Saône-et-Loire : la direction d'Honeywell Saint-Forgeot accusée d'avoir écarté des repreneurs potentiels volontairement

Nouveau coup dur pour l'emploi dans le secteur d'Autun, en Saône-et-Loire. L'entreprise américaine Honeywell va fermer les portes de son usine de Saint-Forgeot au 1er septembre, alors que deux repreneurs potentiels avaient déposé des offres. Une cinquantaine d'emplois sont concernés.

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Les salariés d'Honeywell à Saint-Forgeot, près d'Autun en Saône-et-Loire, ont appris lundi 31 mai la fermeture prochaine de leur usine, où sont fabriqués des gants de protection électrique sous la marque Electrosoft. Une cinquantaine d'emplois vont disparaître.

L'annonce de la fermeture est un coup de massue pour eux. "Honeywell a pris tout ce qu'il y avait à prendre. Ce ne sont que des actionnaires. Les salariés, ils s'en moquent. Le savoir-faire, ils s'en moquent. Ils prennent et ils jettent", dénonce Aurélie Gobert, salariée et élue CGT.

Le groupe avait annoncé en janvier dernier vouloir stopper sa production de gants de protection électrique à Saint-Forgeot, en raison selon lui d'"une baisse significative de la demande". Ces dernières semaines, deux offres de reprise ont été reçues. Mais elles n'ont pas été retenues par Honeywell.

Dans la commune, l'annonce de la fermeture ne passe pas non plus. Ici, nombreux sont ceux à avoir un lien particulier avec l'usine. "Ça m'a fait de la peine parce que j'y ai fait toute ma carrière. J'y suis rentrée à 17 ans et j'en suis ressortie à 59. J'y ai trouvé mon mari et pour nous, c'était notre vie", témoigne une habitante.

"Des méthodes de voyous"

Le député LREM de la troisième circonscription de Saône-et-Loire Rémy Rebeyrotte a des mots très durs à l'encontre de la direction de l'entreprise, qui selon lui "utilise des méthodes de voyous". Il ne comprend pas le rejet des offres de reprise, alors qu'elles étaient "abouties et de grande qualité", selon lui. 

"Cette annonce nous a tous cueillis. Dans notre esprit, il était clair qu'Honeywell cherchait des repreneurs parce qu'ils l'avaient annoncé [...] Et puis tout à coup, on s'est aperçus que tout cela n'était en fait que de l'esbroufe et qu'Honeywell cherchait à gagner du temps, à faire naître des espoirs pour ensuite les doucher", poursuit l'ancien maire d'Autun.

Je le dis très clairement. Ces gens-là sont des voyous qui utilisent des méthodes de voyous. Ils l'ont fait déjà sur d'autres territoires en France. Et ils nous juraient la main sur le cœur que ça n'était pas le cas à Saint-Forgeot en Saône-et-Loire. En réalité, les voyous n'ont pas changé.

Rémy Rebeyrotte, député LREM de Saône-et-Loire

Des offres de reprise "écartées sans réel dialogue"

Le préfet du département a également dénoncé l'attitude de l'entreprise dans un communiqué daté du 31 mai. "Si la qualité des offres pouvait se parfaire, la direction d’Honeywell les a écartées, sans réel dialogue avec les porteurs de projets de reprise et sans véritable volonté de les faire évoluer, ce qui interroge sur sa réelle volonté, dès le début de la procédure, de passer le relais industriel à d’autres investisseurs", a-t-il écrit.

Le député Rémy Rebeyrotte compte interroger prochainement le gouvernement au sujet d'Honeywell à l'Assemblée nationale. Car il craint que l'entreprise agisse de la même manière ailleurs en France, alors qu'elle a déjà fermé un site qui produisait des masques à Plaintel en Bretagne en 2018. "Je pousse un véritable cri d'alarme vis-à-vis de groupes – il y en a peu – qui ont ce type de comportement. Nous devons les dénoncer, nous devons les condamner."

L'élu indique par ailleurs qu'il n'écarte pas de mener "une action au pénal au nom du territoire". Il rappelle également que l'entreprise devra "dépolluer entièrement le site" et être "à la hauteur du PSE [Plan de sauvegarde de l'emploi] pour les salariés" pour qu'ils bénéficient d'un reclassement dans de bonnes conditions. Honeywell dispose d'un autre site en Saône-et-Loire à Sevrey, près de Chalon-sur-Saône.

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