Ehpad de la Rosemontoise : le parquet de Belfort ouvre une enquête pour « homicide involontaire »

Le dossier est désormais sur le bureau du procureur de la république de Belfort. La justice va devoir faire la lumière sur les circonstances de la mort de plus de 30 personnes au sein de cet Ehpad à la suite de la pandémie.

En mai dernier, Laurence et Marie France, les deux sœurs de Patricia Boulak, l'aide-soignante de la Rosemontoise décédée du Covid 19, avaient déposé plainte pour « homicide involontaire », « non assitance à personne en danger » et « mise en danger de la vie d'autrui ».

Le procureur n'a finalement retenu que le chef d'accusation « d'homicide involontaire ».

La justice va donc avoir pour mission de déterminer pour quelles raisons l'Ehpad de la Rosemontoise a subi une telle hécatombe au moment de la pandémie, et surtout si des erreurs ont été commises par la direction de l'établissement.

" Nous ne savons pas de quoi sont morts nos proches..."

Aujourd'hui plusieurs familles de personnes décédées à la Rosemontoise veulent comprendre comment une telle situation a pu survenir. C'est le cas de Sébastien Léveque, qui a été le premier à porter plainte en avril dernier. Aujourd'hui plus que jamais, il veut faire part de sa colère. « Mon père était âgé de 73 ans, il est décédé le 28 mars dans l'Ehpad. Il y vivait depuis 2015. Aujourd'hui nous ne savons toujours pas, ma famille et moi de quoi il est mort et nous voulons que la lumière soit faite sur les circonstances de son décès..».

" Il n'y a eu aucune communication de la part de la direction de l'établissement.."

Un silence assourdissant, c'est ce que dénoncent les familles de victimes. Elles déplorent une communication inexistante avec la direction, pendant la crise, mais également depuis que le déconfinement a été mis en place. Une situation intolérable pour Sébastien Lévêque. « Mon père avait un peu de diabète, mais il allait bien. Je lui parlais tous les jours au téléphone. Il n'a jamais évoqué le moindre souci de santé. J'ai juste été informé que son état se dégradait, qu'il était mis sous oxygène et il est mort dans la nuit du 28 mars. Lorsque l'établissement m'a prévenu, j'ai bien ressenti que l'urgence pour la direction c'était que je contacte au plus vite les services de pompes funèbres afin que le corps de mon père soit évacué. Mais je n'ai eu aucune précision. Rien. Je pense que l'on nous a caché la vérité, les portes de l'Ehpad étaient fermées et les familles n'étaient au courant de rien. Il n'y a eu aucune communication. Nous apprenions les décès par les médias et les réseaux sociaux. En pleine hécatombe il y avait bcp d'inquiétude de la part des familles et cette inquiétude était bien sûr amplifiée par l'attitude de la direction de la Rosemontoise..».

" Nous voulons des réponses, afin de pouvoir faire notre deuil..."

 

Déterminé à obtenir enfin des réponses à ses questions, Sébastien Lévêque va désormais prendre un avocat.      « Je n'ai pas revu mon père. Il repose dans une urne mais il est inconcevable de faire un deuil dans ces conditions. Nous attendons tous de cette enquête judiciaire qu'elle nous permette de comprendre comment cette hécatombe a pu avoir lieu. Comment et pourquoi nos parents sont morts. Nous avons besoin de ces réponses pour faire le deuil.. ».

Le travail de la justice sera de toute évidence long et complexe, mais les familles sont prêtes à cette attente, comme le confirme Sébastien Lévêque. « Les responsables doivent répondre de leurs actes. Nous vivons tous une souffrance terrible. Personnellement je rêve de mon père toutes les nuits. Ma mère est toujours vivante, elle non plus ne comprend pas pourquoi son mari n'est plus là. Elle n'arrive pas à refaire surface... »

 

 

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