En novembre 1990, Carole Soltysiak est assassinée près de Montceau-les-Mines. Le meurtre de la jeune femme de 13 ans reste non élucidé à ce jour, malgré plusieurs mises en examen. Mais en cette fin avril, de nouvelles analyses laissent entrevoir une lueur d'espoir.
Qui a assassiné Carole Soltysiak ? 34 ans après, l'affaire reste un mystère. Pour rappel, en novembre 1990, l'adolescente de 13 ans est retrouvée morte dans un bois près de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Deux hommes sont mis en examen depuis plus de 20 ans, mais aucun procès n'a jamais eu lieu.
Mais l'affaire pourrait s'accélérer dans les prochains mois. La juge en charge du dossier est venue fin avril en Saône-et-Loire pour faire le point sur l'enquête. "Mme Khéris a fait le déplacement pour visualiser l’endroit de l'enlèvement en compagnie d'enquêteurs. Elle a collecté des témoignages et des objets d’intérêts qui n’avaient pas été analysés à l’époque", précise l'avocat de la famille Soltysiak, qui souhaite rester anonyme.
On attend des éléments de réponse pour envisager peut-être un procès.
Avocat de la famille
La juge a entendu les témoins de l’époque, et également la famille de la victime. Des examens génétiques ont également été réalisés pour dire si les deux hommes mis en examen étaient présents sur les lieux ou pas, et si d’autres personnes sont impliquées. "On sait qu'il y a une pluralité d'auteurs. On pense à deux personnes et plus", ajoute l'avocat.
En 2005, la mère de la victime a rejoint l’association Christelle, qui regroupe les familles des “disparues de Saône-et-Loire". Marie-Rose Blétry, présidente de l'association, se réjouit aujourd'hui de cette avancée. "La famille est très satisfaite. C’est vraiment porteur d’espoir pour elle et l’association qui se bat depuis 34 ans. Le fait d’avoir envoyé les dossiers à Nanterre, c’est porteur d’espoir pour nous tous."
"La famille attend le procès", ajoute-t-elle. "C’est quand même incroyable qu’il ne se soit rien passé en 24 ans. Il est temps que la justice agisse pour qu’il y ait un procès."
Un meurtre vieux de 33 ans
Le 17 novembre 1990, un chasseur tombe sur le corps de Carole Soltysiak, 13 ans, dans le bois de Rozelay. La victime est “dénudée, avec quatre plaies sur le thorax. Son corps est partiellement calciné, elle a une sangle autour du cou, et elle a été violée”, précisait en 2022 Claude Jeanguenin, l’enquêteur chargé de l’enquête par le passé.
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Un poil masculin est découvert sur le corps de la victime, des traces de gasoil et un "alcool de bouche.” Mais les techniques scientifiques de l’époque ne permettent pas d’identifier l’homme dont provient le poil.
En 2000, une nouvelle piste apparaît, avec deux nouveaux suspects. “Laco” et “Le sphinx”, de leurs surnoms. “Ce sont des jeunes de Montceau", notait en 2022 le major Jeanguenin. "Ils font partie d'une bande qui squattait une ferme, la ferme du Rozelay, qui s'avère être située à 300 mètres du lieu de découverte du corps."
Un suspect "obsédé" par l'affaire
Les deux hommes vivent alors toujours dans la région. L'un des deux semble comme "obsédé" par cette affaire lorsqu'il en parle aux autorités : "Il en parle souvent et, tous les ans en novembre, il pleure, comme s'il avait un fardeau", racontait l’enquêteur.
Ce dernier finit par emmener "Le sphinx" sur place, au dernier endroit où a été vue Carole. “On arrive dans le quartier du Vernois et il s'arrête, à 10 mètres près, là où le petit copain de Carole l'a laissée. Il me dit qu'il avait une bouteille de whisky dans sa voiture et qu'ils sont partis dans un bois."
“Le sphinx” déclare qu’il a mis de l’alcool sur le corps de la victime “pour que le feu prenne.” “Or, qui pouvait savoir, à ce moment-là, qu'on avait découvert de l'alcool sur le corps ? Personne”, ajoutait Claude Jeanguenin.
Des aveux qui permettent à l'époque de mettre en examen les deux suspects. Mais ces derniers sont internés dans des centres spécialisés, présentant des profils psychologiques fragiles. Ils finissent même pas revenir sur leurs déclarations, et déclarent ne pas avoir tué Carole Soltysiak.
34 ans après les faits, “Laco et “Le sphinx” restent mis en examen, mais il n’y a jamais eu un seul procès. En 2022, le pôle "cold case" de Nanterre nouvellement créé s'empare donc de l'affaire Soltysiak.