En Bourgogne-Franche-Comté, comme dans beaucoup d'autres régions de France, le Rassemblement National a été plébiscité par les électeurs. Des scores qui s'expliquent souvent par une fatigue à l'égard des sortants et une détestation du président de la République, selon le politologue Dominique Andolfatto.
27 sièges de députés à pourvoir en Bourgogne-Franche-Comté. Et 22 candidats du RN et ses alliés en tête dans les circonscriptions de notre région. Avec même deux députés du Rassemblement National réélus dès le premier tour. Des résultats historiques pour le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen. Mais est-ce vraiment une surprise ? Comment expliquer cette vague de fond ?
Dominique Andolfatto est professeur de sciences-politiques à l'Université de Bourgogne (uB). Il répond aux questions de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
Avec 21 candidats du RN en tête en Bourgogne-Franche-Comté, la soirée est-elle parfaite pour le Rassemblement National et ses alliés ?
Dominique Andolfatto : Le RN est en très forte progression en tout cas. Dans certaines circonscriptions, ses candidats doublent les scores des législatives de 2022. Ce qui fait que pour la seule Bourgogne par exemple, 5 ou 6 circonscriptions pourraient tomber dans l'escarcelle du Rassemblement National. Il y a déjà deux députés élus dès le premier tour (NDLR : Julien Odoul dans l'Yonne, Emeric Salmon en Haute-Saône). On n'a jamais vu une telle situation !
Pour s'opposer à une dynamique, il faut en créer une autre ailleurs.
Dominique Andolfattoprofesseur de sciences-politiques à l'Université de Bourgogne (uB)
Comment l'expliquer ?
D.A : Quand 2 élections se suivent de si près, la deuxième élection est toujours une élection de confirmation. Comme la présidentielle et les législatives. Est-ce que c'est un vote sanction ou un vote d'adhésion ? C'est encore difficile à trancher. Il y a une volonté de changement, une détestation du président de la République. Beaucoup d'électeurs veulent éprouver une nouvelle coalition, le RN en parti de gouvernement. Il y a aussi une fatigue à l'égard des sortants, même si certains tirent bien leur épingle du jeu comme Didier Paris (majorité présidentielle) dans la circonscription de Beaune.
Je veux aussi souligner la remontée de la participation, qui regagne plus de 20 points, avec 7 Français sur 10 qui votent. On retrouve des scores comparables à ceux des années 80 et 90.
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Les désistements peuvent-ils faire la différence ?
D.A : Il y a la stratégie d'un vaste "front républicain" qui commence à se mettre en place. On l'a vu dès ce dimanche soir, en Côte-d'Or ou dans la Nièvre. Mais pour autant, compte tenu de l'ampleur du score, pas certain que cela suffise à faire barrage au RN. Car la dynamique est là, du côté du RN. Et pour s'y opposer, il faut en créer une autre ailleurs. Vu les relations entre une grande partie de la gauche et la majorité présidentielle, vu les tensions, le mariage de circonstance pourrait-il fonctionner ? Pourrait-il convaincre ? Il est permis d'en douter.