandent les policiers ?
Les policiers dénoncent "la violence qui se banalise à l’encontre des garants de la paix publique" et "l’insuffisante prise en compte de cette situation préoccupante".Ainsi, le syndicat des commissaires de la police nationale estime que "la fracture s’aggrave entre les réalités auxquelles sont confrontées les policiers et certaines pratiques ou prises de position désinvoltes de la part d’une partie des membres de l’ordre judiciaire".
Pour Alliance Police Nationale (syndicat majoritaire chez les gradés et gardiens), "des décisions de justice incohérentes et inacceptables", des "conditions de travail insupportables", "une légitime défense inadaptée" mettent "gravement en danger la vie et la sécurité des citoyens et des policiers".
Ecoutez le représentant du Syndicat de Police Alliance Police Nationale en Bourgogne, Frédéric Paillard
"Il ne faut pas créer de rupture entre policiers et magistrats. Ils assument ensemble des responsabilités lourdes sur le terrain" #RTLmatin
— Christiane Taubira (@ChTaubira) 12 Octobre 2015
Que répond la ministre de la Justice ?
La Garde des Sceaux Christiane Taubira s'est dite prête à recevoir les représentants des forces de l'ordre qui vont manifester sous ses fenêtres."C'est une situation douloureuse parce qu'il y a un policier qui se bat encore pour la vie. J'ai dit que je comprenais l'émotion, la colère et l'angoisse de ses collègues, la douleur et l'anxiété de sa famille", explique Christiane Taubira.
Selon la ministre, le texte de 2004 qui réglemente les permissions de sortie est "relativement clair", mais ce n’est pas le cas des "décrets et circulaires" pris ensuite entre 2004 et 2008, qui "ont introduit de la confusion".
"Il y a toujours eu des permissions de sortie. Elles sont accordées pour préparer la réinsertion. Il y a toujours eu aussi des non réintégrations et ce qui est important, c'est de veiller à ce que ces personnes soient reprises", estime Christiane Taubira.
Interrogée sur une éventuelle rupture entre la police et la justice, la ministre a estimé qu'elle n'était "pas concevable dans une démocratie".