Abandonné depuis 2008, l'ancien sanatorium de Bergesserin, près de Mâcon, s'apprête à vivre une deuxième vie. La communauté de communes du Clunisois veut en faire un lieu de rencontres dédié à l'artisanat et au spectacle. Ce week-end, des bénévoles ont commencé à déblayer les lieux.
C'est un immense ensemble de 15 000 m² qui surplombe le village de Bergesserin, en forêt du Clunisois : le sanatorium, construit entre 1932 et 1946, à l'origine pour accueillir les malades de la tuberculose. Son emplacement, perché à 500 m d'altitude et exposé plein sud, garantissait à l'époque de bonnes conditions de rétablissement aux pensionnaires. Définitivement abandonné en 2008, il est depuis ouvert aux quatre vents.
Le "cri d'alerte" de la maire de Bergesserin, déclencheur du projet
Depuis 14 ans, les patients ont été remplacés par une foule de visiteurs : passionnés d'urbex, simples curieux, mais aussi graffeurs et casseurs. Résultat : le bâtiment s'est dégradé, au grand dam des habitants des alentours. Mais ce sera bientôt de l'histoire ancienne. Ce week-end, des dizaines de volontaires se sont réunis sur place pour commencer le long déblayage du site.
Un projet est soutenu par la communauté de communes du Clunisois, que préside Jean-Luc Delpeuch. "Ce qui a déclenché une réaction, c'est le cri d'alerte d'Edith Legrand, la maire de Bergesserin qui, un jour, lors d'une cérémonie, a vraiment exprimé une inquiétude, une lassitude... On était plusieurs à penser la même chose."
"Moi, ça fait longtemps que ce lieu m'obsède. Quand j'étais petit, je venais y jouer, c'était tout à fait différent."
"Du coup, on s'est dit : il faut y aller. Même si ça paraît hors de mesure vu la petite taille de notre territoire. On est adepte des méthodes dites "non conventionnelles", on s'est dit : s'il y a de la volonté, il y aura des solutions", raconte Jean-Luc Delpeuch.
Un lieu de culture et d'habitation qui ne nécessitera pas de nouvelle construction
Le projet : faire du sanatorium un lieu de rassemblement avec pour thématique l'artisanat d'art, le spectacle, le cirque. "Pour l'instant, c'est un nom provisoire, mais on l'appelle la maison de la transmission du geste. Dans ce lieu, on pourra créer, se rencontrer, expérimenter de façon complètement transversale", explique Jean-Luc Delpeuch.
La communauté de communes espère donc accueillir des artistes, peut-être aussi l'école d'architecture de Paris-La Villette qui se dit intéressée pour y conduire des travaux. Elle souhaite que le sanatorium devienne "un lieu de vie, qui permettra de faire venir des gens plus jeunes".
"On est sur un lieu stratégique, pas loin de la RCEA mais en même temps un peu retiré, avec un paysage magnifique."
À l'heure de l'artificialisation des sols, alors que d'innombrables constructions sont accusées de dénaturer les paysages, l'existence du sanatorium permettrait de créer des logements, sans pour autant empiéter sur la nature. "Le Clunisois a toujours été une terre d'accueil. Quand on a un potentiel pareil, 15 000 m² couverts, on se dit que c'est génial : on va pouvoir continuer à accueillir, sans artificialiser davantage."
La communauté de communes n'est pas encore propriétaire du sanatorium
Pour l'instant, le sanatorium est toujours la propriété de l'hôpital. "Le conseil communautaire devra décider si oui ou non, on demande à l'établissement public foncier d'acquérir le lieu, pour qu'on puisse concrètement rentrer à l'intérieur. Tout cela nous donnera du temps pour monter un projet", détaille Jean-Luc Delpeuch.
Ensuite, il est prévu qu'une coopérative d'utilisateurs rachète le bâtiment à l'établissement foncier public. "L'achat, ce n'est pas le souci. L'important, c'est la remise en état. Mais là aussi, l'idée n'est pas de faire les choses de manière conventionnelle, d'un seul coup. L'idée, c'est d'aménager une petite partie de façon expérimentale, puis un autre, par étapes."
"Il y a deux jours, la présidente de région Marie-Guite Dufay est venue ici. Elle nous a dit : vous êtes en train d'inventer le monde de demain."
La communauté de communes prévoit d'aller chercher des subventions, auprès de la région mais aussi de l'Etat. Elle lorgne notamment sur le "fonds friches", cette enveloppe dédiée aux projets de réhabilitation des sites abandonnés. Jean-Luc Delpeuch espère aussi attirer des dons de mécènes, et pourquoi pas d'entreprises désireuses de s'installer sur place.