La tension pourrait bien monter sur le site d'Alstom, la direction vient d'envoyer ce matin un communiqué aux salariés expliquant que le site de Belfort devait arrêter sa production. Pour le député-maire Damien Meslot, ce communiqué est d'une "violence et d'un mépris inouïs".
Le mail a été adressé ce matin aux 9000 salariés des 12 usines Alstom par Henri Poupart-Lafarge, le PDG d’Alstom "pour expliquer le contexte" de sa décision. Ce texte a été rédigé ce week-end et le dirigeant confirme sa volonté d'arrêter la production ferroviaire sur le site belfortain, malgré les déclarations du président de la République de la veille.
Pour les représentants syndicaux , ce communiqué est une "provocation". Olivier Kohler, de la CFDT, estime que ce courrier est "déclaration de guerre" , "le bras de fer est engagé, poursuit le syndicaliste, la direction générale s'assoie sur la pression du gouvernement".
Le député du Doubs Frédéric Barbier( PS) parle aussi d'une "déclaration de guerre" . Dans un communiqué, l'élu précise que "Le gouvernement doit donc engager le bras de fer avec le PDG d’Alstom. Il doit le faire sans aucune concession, avec une extrême fermeté. Personne ne peut croire que ce site n’a plus aucun avenir et qu’il est devenu un boulet pour le Groupe. Rien n’est plus urgent que de faire un inventaire précis des marchés à venir en France et en Europe pour moderniser et développer le ferroviaire." et le député socialiste va encore plus loin en demandant une nationalisation :
"Après cette déclaration de guerre de la direction, l’État avec les élus concernés, les syndicats, les salariés doit élaborer un plan de développement dans le cadre des marchés à venir. Si nécessaire, l’État ne peut exclure aucune éventualité, y compris de prendre des parts supplémentaires au capital voire de nationaliser partiellement ou totalement le Groupe, car Alstom fait partie du patrimoine national et, constitue donc un bien public."
Joint par téléphone, le député-maire de Belfort Damien Meslot déclare que ce "communiqué est d'une violence et d'un mépris inouïs vis à vis des salariés et des élus et du gouvernement. Il est diffusé juste avant de nous recevoir ! Mais, poursuit-il, nous allons continuer à nous battre et à nous mobiliser...Cela démontre une volonté manifeste de ne pas préserver l’emploi en France et à Belfort."
La lettre de confirmation du départ de la filière traction #alstom envoyé au salariés ce matin par mail pic.twitter.com/yFXIF6XZx2
— Franck Menestret (@FranckMenestret) 13 septembre 2016
Voici un extrait de ce communiqué de la direction d'Alstom
Le site de Belfort est emblématique : des générations d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs se sont succédés dans ses murs. Et ont démontré, au plus haut niveau, leur savoir-faire.
Nous sommes tous profondément attachés à ce site. Malheureusement, il est aujourd’hui au centre des difficultés que rencontrent le ferroviaire français. Comme vous le savez, l’activité de Belfort repose sur la production de locomotives (fret et passagers) et de motrices TGV. Aucune locomotive n’a été commandée depuis plus de 10 ans à Alstom en France et la production des motrices TGV, non assurée après 2018, et au rythme le plus bas de son histoire.
Nous avons maintenu la production à Belfort aussi longtemps que nous l’avons pu et aussi longtemps que nous pouvions espérer que la perte d’activité ne soit que conjoncturelle.
Alstom s’est battu pour décrocher des marchés à l’international : des contrats de locomotives en Chine, Russie, Kazakhstan, Azerbaïdjan, et récemment en Inde (pays qui imposent tous, désormais, une production locale).
Malgré les efforts de tous, il apparaît aujourd’hui impossible d’assurer un avenir pérenne pour les activités du site de Belfort.
(...)
"Nous devons faire ce choix aujourd'hui pour préserver les emplois et la position des autres sites du groupe", affirme M. Poupart-Lafarge, promettant que l'entreprise "mettra tout en oeuvre pour qu'il n'y ait pas de départs contraints".
"Nous avons décidé d'annoncer très en amont ce projet afin de prendre le temps nécessaire à une telle réorganisation", poursuit-il, estimant qu'un regroupement des activités à Reichshoffen est "cohérent géographiquement afin d'aider la mobilité
des employés"