Quel est le parcours du comédien Tahar Rahim, du quartier des Résidences à Belfort aux Golden Globes 2022 ?

Il n'en finit plus de séduire l'Amérique. Le comédien né à Belfort, Tahar Rahim, est nommé aux Golden Globes pour son rôle de tueur dans la série The Serpent. Mais la cérémonie se déroulera ce dimanche 9 janvier à huis clos, frappée doublement par des polémiques et la crise sanitaire. Pas de quoi entacher la splendide carrière du comédien, au contraire.

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Il est « né un 4 juillet », jour de la fête nationale aux Etats-Unis et titre d’un célèbre film d’Oliver Stone. Voilà qui prédestinait peut-être Tahar Rahim au succès outre-Atlantique. Plus que son lieu de naissance en tout cas, quoique…

En 1981, c’est à Belfort, dans le populaire quartier des Résidences, que le petit garçon voit le jour, au sein d’une famille qui comptera dix enfants. Il grandit dans un milieu modeste, son père est ouvrier, même s’il a enseigné l’arabe avant d’émigrer en France, mais un milieu où on encourage les études et la réussite. C’est pour cela que ses parents ont quitté Oran et l’Algérie, « pour que l'on accède à des conditions de vie meilleures, aux études supérieures, à de bons métiers.", raconte le comédien dans les colonnes du magazine Marie-Claire en 2021.

C’est aussi à Belfort que le jeune Tahar se forge une culture cinématographique. Il visionne de nombreux films dans les salles obscures de la ville, la plupart du temps en fraude. Bernard Roy, le directeur des cinémas Alpha et Kursaal, aujourd’hui fermés, se souvient avec amusement du jeu du chat et de la souris auquel le personnel et le resquilleur se livraient. « Vous n’imaginez pas le nombre de films qu’il a pu voir sans payer", raconte le dirigeant désormais installé dans le Bugey. "C’était notre « ennemi public numéro 1 ». Il avait toujours une astuce, une connaissance qui lui ouvrait la porte de derrière ou lui donnait son entrée… Et quand on le contrôlait, il avait inévitablement un ticket valide sur lui, sans être jamais passé par la case « caisse » ! »

Ce scénario se reproduit de nombreuses fois entre 1995 et 2002, puis Tahar Rahim disparait des cinémas belfortains, enfin côté spectateurs. Car c’est en couverture d’un magazine pour Le Prophète que Bernard Roy le redécouvre dans un kiosque à journaux gare de Lyon. Il n’en croit pas ses yeux. « On s’est retrouvés dans un cinéma de Lyon lors de la présentation du film « les Anarchistes ». Je me suis mis volontairement au premier rang. Il a fait un bond quand il m’a vu et on s’est tombés dans les bras ! Je lui ai dit que je ne lui en voulais plus mais qu’il devait me mentionner comme un élément de réussite de sa carrière à chaque interview. Et c’est ce qu’il a fait, y compris sur le canapé de Michel Drucker ! Aujourd’hui, on est amis. C’est un être qui a toujours le sourire, infiniment jovial».

Le désir de jouer

C’est encore un Belfortain, Cyril Mennegun (ancien projectionniste d’ailleurs au Kursaal) qui donnera son premier rôle en 2005 à Tahar Rahim dans un docu-fiction tout simplement intitulé « Tahar l’étudiant » et qui raconte notamment les déboires financiers du jeune homme entre sa ville natale et sa faculté de Montpellier.

La suite est plus connue. Pour son premier grand rôle, en 2009, dans le film Un prophète de Jacques Audiard, Tahar Rahim reçoit le César du meilleur espoir masculin et le César du meilleur comédien. Ce second doublé de l’histoire des César (après Richard Anconina en 1984 dans Ciao Pantin) obligera d’ailleurs l’académie à changer ses statuts pour que ne soit plus nominé dans différentes catégories un même artiste pour un même rôle.

En 2011, la carrière de Tahar Rahim prend une tournure internationale avec le péplum américain L’aigle de la neuvième légion ou l’Or noir de Jean-Jacques Annaud. Il alternera toujours par la suite entre films français, comme Samba d'Éric Toledano et Olivier Nakache et productions étrangères comme Le passé d'Asghar Farhadi. Chaque fois le public est conquis et les critiques dithyrambiques. Tous louent sa capacité à se fondre dans les personnages, à jouer juste et à rester un homme simple et discret. Il participe par ailleurs aux jurys de différents festivals internationaux.

Tahar Rahim ému de revenir à Belfort pour l'avant-première de l'Or noir en novembre 2011.

Des nominations prestigieuses

En 2021, Tahar Rahim est successivement nominé dans la catégorie meilleur acteur pour son rôle de Mohamedou Ould Slahi dans Désigné coupable (The Mauritanian) de Kevin Macdonald aux Golden Globes (organisée par la Hollywood Foreign Press Association) puis aux BAFTA (organisée par la British Academy of Film and Television Arts).

C’est donc à nouveau pour la cérémonie des Golden Globes que le comédien, aujourd’hui quadragénaire, est nominé. Cette fois, il s’agit d’une série, Le serpent, dans laquelle il interprète l'escroc et tueur en série français Charles Sobhraj, qui a fait trembler l'Asie du Sud-Est dans les années 1970.  

Un rôle pour lequel Tahar Rahim a encore une fois beaucoup travaillé. Il le raconte dans une longue interview dans le magazine Vogue. Son visage, transformé par le maquillage et des prothèses, sa perruque, son phrasé…tout contribue à rendre le charme et la froideur de ce tueur plus vraisemblable que nature. Si crédible que la présentatrice américaine star Ellen DeGeneres avouait en riant avoir « peur de lui » avant de l’inviter dans son Talkshow !

Nos confrères de FranceInfo vous disent pourquoi il faut regarder cette série.

Ces compliments et cette aura suffiront-ils à Tahar Rahim pour remporter le Golden Globes ? Ces récompenses du cinéma et de la télévision américaine se dérouleront en tout cas cette année dans une ambiance particulière. Accusée de discriminations, la cérémonie est sujette à de nombreuses polémiques depuis 2020. Plusieurs stars hollywoodiennes la boycottent. Tom Cruise a même renvoyé ses trois récompenses. Les organisateurs ont cependant maintenu la soirée en 2022 mais couplée à la propagation fulgurante du variant Omicron, elle se tiendra sans public, ni caméra du diffuseur habituel NBC. La victoire sera toute de même belle si elle couronne l'ancien petit Belfortain. 

A lire : Pourquoi la 79e cérémonie des Golden Globes est maintenue mais sans public ni télévision

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