Saint-Claude : “On est toujours dans le brouillard”, la fonderie MBF a de nouveau deux possibles repreneurs

Placée en redressement judiciaire le 4 novembre 2020, la fonderie du Haut-Jura emploie près de 300 personnes. Un comité central d’entreprise extraordinaire s’est déroulé ce 2 mars.
 

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Face aux élus et la direction, l’administrateur judiciaire a fait le point sur l’avenir du site MBF spécialisé dans la production de pièces automobiles pour les moteurs hybrides.

Le tribunal de commerce avait donné un nouveau délai au 1er mars minuit pour que d’éventuels repreneurs se fassent connaître.

Fin janvier, deux repreneurs avaient déposé des lettres d’intention de reprise. Parmi eux, une filiale du fonds d'investissement américain Secko, qui souhaitait reprendre 167 personnes sur 266. Le second projet de reprise venait d’un concurrent français le groupe GMD. Les deux potentiels repreneurs n’étaient pas allés au bout de leur démarche. Ils s’étaient retiré faute de garanties suffisantes sur les commandes des constructeurs automobiles, avait-on appris de source syndicale. 

Qui sont les deux repreneurs possibles ?

Ce 2 mars, les syndicats confirment que le groupe Secko qui possède depuis 2010 une fonderie à Niederbronn en Alsace est toujours dans la course. “Le groupe est venu sur le site la semaine dernière, il demande un délai supplémentaire” explique Yael Nalcin, élu CGT. “L’autre lettre d’intention émane de l’actionnaire italien de MBF, avec un plan de continuité qui n’est pas quantifié” ajoute le syndicaliste. “Mieux vaut avoir deux lettres d’intention, mais cela ne veut pas dire qu’il y a aura des offres de reprise. Il faut rester prudent, la pérennité du site reste en suspens” lance Mr Nalcin. Le tribunal de commerce de Dijon fera un nouveau point sur le redressement judiciaire de MBF le 3 mars et devrait en toute logique donner un délai supplémentaire, en espérant voir se concrétiser une offre de reprise dans un bassin d’emplois du Haut-Jura déjà fragile. 

Le tribunal dijonnais a décidé d’une poursuite d’activité de MBF, et une prochaine audience est prévue au 31 mars avec une date limite des dépôts d’offre pour le 29mars et un CSE extra le 30 mars.

 “Les décideurs de l’avenir de MBF restent les constructeurs français. Cela fait plusieurs fois qu’on demande une table ronde à l'administrateur judiciaire avec les constructeurs” regrette l’élu.

Car le nerf de la guerre dans cette reprise, c’est le carnet de commandes qui peut être assuré pour le futur repreneur.

Une fonderie fragilisée par la baisse du carnet de commandes de Renault

Si l’entreprise MBF est aujourd’hui en difficulté, c’est principalement pour deux raisons. Entre 2017 et 2019, elle a investi 14 millions d’euros pour moderniser l’outil de production et produire les carters d’embrayage des véhicules hybrides de Renault. Le diesel gate, la baisse des ventes de véhicules neufs, la crise du covid sont passés par là. Le constructeur français Renault, qui devait commander 350.000 pièces par an, a revu ses commandes à la baisse avec 130.000 pièces seulement par an. Pour nous, c’étaient des énormes perspectives d’avenir, 14 millions d’euros de chiffres d'affaires annuels, et aujourd’hui on va en faire 5 millions par an” déplorait il début février au micro de France 2 Adeline Munolaro, directrice du site MBF.

Autre signal inquiétant, ce rapport commandé par l’Etat. Il conclut que, seules les plus grosses fonderies s’en sortiront à l’avenir au niveau européen. Cette étude du secteur de la fonderie automobile en France, diligentée par la Direction générale des entreprises (DGE), a été rendue en juin 2020 à tous les acteurs de la filière, mais également aux différents ministères chargés de l’industrie et de l’économie (aux Cabinets d’Agnès Pannier-Runacher et Bruno Lemaire). Le rapport pointe la possibilité de sauver l’entreprise MBF, mais en sauvegardant seulement la moitié des effectifs. Au total, 150 emplois pourraient disparaître, selon ce rapport.

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