Régionales 2021 : Mauvais buzz au Rassemblement National infiltré par Kamel Agag-Boudjahlat à Belfort, et qui se retire

Vendredi 30 avril, Kamel Agag-Boudjahlat a été présenté comme tête de liste dans le département du Territoire de Belfort pour le Rassemblement National. Finalement, il se retire et appelle à voter... contre le RN de Marine Le Pen. Pourquoi cette volte-face ? Explications. Réactions.

Vendredi 30 avril, Julien Odoul, tête de liste régionale, présente la tête de liste départementale RN dans le Territoire de Belfort : Kamel Agag-Boudjahlat. Cet éducateur, d’origine algérienne, est âgé de 38 ans.

Lire : "Je me voyais déjà dans l'hémicycle face à leurs regards" : l'interview complète de Kamel Agag-Boudjahlat à France 3 Franche-Comté

Dans une vidéo postée sur son compte Facebook, avec le Lion de Bartholdi en toile de fond, le président du groupe RN au conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté dit toute sa joie : « Je suis ravi de t’accueillir dans notre équipe pour nous aider à gagner la région et pour nous aider surtout à protéger les Bourguignons et les Francs-Comtois. »

Toujours dans cette vidéo, Kamel Agag-Boudjahlat prend la parole, il remercie le Rassemblement National : « de me faire confiance… faire face à cette insécurité explosive et grandissante… vivre en sécurité… ». Et il continue : « J’espère qu’on va mettre tout en œuvre pour remporter ces élections régionales et qui vont servir de tremplin pour l’accession au trône de Marine Le Pen. »

Julien Odoul est un homme lucide et courageux.

Kamel Agag-Boudjahlat

 

Cette désignation comme tête de liste du RN suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

Coup de théâtre lundi 3 mai

L'information est dévoilée ce lundi 3 mai dans un article de l’Est Républicain et sur France Bleu Belfort, c'est la grosse surprise : le candidat, non seulement se retire de la liste, mais appelle à voter contre le Rassemblement National de Marine Le Pen. Après s'être exprimé dans quelques médias, Kamel Agag-Boudjahlat sollicité par France 3 Franche-Comté est devenu injoignable. Téléphone "qui n'est pas attribué" et plus d'activité sur ses comptes des réseaux sociaux.

« C’est allé trop loin, je mettais en danger les membres de ma famille » explique le candidat qui explique à l'Est Républicain avoir « infiltré » le parti de Marine Le Pen.

Kamel Agag-Boudjahlat précise sa pensée à France Bleu Belfort : « Si vous estimez que le RN est un danger, inscrivez-vous et allez voter ou mieux encore prenez les choses en main dans vos quartiers pour améliorer les choses".

Il poursuit en disant vouloir écrire un livre intitulé "J'ai infiltré le Rassemblement National", et se justifie : "ce parti que j’ai vécu de l'intérieur n'a pas changé par rapport au Front National. Il surfe sur la haine de l'autre, la théorie du complot et du chaos. Et il joue beaucoup sur les violences urbaines, notamment dans le quartier de la Petite-Hollande à Montbéliard".   

Le faux candidat persiste et signe mardi 4 mai dans un long entretien accordé à France 3 Franche-Comté. (Lire l'article).

Ce qu'en dit Marie-Laure Duchanoy, présidente du RN pour le Territoire de Belfort

Ces quatre derniers jours ont été éprouvants pour Marie-Laure Duchanoy, responsable du RN pour le Territoire de Belfort. 

Elle devait conduire la liste dans le Territoire de Belfort mais Julien Odoul lui a préféré Kamel Agag-Boudjahlat. Elle dit l’avoir appris vendredi, deux heures avant la conférence de presse. Elle raconte : «J’ai dit à Julien (Odoul) que je n’étais pas d’accord avec son choix, choix validé par la commission nationale. Je n’ai pas cru dans la sincérité de Kamel. Son discours sonnait faux. Julien n’a pas apprécié que je le contredise» dit-elle aujourd'hui. Puis, des mots peu gracieux ont été échangés entre les deux responsables.

Marie-Laure Duchanoy continue : « Depuis l’annonce de cette tête de liste, je suis harcelée, menacée, insultée sur les réseaux sociaux et même au téléphone. Les gens me disent qu’ils ne comprennent pas cette décision, d’avoir choisi une personne d’origine arabe, je me fait traiter de « vendue », de « collabo ». Depuis vendredi, je suis fatiguée de devoir justifier un choix que je n’ai pas fait."

Maintenant avec cette affaire d’infiltré, j’ai peur des représailles, j’ai peur pour ma sécurité. 

Marie-Laure Duchanoy, présidente du RN 90

Et elle conclut : « Cette histoire me fait de la peine. Julien s’est fait abuser par Kamel mais il se réjouissait tellement de faire le buzz avec ce choix. Je ne réclame pas la tête de Julien, ce n’est pas mon objectif.» 

Pas certain que la réciproque soit vraie.

Julien Odoul dit ne pas comprendre

Devant les propos de Kamel Agag-Boudjahlat dans la presse ce lundi 3 mai, Julien Odoul se défend bec et ongles : « Je ne peux pas comprendre ce revirement. Il a pris sa carte au RN, on s’est rencontré plusieurs fois, il a participé au clip de campagne. Il y a 24 heures encore, il me disait sa fierté de mener cet engagement. Nous l’avons accueilli à bras ouverts, comme nous accueillons tous les Français qui veulent sauver notre pays avec Marine Le Pen. »

Faire le buzz, comment ça j'étais content de faire le buzz ? Non, absolument pas !

Julien Odoul, tête de liste RN aux élections régionales

Celui qui conduit en Bourgogne-Franche-Comté, la liste RN aux régionales avance une explication : "Je pense que des pressions, des menaces ont pu le contraindre à renier son engagement. S’il s’est infiltré comme il le dit, dans quel objectif ? Quel but ? Ce serait affligeant, révoltant. Mais je ne vais pas chercher des interprétations. Je suis surpris et blessé. Si c’est une trahison, il n’en sortira pas grandi. »

Quel avenir pour Marie-Laure Duchanoy après son opposition à Julien Odoul, le numéro 1 de la région ?

Elle, elle veut rester au RN. La réponse, laconique, de Julien Odoul : « On verra… »

Mais Marie-Laure Duchanoy est candidate aux régionales et aux départementales. Aux régionales, elle est numéro 2. Aux départementales, elle conduit le binôme RN dans le canton de Châtenois-les-Forges.

Pour ces départementales 2021, la présidente départementale peine à trouver des candidats sur le Territoire de Belfort, avec deux femmes, deux hommes par canton, soit deux titulaires et deux suppléants. Seulement deux cantons sont « bouclés » sur les neuf, et il manque encore une femme sur le canton de Delle pour arriver à quatre candidats.

Pourquoi cette pénurie alors qu’en 2015, lors du dernier scrutin départemental, tous les cantons du Territoire de Belfort étaient pourvus par le Rassemblement National ? Marie-Laure Duchanoy explique que les critères d’exigence ont changé : « De nouveaux profils sont nécessaires. Avant, les gens donnaient leurs noms et c’est tout. Ils voulaient à peine être en photo sur les affiches et ne voulaient pas parler à la presse. Aujourd’hui, alors que nous sommes aux portes du pouvoir, je veux des gens sur qui on peut compter, des personnes investies, militantes.»

Si le RN exclut Marie-Laure Duchanoy, le parti de Marine Le Pen devra relancer la chasse aux candidats, une denrée rare, tellement rare...

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