Peut-on rire de tout et même d’Hitler ? La compagnie Cafarnaüm répond à cette question avec une pièce de théâtre : Mein Kampf Farce, écrite par Georges Tabori. L’œuvre s’inspire des jeunes années d'Adolf Hitler, avec humour.
La compagnie Cafarnaüm de Belfort monte Mein Kampf Farce, une comédie écrite par George Tabori. L'œuvre comique s'inspire des jeunes années d'Adolf Hitler à Vienne. C'est l'histoire d'un jeune homme, arraché à son Tyrol natal, qui débarque dans la capitale autrichienne. Il est accueilli par Schlomo, un vieux juif qui tient un refuge pour sans abris. Adolf, artiste sans talents, espère intégrer les Beaux-Arts. La pièce bascule lorsqu'il échoue au concours. L'œuvre se jouera du vendredi 18 au mardi 29 novembre au théâtre Louis Jouvet de Belfort. Entretien avec la metteure en scène Manuelle Lotz.
Quelle est l’intrigue ?
C’est une pièce qui part de choses vraies. Le concours des Beaux-Arts qu’Hitler va passer tout jeune à Vienne. Il va être recalé, ce qui va lui donner envie de faire de la politique. On parle vraiment de la jeunesse d’Hitler, de la naissance de ses idées. On n’aborde pas du tout la Shoah. C’est plutôt : à partir de quelles petites choses dans la vie, quelqu’un qui subit un échec va complètement exploser en plein vol et développer les choses les plus sombres ?
Pourquoi vouloir rendre Hitler comique ?
C’est comme le dictateur de Charlie Chaplin. L’auteur, George Tabori, est juif hongrois. Son père était juif et est mort dans les camps. Et il a eu envie de lui rendre hommage par cette pièce. Et quel hommage a-t-il voulu lui rendre ? Lui dire que si nous, public, humanité, nous étions capables encore de rire ensemble face à ce qui est de plus horrible, à ce qui était de plus terrifiant dans l’histoire, ça veut dire que l’humanité n’était pas totalement morte. Donc il cherche à provoquer chez nous ce rire salvateur.
Au-delà du rire, il y a aussi une réflexion sur notre société…
Oui, la manière dont Schlomo, le vieux Juif, absorbe la haine qu’Hitler développe autour de lui, la façon dont il essaye de le ramener à l’humanité, à lui apprendre de l’amour, nous apprend à nous public de savoir vivre ensemble. C’est une pièce aussi tragique, parce que nous, public, savons ce qui va se passer ensuite. Les personnages sur scène ne le savent pas. C’est destiné à faire rire, à faire réfléchir et à rappeler un peu d’histoire.