Le Front National destitue officiellement ce jeudi 6 septembre Sophie Montel de la présidence du groupe Front National à la région de Bourgogne Franche-Comté. Julien Odoul prend les rennes du parti frontiste. Qui est ce jeune élu bourguignon ?
A son arrivée au Front national, il faisait partie des nouveaux visages du parti. En 2014, Julien Odoul symbolisait alors ce nouveau FN plus propre, plus ouvert. Trois ans plus tard, le conseiller régional représente pourtant la frange la plus à droite du parti.
Julien Odoul : le centriste devenu frontiste
Lui qui incarnait la dédiabolisation du Front national est peut-être devenu le visage de la "rediabolisation" du parti. Julien Odoul, conseiller régional de Bourgogne Franche-Comté et patron du FN dans l'Yonne fait partie de ces nouveaux visages qui ont émergé depuis que Marine Le Pen a pris la présidence du parti en 2011. Cette nouvelle vitrine, celle d'un FN plus souriant, a participé à la dédiabolisation/normalisation du parti tant voulue par la nouvelle présidente. Mais derrière le visage d'ange de Julien Odoul, les idées restent bien celle d'un Front national très à droite.Du centre à la droite de la droite
"Le centre véhicule toutes les valeurs qui sont les miennes" : en 2011, cette déclaration de Julien Odoul au journal l'Express est sans équivoque. A 26 ans, cet historien de formation rejoint les rangs de l'UDI, l'Union des démocrates et indépendants, le parti politique de centre droit fondé par Jean-Louis Borloo. Il devient même secrétaire général du groupe centriste au conseil général de Seine-Saint-Denis.Pourtant en 2014, Julien Odoul fait partie des prises de guerre de la nouvelle présidente du Front national. Marine Le Pen cherche alors à renouveler l'image du parti, à le dédiaboliser. Ce passage au FN était-il motivé pour autant par des convictions politiques ?
Selon Marie-Pierre Bourgeois, auteure d'une enquête sur le FN intitulée Rose Marine, Julien Odoul a aussi trouvé son intérêt personnel dans le parti fondé par Jean-Marie Le Pen.
"Il y a sûrement un vrai opportunisme de la part de Julien Odoul. Avant, il était à l'UDI ( ), à un moment il a plafonné. Il ne se sentait pas forcément à l'aise avec la façon dont était traitée la question européenne : il trouvait cela trop pro-européen."
Il fait partie des personnes qui à un moment sont bloquées dans leur carrière et qui savent que leur profil est recherché au Front national.
Le visage de la dédiabolisation
Julien Odoul a fait figure de prise de guerre pour le Front national lorsqu'il a rejoint le parti en 2014. Non seulement, ce dernier pouvait déjà se revendiquer d'une expérience en politique mais il représentait aussi une ouverture bienvenue au Front. Lorsqu'il avait 21 ans, le jeune Julien Odoul faisait la couverture... du magazine gay Têtu. Trois ans plus tard, c'est en couverture du magazine allemand Gab qu'il apparaît.
Dans une interview réalisée en février par Florent Vairet et Sofian Aïssaoui, Julien Odoul s'explique sur ces couvertures : "Dans ma jeunesse, j'ai fait des photos pour le magazine têtu, un magazine gay. Ca n'a posé aucun problème quand je suis arrivé au Front national. J'avais beaucoup plus de réactions à ce sujet quand j'étais au centre. [...] Lorsque j'étais à l'UDI, mon parti était pro-mariage pour tous bien que divisé. Moi je ne l'étais pas. J'ai suivi ce débat et j'ai regretté qu'il ait été mal organisé. Ce n'est pas la préoccupation majeure des français. Aucun français ne parle du mariage pour tous dans la rue."
Un Front divisé
"Au Front national, nous n'avons pas de courants, de lignes ou d'écuries." En février, en pleine campagne présidentielle, Julien Odoul assure que l'unité règne au Front. A ceux qui anticipaient une confrontation des courants frontistes après l'élection présidentielle, le conseiller régional répondait sans détour : "Il n'y a qu'une ligne au FN, c'est celle de Marine Le Pen. Cette ligne est choisie et votée par les militants. Qu'il y ait des petites divergences, des mots différents, des sensibilités différentes, c'est sain dans un parti qui réunit aujourd'hui plus de 90.000 adhérents."Le FN est différent des autres partis dans ses habitudes et sa tradition. Il n'y aura pas de courants au Front national car nous sommes plus préoccupés par le combat qui nous anime que par des guerres de cheffaillons.
Pourtant, quelques mois plus tard, la guerre des clans est réelle. D'un côté la ligne dure du Front national : celle de Marion-Maréchal Le Pen et Louis Alliot. D'un autre côté, une ligne plus ouverte : celle de Florian Philippot et Sophie Montel. Julien Odoul se range du côté dur du Front, et depuis sa défaite à l'élection présidentielle, c'est aussi la ligne derrière laquelle Marine Le Pen semble désormais vouloir se ranger.