Contrôle technique obligatoire des deux-roues : "on ne roule pas avec des épaves, ils veulent faire de l'argent !"

Tout d'abord reporté puis ensuite suspendu par le gouvernement, le contrôle technique des deux-roues va être mis en place en France comme c’était initialement prévu, au 1er octobre 2022. Une nouvelle qui n'enchante pas nombre d'usagers.

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C'est une nouvelle qui ne va pas plaire aux usagers des deux roues, mais qui satisfait les associations environnementales : le contrôle technique des deux roues va devenir obligatoire au 1er octobre 2022, pour les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2016.

Une victoire pour les associations environnementales

La décision est venue du juge des référés du Conseil d’Etat, qui a statué mardi 17 mai en rendant obligatoire au 1er octobre 2022 le contrôle technique des véhicules deux roues de plus de 125 cm3. Les voitures sans permis sont aussi concernées.

Devant la levée de boucliers des motards l'été dernier, le gouvernement avait d'abord reculé la date d'entrée en vigueur au 1er janvier 2023, puis avait ensuite suspendu jusqu'à nouvel ordre la mesure. 

En réaction, plusieurs associations environnementales (Ras le Scoot, Paris sans voiture, Respire) avaient saisi le Conseil d'Etat pour fustiger cette annulation. Maintenant, le juge des référés du Conseil d'Etat a tranché, et les associations comme "Respire" (Association Nationale pour la Préservation et l'Amélioration de la Qualité de l'Air) saluent la décision :

Tony Renucci, président de l'Association Respire, exprime sa satisfaction : "c'est une action que nous voulions. Il faut savoir que le parc de deux roues, c'est 2,9 millions de véhicules qui est vieillissant, d'une moyenne d'âge de 12,5 ans, qui est une source d'accidentalité, qui est une source de pollution atmosphérique et de pollution sonore. Quand ces engins ne sont pas aux normes et sont débridés, c'est pour cela qu'il fallait agir et ne pas reculer sur cette mesure."

Les motards sont partagés

Des motards de Mâcon ont été interrogés sur le sujet, ils demeurent partagés sur le sujet. Pour Jean-Michel, ce contrôle sera bénéfique, mais... "c'est toujours le problème des véhicules. Il y a toujours des véhicules qui ne répondent pas aux normes de sécurité, mais une fois de plus, c'est une occasion de récolter de l'argent de façon systématique, auprès du citoyen français."

Pour Serge, son avis est plus catégorique : "Une moto, on l'entretient comme il faut ! On ne roule pas avec des épaves ! Ils veulent faire de l'argent !"

Professionnels et associations sont sceptiques 

Pour les concessionnaires moto, la mesure est peut-être "inutile". Jocelyn Lécuelle, concessionnaire et réparateur de motos à Charnay-lès-Mâcon estime aussi la mesure précoce : "C'est un peu tôt pour tout mettre en place, il faut du temps. C'est trop tôt pour que tous les contrôleurs techniques soient formés. Ils sont peu ou pas équipés. La profession ou la réparation des motos n'est pas encore informée de ce qui va se passer. Tout est un peu confus."

Le réparateur estime que ce contrôle n'est pas adapté à la réalité, car la plupart des motards sont "responsables" et entretiennent leur véhicule. De plus, c'est dans l'organisation du contrôle que le réparateur estime qu'il y a une faille : "Tel que c'est prévu, c'est une bonne idée, mais mal appliquée. Ça risque d'être quelque chose de décalé par rapport à la réalité. Un contrôle technique moto, il devra systématiquement se passer par un contrôle routier, ce qui ne se fait pas en voiture. Aujourd'hui, est-ce qu'un contrôleur technique sera en capacité de rouler avec une moto, est-ce qu'il sera formé ? Les contrôles gratuits que nous proposons avant la saison de roulage, là, on va les faire payer. Pour ma part, cela ne changera pas, on continuera de les proposer."

La Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) militait contre ce contrôle technique, en prônant des contrôles routiers et la pédagogie, mais pas la répression. Christian Allaume, coordinateur adjoint de la FFMC de Saône-et-Loire, fait part de sa déception : "on a travaillé auparavant avec le Ministère des Transports pour des mesures alternatives de ce contrôle technique. Un motard sérieux, il contrôle déjà son véhicule régulièrement. Il n'a pas besoin de payer en plus, pour un contrôle en plus ! Par ailleurs, la moto est un outil qui fluidifie la circulation, qui pollue moins, on a privilégié l'interfile !" 

Les motards ne comptent pas en rester là. La Fédération de Saône-et-Loire appelle à une mobilisation dès la fin du mois.

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