C'est le leader français de la viande de boeuf. Bigard achète plus de la moitié de la production française. En Bourgogne, certains éleveurs dénoncent des couts d'achats trop bas qui s'apparente à du "vol" selon eux. Ils dénoncent les pratiques commerciales et l'opacité financière du groupe.
C'est le leader du marché de la viande bovine en France et en Europe. En Bourgogne, le groupe Bigard détient deux abattoirs : celui de Cuiseaux (Saône-et-Loire) et de Venarey-les-Laumes (Côte-d'Or). Depuis plusieurs années, le groupe breton est pointé du doigt par les éleveurs de viande bovine, accusé de ne pas payer les éleveurs au juste prix.
Pour la Confédération paysanne, la situation ne peut plus durer. Dans un communiqué de presse, le syndicat agricole s'attaque directement au PDG du groupe : "Jean-Paul Bigard se classe 152e fortune de France avec une fortune estimée à 550 millions d’euros, tandis que le revenu moyen des éleveurs de vaches à viande ne dépasse guère 1 000 €/mois, et que plus de 50 % touchent moins de 350€ /mois."
"Il nous vole"
Selon Emilie Jeannin, éleveuse à Beurizot (Côte-d'Or), le groupe Bigard profite de son statut de leader sur le marché de la viande bovine pour tirer les prix vers le bas. Aujourd'hui, les éleveurs vendent leur viande à perte : "entre 3,40 euro et 3,50 euro le kilo", alors que le coût de production ne fait qu'augmenter.En 2019, l'Interbev (Interprofession Bétail Viande) a en effet validé la méthode de calcul d'un indicateur de prix de revient en viande bovine. Cet indicateur prend en compte les coûts de production, ainsi qu'une marge minimum pour l'éleveur. Résultat : pour ne pas vendre à perte, un kilo de carcasse de vache allaitante devrait être vendu à 4,64 euro.
Bigard : hors la loi ?
Le 1er novembre 2018, la loi EGAlim (loi Agriculture et Alimentation) a été promulguée. Cette loi issue des États généraux de l’alimentation poursuit plusieurs objectifs, notamment celui de "payer le juste prix aux producteurs". Une loi qui prévoit aussi des sanctions en cas de non-respect de ces dispositions. Pourtant, un an après l'instauration du prix de revient, et la promulgation de la loi, rien n'a rien changé.Bigard, de par sa position de leader sur le marché de la viande bovine (N.D.L.R le groupe breton détient près de 50% du marché) est en position de force. Le groupe continuerait à faire la sourde oreille et ne vendrait toujours pas au juste prix. Une situation qui agace les éleveurs bovins : "Avant on savait que l'on perdait de l'argent, mais c'était de l'intuition. Aujourd'hui, c'est devenu un fait et chiffré : lorsque l'on vend notre viande à Bigard, on perd 1,20 euro par kilo. Ca s'appelle du vol." réagit Emilie Jeannin.
Une opacité financière
Le 2 septembre 2019, le Groupe Bigard dévoilait une partie de ses comptes sous la pression de l'association L214 - mais aussi de l'association franc-comtoise Lanceur d'alerte - qui l'avait assigné en justice pour tenir ses comptes secrets depuis 2013. Selon le greffe du tribunal de Quimper, une entreprise dispose de 8 mois pour déposer ses comptes après la clôture, c'est à dire fin août pour une entreprise qui clôt son exercice à la fin décembre comme Bigard.Selon les informations publiées sur Infogreffe, et reprises par le journal Les Echos, le groupe Bigard a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros (+2,9 %). Concernant ses filiales : le chiffre d'affaires de Socopa (produits carnés) est de 1,8 milliard d'euros (stable), tandis que Charal (boeuf) affiche des ventes de 866 millions d'euros (stable). Mais la Société Financière Bigard, basée à Rungis, n'a pas encore déposé ses comptes.
En ce qui concerne les résultats, le bénéfice net ressort à 51,9 millions d'euros (+24 % par rapport à 2016) pour Bigard, 25,5 millions (+17 %) pour Socopa et 20,1 millions pour Charal (stable sur un an).