"On trouve ça complètement débile", 500 motards manifestent à Dijon contre la réforme du contrôle technique

Les motards sont en colère contre la réforme du contrôle technique qui pourrait imposer une révision régulière des deux et trois-roues motorisés à partir de 2022. Près de 500 d’entre eux ont manifesté ce samedi 10 avril à Dijon.

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Ils ont fait vrombir leurs moteurs ce 10 avril. À l’appel de la Fédération française des motards en colère (FFMC), plus de 500 motards de Côte-d’Or ont manifesté dès 13h30 à Dijon pour exprimer leur colère contre la réforme européenne du contrôle technique qui pourrait imposer une révision périodique de leurs engins à partir de 2022.

À l’heure actuelle, les utilisateurs de deux et trois-roues motorisés ne sont pas soumis à l’obligation de réaliser un contrôle technique régulier. Mais avec la directive de l’Union européenne votée au parlement européen le 25 février dernier, les propriétaires de moto et scooters devraient faire vérifier leurs bolides à intervalle régulier.

Les motards déjà attentifs à l'état de leurs bécanes

"On trouve ça complètement débile, c’est absurde", exprime Romain Patte, qui roule à moto depuis l’âge de 16 ans. Pour ce Dijonnais, la mesure n’a aucun sens, les motards prenant déjà toutes les précautions nécessaires pour assurer leur sécurité. "Tous ceux qui font de la mécanique sur les motos sont respectueux, ce n’est pas fait n’importe comment. On est obligés de faire attention à notre propre sécurité. Notre seule protection, c’est notre manteau et notre casque".

On n’est pas inconscients au point de rouler sur des motos qui ne sont pas sécurisées.

Romain Patte, motard

La mesure a été proposée dès 2012 par la Commission européenne pour réduire les accidents, la pollution et le bruit. D’après des chiffres de l’institution, 22 800 personnes sont mortes, et 135 000 personnes ont été gravement blessées en Europe suite à des accidents causés par des motos ou scooters mal entretenus durant l'année 2019.

0,3% des accidents dus à une défaillance technique

Des données réfutées par la FEMA, Fédération européenne des associations de motards. Dans un rapport, elle estime que seuls 0,3% des accidents de deux-roues motorisés sont causés par une défaillance technique. La vitesse excessive, l’inexpérience ou le mauvais état des routes seraient les principaux facteurs des chocs graves.

Quant aux modalités de ces révisions régulières, elles restent encore à définir. "Aux dernières nouvelles, ce serait un contrôle visuel. Sauf que chaque matin quand on prend une moto, on le fait. On l’apprend quand on passe le permis moto", souffle Florian, coordinateur de la FFMC en Côte-d'Or.

Un intérêt financier ?

Dans le détail, les contrôles techniques se feraient tous les deux ans pour les engins de plus de 4 ans, et seraient obligatoires avant une revente. Les propriétaires de deux et trois-roues devraient alors faire vérifier les freins, l’éclairage, les pneus, la direction ou encore la structure de cadre de leur véhicule. Le tout pour un coût de 60 à 70 euros d’après la FFMC.

Pour les motards, la manne financière et la potentielle hausse des ventes de motos que pourraient représenter ces contrôles techniques explique la volonté de l’Union européenne de les rendre obligatoires. D’autant plus que certains chiffres sur lesquels se base l'Union européenne pour justifier la mesure ont été fournis par des études de Dekra, le leader mondial du contrôle technique.

C'est un pompe à fric sur le dos de la sécurité routière.

Florian, coordinateur de la FFMC21

Certains y voient une histoire de lobbying et de conflit d’intérêts. "La sécurité routière n’est pas à vendre ou à acheter !", clame le coordinateur de la FFMC dans le département. Opposée au projet, l'Assemblée nationale française avait réussi en 2020 à faire repousser l'entrée en vigueur de la mesure de 2 ans.

Au niveau européen, la décision doit encore être ratifiée par le parlement, puis une directive devra être rédigée par la Commission européenne. Ajouté à cela le temps que devront mettre les centres de contrôle technique pour s'équiper, la mesure pourrait ne pas être effective au 1er janvier 2022.

La manifestation organisée ce 10 avril à Dijon fait écho à un mouvement national. Plusieurs autres rassemblements sont ainsi organisés à travers la région ce samedi, notamment à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), à Auxerre (Yonne), à Mâcon (Saône-et-Loire) ou encore à Besançon (Doubs).

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