Coup dur pour Belfort. Le groupe américain General Electric (GE) annonce au gouvernement qu'il ne tiendra pas son engagement de créer 1.000 emplois en France d'ici la fin 2018. Un engagement pris il y a quatre ans lors de l'acquisition de la branche énergie d'Alstom.

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Le nouveau PDG de GE, John Flannery, a expliqué au ministre de l'Economie Bruno Le Maire que son entreprise était "confrontée à un environnement difficile du fait de l'évolution défavorable de ses marchés historiques dans le secteur de l'énergie", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Dans ces conditions, le patron de GE a annoncé au gouvernement français que l'engagement pris par son groupe "lors du rachat des activités énergie d'Alstom de créer 1.000 emplois nets d'ici la fin de l'année 2018 était désormais hors d'atteinte".

Pour Michel Zumkeller, député du groupe Les Constructifs : républicains, UDI, indépendants dans le Territoire-de-Belfort. "Malheureusement, cette annonce n’est pas une surprise". Michel Zumkeller "tient à rappeler que cela fait des mois qu’il alerte les services de l’Etat sur cette situation alarmante". Le 5 juin, le député Zumkeller a alerté le gouvernement lors d'une question orale à l'Assemblée Nationale.

"Il semble en effet que le processus de réindustrialisation et de relocalisation se fasse au profit des sites américains du groupe : on apprend que les pièces sont même identifiées directement depuis les États-Unis, et non en France ! Les salariés ne sont pas les seuls à être inquiets : c’est également le cas des petites et moyennes entreprises sous-traitantes du groupe."

La réaction des élus LR du Territoire-de-Belfort ne s'est pas fait attendre. Ian Boucard, député, Cédric Perrin, sénateur, Florian Bouquet, président du conseil départemental et Damien Meslot, président du Grand Belfort et maire de Belfort, déclarent regretter la décision de GE de ne pas respecter les engagements pris et ils rappellent qu'à la fin avril, GE "n'aura créer que 323 emplois nets". 

Les élus du Territoire de Belfort ne veulent "rien lâcher".  Ils se retournent vers le Président de la République et au Gouvernement pour savoir "quelles actions ils entendent mener pour faire respecter la parole donnée".

Les élus craignent un avenir encore plus sombre. "La situation du marché du gaz dans le monde est inquiétante, précisent-il dans leur communiqué, GE a une forte surcapacité de production, ce qui risque à terme d’entraîner des restructurations."

et de poursuivre : 

Les élus du Territoire de Belfort demandent donc au Gouvernement d’anticiper ces évènements et de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver l’emploi à Belfort.

Dernière requête, les élus demandent à être reçus par le Ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, pour évoquer la situation du site de Belfort.


Ce rachat a été largement contreversé en 2014. Il a été reproché à Emmanuel Macron de n'avoir rien fait pour éviter les problèmes d'Alstom. L'actuel président de la république s'en défend en expliquant qu'Alstom n'avait jamais averti le gouvernement de son intention de fermer le site de Belfort. Selon le site d'information Mediapart, Emmanuel Macron s'est « privé de plusieurs moyens d'influencer les décisions stratégiques du groupe Alstom, surtout lors du rachat par le groupe américain General Electric de ses activités énergie – il a notamment refusé de se servir d'un décret, adopté en mai 2014, permettant à l'État de s'opposer à une prise de contrôle d'une entreprise française par un groupe étranger. Il a également donné à General Electric un avantage décisif dans les coentreprises détenues par les deux groupes ». Mais pour Emmanuel Macron,  faire usage de la commande publique est une "fausse piste sur le moyen et long terme".


Autre réaction, celle d'Arnaud Montebourg. L'ancien ministre de l'Economie s'est empressé de rappeler son opposition à cette acquisition il y a quatre ans alors que Emmanuel Macron venait de quitter ce poste à Bercy. Arnaud Montebourg a appelé, ce mercredi, le gouvernement à appliquer les amendes prévues pour le non-respect par le groupe américain des engagements sur l'emploi.  

"La parole des multinationales est lourdement dévalorisée par ce type de comportement", 

L'ex-ministre est aussi à l'origine du décret qui porte son nom sur les acquisitions de sociétés françaises par des groupes étrangers.  "Grâce à ce décret, nous avons pu fixer pour la première fois des amendes civiles en cas de non respect des emplois créés", a-t-il expliqué. "On peut dès lors appliquer ces amendes" qui s'élèvent à 50.000 euros par emploi net qui n'a pas été créé, a-t-il ajouté.

Le gouvernement actuel va-t-il faire appliquer ce décret ? 

M. Flannery a succédé l'an dernier à Jeff Immelt, qui avait mené à bien l'acquisition de la branche énergie d'Alstom en 2014. M. Le Maire a "regretté" cette décision et demandé au groupe américain de prendre "désormais toutes les dispositions nécessaires pour s'y conformer au mieux".

Le ministre a rappelé à M. Flannery que "les engagements qui ont été pris par GE (...) sont d'une grande importance pour le gouvernement, et qu'il se doit de veiller à leur concrétisation".
M. Le Maire a également demandé au PDG que des "perspectives claires soient données pour les années à venir à chacun des sites industriels de
GE en France, qui permettent d'assurer la pérennité de l'activité et des emplois associés".

GE a réagi peu après dans un communiqué, assurant qu'il continuerait 'à travailler en étroite collaboration avec le ministère de l'Economie et des Finances sur les engagements pris lors de l'acquisition des activités réseaux et énergie d'Alstom".

M. Flannery avait prévenu en novembre que la performance du pôle énergie d'Alstom, acquis en 2015 pour 13,5 milliards de dollars, était "très décevante" et s'était dit prêt à rencontrer Bruno Le Maire pour en parler.

GE avait obtenu le feu vert du gouvernement en juin 2014 pour racheter la branche énergie d'Alstom, comme le souhaitait le PDG du groupe français à l'époque Patrick Kron, au terme d'un bras de fer avec le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, qui avait à l'époque défendu un rapprochement avec l'allemand Siemens.

Dans la journée, les réactions à cette désengagement ont été nombreuses. A Belfort, ville où se trouve l'usine historique d'Alstom et une autre de GE qui compte 3.500 salariés, le Conseil départemental a approuvé une motion demandant "solennellement au gouvernement et au Président de la République, de prendre toutes les mesures nécessaires pour obtenir (de GE) le respect de l'engagement pris et de tout mettre en oeuvre pour garantir le maintien de l'emploi à Belfort".

Les syndicats ont également réagi à Belfort. "Le gouvernement est complètement asservi à ces grands groupes qui ne mettent plus de limites", a regretté Hélène Gonon, déléguée CFE-CGC chez GE.
"Le gouvernement plie à nouveau devant un grand groupe", a renchéri Francis Fontana, responsable syndical Sud. "On se sent trahi par le gouvernement qui renonce complétement à une stratégie industrielle et à au secteur stratégique qu'est l'énergie" conclut Dominic Thiriet
CGT. 


            
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