Et dire que « Lancôme » a failli s’appeler « Saint-Loup » ! Son créateur, Armand Petitjean est né, en 1884, dans ce bourg de Haute-Saône auquel il est resté très attaché. Sa ville lui consacre une exposition, histoire de mieux faire connaissance et de prendre exemple… En attendant un musée ?
« Armand Petitjean, l’élégance à la française » : c’est le titre de l’exposition qui lui est consacrée au Château Bouly dans la commune qui l’a vu naître, Saint-Loup-sur-Semouse.
Déjà un mot sur cette demeure construite, au milieu du 18 ème siècle, par un maître de forge car Saint-Loup a connu son heure de gloire industrielle. Le château Bouly, modèle du genre classique de cette période, s’élève tout en élégance et équilibre. Tour à tour demeure privée, maison de retraite et aujourd’hui nouveau lieu prestigieux d’exposition. Avec, pour sublimer les lieux le temps de cette exposition, une décoration florale qui apporte une touche discrète et indispensable à l’ensemble.
De fleurs en parfums
L’exposition retrace le parcours de cet homme, fils d’un distillateur de Saint-Loup orphelin de père très jeune, qui fait du commerce en Amérique du Sud, revient pour s’engager dans la Première Guerre Mondiale, puis devient directeur commercial d’une célèbre maison de parfumerie, la maison François Coty. A la mort de ce dernier, Armand Petitjean s’est découvert « nez » et fonde donc sa propre maison. Ce sera Lancôme créé en 1935. Lancôme et pas Saint-Loup… il aurait, parait-il, hésité entre les deux noms !
De salle en salle, photos, souvenirs de famille, flacons, affiches publicitaires nous plongent dans cette période d’avant et d’après-guerre. Lancôme est devenu synonyme d’élégance, de luxe, une « french touch » avant l’invention de l’expression.
A ne pas manquer : la dernière salle. Des essences qui servent de base aux futurs parfums peuvent être senties. « Rose » est un délice !
La maison Lancôme et la famille d’Armand Petitjean ont largement contribué à la richesse de cette exposition, montée par des bénévoles de la commune. L’une de ces bénévoles raconte : « Armand Petitjean a lancé 5 créations dès 1935 et a participé à l’exposition universelle de Bruxelles. La maison Lancôme nous a fourni ces 5 flacons factices de « Conquête », « Kypre » ou encore « Tendres nuits ». Aussitôt, le succès a été immédiat. Très novateur, il a ouvert une école pour former des « techniciennes ». En fait, ces jeunes femmes esthéticiennes ont été envoyées dans le monde entier pour vendre ses produits de beauté, comme Nutrix, une crème nourrissante, ou ses parfums. Ainsi, il a conquis les femmes de tous les continents.»
Les descendants d’Armand Petitjean ont prêté de nombreux objets comme des malles de voyage, l’herbier de l’épouse d’Armand, Nelly, ou encore des photos de famille.
Vers un musée Armand Petitjean ?
Cette commune souffre de la mondialisation, de la désindustrialisation. Même si l’entreprise de meubles Parisot, après des difficultés, reprend son développement, le taux de chômage y est très important, près de 30 %. Le maire de Saint-Loup-sur-Semouse, Thierry Bordot, veut que cet homme, sa personnalité, son parcours, servent d’exemple : « Ce gamin de Saint-Loup, de la rue des jardins, est un personnage inspirant. On ne doit pas faire de complexes. On doit justement s’inspirer de ce genre de parcours pour faire ce qu’on a envie de faire. »
Cette exposition temporaire, ouverte que le dimanche, était un coup d’essai. La maison Lancôme et les descendants d’Armand Petitjean ont déjà répondu présents à cette initiative lancée par le maire. Avec d’autres partenaires, comme les distillateurs de Fougerolles, la verrerie de Passavant-la-Rochère, des créateurs de flacons, Thierry Bordot espère aller plus loin. Pourquoi ne pas créer un musée, interactif, tourné vers les senteurs ?
Un musée Armand Petitjean, comme un retour aux sources…
Reportage sur l'exposition qui a été prolongée, compte tenu de son succès : plus de 1500 personnes l'ont déjà visitée.
Dans la série "Ils ont fait l'histoire", Florence Cicolella avait retracé le parcours d'Armand Petitjean :