Le Père Noël est un personnage incontournable de notre culture populaire aux origines souvent méconnues. Dans le documentaire "Qui veut brûler le Père Noël ?", nous partons sur les traces de ce personnage au centre de nos croyances et traditions.
Le Père Noël est une figure incontournable des fêtes de fin d'année dans de nombreux pays.
Comment avec son ventre bedonnant, sa grande barbe blanche et son habit rouge, a-t-il a réussi à se retrouver le héros d’une fête religieuse chrétienne ?
En partant sur les traces du Père Noël, Axel Clevenot et Julien Boustani, les réalisateurs, nous entraînent dans un voyage dans le temps et l'espace, allant jusqu’à questionner nos croyances et nos traditions.
Les ancêtres du Père Noël
Avant l’apparition du Père Noël, de nombreux personnages religieux ou légendaires distribuaient des présents aux enfants en ces périodes hivernales.
Son premier ancêtre se trouve dans la mythologie, 1000 ans avant Jésus-Christ. C’est Odin, un dieu scandinave.
Ce dieu, contrairement aux autres divinités, ne recevait pas d'offrandes mais en donnait. Il possédait deux corbeaux qu’il envoyait sur terre pour savoir si les enfants étaient sages et méritaient une récompense au moment du solstice d’hiver.
A Rome, du 5ème siècle avant Jésus-Christ au 4ème après Jésus-Christ, apparait une déesse du nom de Strenia (d’où vient le nom étrennes).
Cette déesse n'apportait pas de cadeaux mais au moment du solstice d’hiver, les patriciens (la bourgeoisie romaine) s’offraient, en son nom, des présents entre eux.
Un autre dieu romain vient s'inscrire parmi les ancêtres du Père Noël, il s'agit de Saturne, le dieu de l'agriculture. A l’époque, on fêtait cette période de transition pendant laquelle on célèbrait le chaos et le désordre.
Tous les ans en décembre, il y avait des fêtes très connues à Rome, les fêtes des Saturnales. Ces fêtes étaient en l’honneur du dieu Saturne, dieu de l’agriculture.
Le roi des Saturnales s'efface avec tous les rites païens au moment de l'apparition du dieu des chrétiens : Jésus-Christ.
En l’an 354, l’église catholique décide de placer sa date de naissance un 25 décembre. Cette date correspond à la fête païenne du solstice d’hiver. La fête chrétienne se superpose alors à la fête païenne.
Saint Nicolas, à l'origine du Père Noël
D’origine grecque, Saint Nicolas apparait en 343 dans la ville de Myre où il est évêque. Il y est représenté avec des enfants dont il serait le sauveur.
Saint Nicolas est le Saint Patron des prisonniers, des marins, des bouchers, des enfants et même de la Lorraine. Et c'est dans ce département, plus précisément à Saint-Nicolas-de-Port, que se trouve sa relique.
Le 6 décembre de chaque année, une grande fête en son honneur est célébrée dans l’édifice, avec une procession aux flambeaux.
Pendant longtemps les choses ont été bien réparties : le champ de la religion c’est celui du petit Jésus, le 24 décembre au soir. Le champ de celui qui est devenu le Père Noël, c’est celui de Saint Nicolas, à une autre date…mais les choses se sont compliquées !
De Santa Claus au Père Noël
C’est John Pintard, fondateur historique de la Société Historique de New York qui ressuscite l’image du Père Noël, ou plutôt, celle de Saint Nicolas.
Un autre membre de cette société, Washington Irving, écrit une histoire satyrique de New York. Dans cette parodie, Saint Nicolas y fait des apparitions à l’improviste. C'est un énorme best-seller !
Les américains adorent ces récits et les racontent à leurs enfants, comme si c’était une histoire vraie. C’est ainsi qu’apparait pour la première fois Santa Claus.
Un troisième membre de la Société Historique de New York, du nom Clement Clarke Moore, se met à écrire un poème pour les enfants intitulé « La nuit avant Noël », qui connait lui aussi, un énorme succès.
Dans ce poème, Santa Claus est sur un traineau tiré par des rennes. Il passe par la cheminée pour apporter des cadeaux aux enfants en leur souhaitant un « Joyeux Noël ».
C'est au 19e siècle que l’illustrateur américain Thomas Nast créé la représentation du Père Noël tel qu’on le connait aujourd’hui : un bonhomme joyeux et rondouillard avec sa barbe et sa pipe.
On a brûlé le père Noël !
A Dijon, en 1951, il est la « bête noire » à abattre.
Importé par les américains, on le dit suppôt du consumérisme et on lui reproche d’éclipser Jésus-Christ.
Le 23 décembre 1951, l'effigie du Père Noël est brûlée devant le parvis de la cathédrale de Dijon devant de nombreux enfants.
Le geste de mettre à mort le Père Noël de Dijon peut être interprété comme un acte de sacrifice. Il peut être associé à l’histoire des sacrifices des saturnales.
Ces images font le tour de France en moins de 48 heures.
A l’époque, le maire de Dijon était un autre ecclésiastique : le chanoine Kir. Et lui n’était pas du tout au courant ! précise Jean-Pierre Guéno, écrivain et historien.
Dès le lendemain, le Chanoine Kir organise une mise en scène en faisant descendre en rappel le Père Noël le long de la façade de l’Hôtel de Ville et publie un communiqué de presse en disant que l’action de la veille était une mascarade.
Depuis, chaque année à Dijon, la descente du Père Noël de la tour de la mairie reste une tradition très appréciée des habitants.
De tous temps, on a voulu s’approprier mon image, se débarrasser de moi. On m’a interdit, sacrifié, pendu, brûlé…mais je reviendrai…comme chaque hiver…parce qu’il y aura toujours des petits et des grands pour croire en moi !
"Qui veut brûler le Père Noël ?", un film d'Axel Clevenot et Julien Boustani
Coproduction French Connection Films / France Télévisions avec la participation de Toute l’Histoire
► A retrouver en replay sur notre page des documentaires La France en Vrai