Le site de General Electric à Belfort est bloqué depuis vendredi 24 juin par des salariés de l'entité nucléaire du géant américain qui protestent contre la non attribution d'une prime.
Les véhicules ne peuvent ni entrer, ni sortir mais les salariés peuvent aller sur le site, à pied, depuis la porte principale. Les ouvriers et techniciens de cette entité qui fabrique la turbine à vapeur Arabelle, destinée aux centrales nucléaires, n'ont pas perçu une prime de plusieurs milliers d'euros, versée à leurs homologues cadres en raison de la bonne dynamique des résultats financiers du groupe sur la deuxième partie de l'année 2021, selon un courrier interne.
"On est vraiment sur un problème de reconnaissance des êtres humains” résume Laurent Santoire, de la CGT. “Quand on arrive à trouver de l'argent, des jalons de sortie pour des cadres dirigeants, quand on dit qu’il y a eu des efforts exceptionnels, on considère que ces efforts ont été faits par tous et en particulier ceux qui produisent la turbine Arabelle et il y a une incompréhension à cette injustice" déplore le syndicaliste.
En réponse à ce blocage, la direction a assigné deux syndicalistes de la CGT au tribunal dont Laurent Santoire.
Une médiation entamée
En début de semaine, une médiation avait été entamée par les services de l'État du Territoire de Belfort. Les salariés réclamaient 5.000 euros de prime, une prime à la sortie de chaque équipement et l'embauche des intérimaires qui le souhaitaient avant la fin de l'année.
La direction avait accepté une prime pour tout le monde, de 150 euros, qui s'ajoutait aux 1.200 euros de primes obtenues au mois de janvier. "Ce n'est pas la peine d'ouvrir les négociations pour 150 euros. C'est terrifiant", dénonçait lundi Laurent Santoire, de la CGT.
"De gros efforts ont été consentis depuis janvier", répond de son côté une source proche de la direction, qui dénonce le mouvement "d'une minorité".
Le ton se durcit, deux salariés poursuivis en justice
Dans un communiqué mercredi, GE Steam Power demande "le déblocage du site afin que le dialogue puisse reprendre dans de bonnes conditions et de manière respectueuse".
Mais mardi soir, la direction avait accru la pression en assignant devant le tribunal la délégation départementale de la CGT, ainsi que deux membres du syndicat, Saïd Bersy et Laurent Santoire, dans le cadre d'une procédure de référé. Dans l'assignation, la direction sollicite la levée des entraves et "l'expulsion immédiate des défendeurs et de toutes autres personnes contrevenantes".
"Plus la direction durcit le ton, plus ça alimentera la colère", regrette Saïd Bersy.
Mercredi après-midi, les grévistes ont laissé sortir du site une turbine à gaz, pour "faire un geste". "On attend qu'il y ait un retour", relève Laurent Santoire. En France, GE Steam power systems compte 1.597 salariés, selon le groupe.
Une nouvelle réunion de négociations est prévue jeudi 30 juin. Avant l'audience au tribunal le lendemain.