Taxi boy : un cavalier qui permet aux femmes seules de danser quand même

Comment danser la valse ou le tango quand on n’a pas de partenaire ? Il existe une solution, faire appel à un taxi-boy, un danseur qui permet aux femmes seules d’avoir un cavalier le temps d’une danse ou deux.
 

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Francis Pautrat est agriculteur à Lain, dans l’Yonne, où il exploite une petite ferme céréalière, celle où il est né. Cela fait 20 ans qu’il est aussi paysagiste et depuis 8 ans, il travaille avec son fils.
Mais, en plus de toutes ces activités, il a une autre passion, la danse de salon qu’il partage en faisant danser les dames qui n’ont pas de cavaliers pour aller au bal. Il est taxi-boy ou taxi-danseur.

Tout cela n’a bien sur rien à voir avec un escort-boy !

Un taxi-boy est un danseur qui permet à des femmes non accompagnées d’avoir un cavalier pour danser quand même.

Ces dernières années, face au regain d’intérêt pour les thés dansants et les bals, les organisateurs font de plus en plus souvent appel à eux. Cette activité qui a connu son apogée dans l’entre-deux-guerres, pour divertir les veuves de guerre, avait disparue. Aujourd'hui, elle revient au goût du jour, surtout en région parisienne. Dans l’Yonne, selon Francis ils sont trois ou quatre.

Pour Francis, tout a commencé il y a cinq ans lorsqu’une association qui organise des bals, à Bitry dans la Nièvre, fait appel à lui.

"Il y avait beaucoup de dames seules assises sur les bancs. La responsable de l’association m’a contacté pour les faire danser et cela m’a tout de suite plu." 



Pour une après-midi, elles retrouvent leur 20 ans



Le bouche à oreille aidant,  de nombreuses associations de la région font appel à lui pour faire danser les femmes seules, le plus souvent d’un certain âge.  Il devient une figure incontournable des bals et thés dansants de l’Yonne et de la Nièvre.

Le tango, la rumba ou le paso-doble sont des pas qui n’ont plus aucun secret pour lui, mais ce qu’il préfère, c’est entraîner sa partenaire dans une valse viennoise.

Mais Francis ne se contente pas de faire danser les femmes qu’il accompagne. Il les écoute, les rassure et quand elles ne savent pas bien danser, il se met à leur niveau pour les mettre en confiance.

"Je suis leur confident, le temps d’une danse elles oublient tout et, pour une après-midi, elles retrouvent leur 20 ans. Cela m’apporte beaucoup de communiquer avec elles." 

Être taxi-boy demande une bonne condition physique, il faut souvent danser plusieurs heures de suite.

"Chaque dame a droit à 2 danses. Quant à moi, il m’arrive de danser 5 heures de suite."

Mais la danse est aussi une activité qui réconforte et fait du bien au moral de Francis.
 

Faire plaisir aux gens me fait du bien 


Cela fait aussi du bien à celui de ses partenaires. Il se rappelle du moment émouvant qu'il a vécu lorsqu’il a fait danser une dame de 92 ans.

"Nous avons dansé très tranquillement, son visage est devenu radieux, ce moment avait une valeur considérable pour elle. C’était un moment de grâce ! A la fin, elle m’a embrassé pour me remercier."

Ce goût pour la danse Francis l’a toujours eu, il date de sa jeunesse dans les années 1970- 1980 où le disco était à la mode. En 2000, il assiste à l’anniversaire de son frère Joël, danseur de salon de compétition, qui avait invité tous ses amis danseurs. En les observant, Francis Pautrat est conquis et décide d’apprendre à danser.

"Quand on plonge dedans, on est pris et j’ai continué la danse à fond. J’en ai fait une des priorités de ma vie."

Pendant plusieurs années, il participe même à des compétitions nationales, puis s’arrête et devient taxi-boy.
Francis ne fait pas ça pour gagner sa vie. Il est défrayé par les associations qui font appel à lui. "Et  le plus souvent cela se termine autour d’un bon repas avec les organisateurs et les musiciens." 


Francis Pautrat est un taxi-boy très demandé. Mais, à 59 ans, il souhaite faire un break, sans pour autant s’arrêter de danser.

"J’ai beaucoup aimé ce que j’ai fait mais aujourd’hui j’aspire à autre chose. J’aimerais danser avec des personnes de mon âge qui savent bien danser."


Un parcours de vie qu’il partage avec nous dans l’émission 9h50 le matin en Bourgogne-Franche-Comté du jeudi 13 septembre 2018.
 
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