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Comme de nombreux éleveurs bovins, Nicolas Mazilly ne s’en sort plus. Alors que les charges augmentent, le prix payé aux producteurs diminue. Aujourd’hui, la situation est critique pour son exploitation de Côte-d’Or.
"On n’est pas considérés"
"On n’est pas considérés", c’est ainsi que Nicolas Mazilly résume la situation.
L’éleveur, installé à La Rochepot, en Côte-d'Or, a de plus en plus de mal à boucler ses fins de mois. Il est d’autant plus amer qu’il voit les bénéfices que d’autres font sur son travail. Il montre la photo d’un tournedos vendu au rayon boucherie d’une grande surface de l'agglomération de Dijon.
"Ils vendent ce tournedos 42,10 euros le kilo. Moi, ce morceau-là, je l’ai vendu 3,80 euros. Ca a de quoi énerver, car on se rend compte que notre produit est noble, qu’ils font une marge bénéficiaire exceptionnelle et que nous on n’est pas considérés."
"Une génisse comme celle-ci sera vendue 3,80 euros le kilo de viande", dit-il alors qu'il lui faudrait près d'1 euro de plus pour s'en sortir.
Le coût des aliments pour bovins ne fait qu’augmenter dans les coopératives. "En plus, après deux années de sécheresse, les prix du fourrage ont augmenté. Donc, c'est de plus en plus compliqué", explique-t-il.
Reportage d’Armandine Castillon, Damien Rabeisen et Noé Leduc avec Nicolas Mazilly
Un éleveur sur cinq est dans une situation difficile
L’éleveur de Bourgogne est loin d’être le seul dans ce cas.La filière voit disparaître 1 200 producteurs de viande bovine chaque année. "La situation économique a empiré en 2019 avec une estimation des revenus encore en baisse par rapport à 2018 et des prix payés aux producteurs qui n'augmentent pas", explique Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB).
"Un éleveur sur cinq est dans une situation difficile et c'est un chiffre qui ne cesse de croître", dit-il.
Alors que les négociations commerciales annuelles avec la grande distribution (qui représente plus de 50% des débouchés) doivent s'achever fin février, "la distribution n'a pas changé de comportement" et les demandes de baisses de tarif de la part de la distribution ressortent de 40 à 60 centimes le kilo, assure la Fédération nationale bovine.
"Notre objectif c'est qu'au Salon de l'agriculture (qui aura lieu du 22 février au 1er mars 2020), on soit dans une logique de création d'une association d'organisations de producteurs" pour réussir à jouer collectif et ainsi imposer des tarifs permettant de vivre aux éleveurs, face aux acteurs de l'aval de la filière, dit Bruno Dufayet.