Pierre Nasica : En direct, les temps forts du 4ème jour de procès

Yacine Sid détaille ses aveux. La famille de Pierre Nasica livre un bouleversant témoignage. 

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16h15 : Le procès reprendra jeudi matin à 9 heures

Demain, le procès est suspendu. La cour a demandé de nouvelles expertises psychiatriques de Yacine Sid.
 


16h00 : Maître Uzan s'adresse à Yacine Sid

Patrick Uzan : « Depuis que je vous connais, Yacine votre timbre de voix, votre tempo ont changé. Comment avez-vous pu pendant deux ans et quelque de détention trouver le sommeil sachant que vous aviez-tué Pierre ? »

Yacine Sid : « Je m'étais placé dans un déni total. (Déni, on s'en fout, ce sont des mots d'avocats, dit son défenseur). "Je voulais pas croire que j'étais capable de l'avoir fait. J'ai fermé les yeux. J'ai oublié. C'était très dur de trouver le sommeil après ce que j'ai fait. Je voulais pas montrer à mes parents que j'allais pas bien. Pendant deux ans de détention, la moindre larme versée, montrée, ça les aurait tué. Je me suis forgé une carapace. Je me suis oublié moi même. Je pensais à ma famille qui n'a rien fait. Je voulais pas les voir pleurer."

Maître Uzan : « En regardant la mère de Pierre, j'ai vu qu'il y a des mots qu'on ne peut pas entendre. Yacine vous allez partir en prison longtemps, ce ne sera rien par rapport à la mort de Pierre. Comment vivez-vous ça ? Etes-vous capable en cet instant de faire passer ces mots d'équilibre, que ces parents, que vos parents pourront emporter ? »

Yacine Sid : « Je l'ai tué. Aujourd'hui quoique je dise personne n'aura jamais aussi mal que la famille de Pierre .. j'ai plus rien à dire... (Yacine verse ses premières larmes de ce procès). Mes excuses sont irrecevables.

La maman de Pierre Nasica se lève : "Maître Uzan, ne parlez pas en mon nom pour servir votre défense."


15h15 : Yacine Sid raconte son adolescence

Le président l'interroge et cherche à comprendre son parcours scolaire, ses relations familiales. L'accusé explique qu'à partir de la 4ème, il a « décroché » et commencé à avoir de mauvais résultats. Il raconte comment dès 13 ans il a progressivement basculé dans une consommation importante de cannabis. 


14h43 : Une pause dans l'audience
 



14h39 : Mathieu ou l'image d'un petit frère

Mathieu Nasica, frère de Pierre est ému : « Je  ne veux dire qu'une chose. Depuis le début du procès, je suis sorti, je me suis bouché les oreilles. Je veux préserver l'image de mon frère. Ce 27 novembre 2010 au matin, il faisait semblant de jouer à la guitare. Tout ce qui se passe ici, c'est important... Mais c'est pas l'image de mon frère. »

Aux déclarations émouvantes des parties civiles, Yacine Sid répond : "Je suis désolé"


14h27 : "Prendre la parole, c'est tout ce qu'il me reste"

Christine Nasica prend à son tour la parole. « Prendre la parole, c'est tout ce qu'il me reste. Je peux parler de Pierre. Mon fils était un jeune de 15 ans qui était tourné vers la vie. Depuis 2 ans et demi, notre fils a été mis en scène. On a construit un personnage de Pierre fabriqué de toute pièce. »

« Le 27 novembre, j'ai amené mon fils au lycée car il n'y avait pas de bus. Dans la salle à manger Pierre a chahuté avec son frère. On a discuté dans la voiture, on a parlé des futures vacances. Je n'ai pas amené au lycée un enfant anxieux, soucieux.  Pierre m'a dit que pendant l'heure de midi, il allait fêter l'anniversaire d'un copain. Il m'a dit aurevoir. Je ne l'ai jamais revu."

« Pierre était rassurant, attentionné, généreux. La vérité des faits me semble incontestable. Pierre a été manipulé, trompé par celui qu'il considérait comme un ami. Pierre a certainement été tué de sang froid car il ne voulait pas coopérer avec le plan de Yacine. J'ai la conviction que Pierre a dit non, et ça lui a été fatal. Délibérément, Yacine Sid a brouillé les pistes. Ce qui fait mal, c'est qu'il l'a fait sans scrupules, sans état d'âmes.

Une cousine de Pierre,  me disait il y a un an et demi en me citant : le plus grand mal à part  l'injustice, c'est que l'auteur ne soit pas puni pour sa faute. »


(L'avocat général Thérèse Brunisso est en larmes en entendant la maman tout comme de nombreuses personnes dans la salle)


14h22 : La déclaration d'amour d'un père

A la barre Noël Nasica, s'adresse à la cour, ému.
« Nous ne sommes pas le banc de la souffrance, nous sommes toute une famille, un lycée , un village, une communauté... Nous ne sommes pas marqués par la souffrance, c'est plus profond. Nous faisons face au banc du mensonge, de l'affabulation, de la mise en scène. 

Pierre faisait 1,85 m, il avait 15 ans , il était doux et gentil comme tous les jeunes que vous avez vu défiler devant vous. Il faisait partie de ces jeunes pas marqués par la ségrégation de classes, des jeunes qui ne volent pas des cartes bancaire à leur oncle... des jeunes qui demandent la vérité.

Mon fils est mort. Il a été piégé, abattu de 25 coups de couteau. Il a été sali, traîné, traité de dealer, de voleur.  Mon fils est mort pour que ce garçon puisse s'acheter des habits. Voilà ce que je voulais vous dire monsieur le président. »


14h15 : Reprise des débats

La cour interroge à nouveau Yacine Sid sur ses relations avec Pierre Nasica.


12h00 : L'audience reprendra à 14 heures



11h35 : « J'étais jaloux de Pierre » avoue Yacine Sid

Maître Bouveresse, avocat de la famille Nasica interroge l'accusé.
Maître Bouveresse : « Pourquoi y avait-il une tache de sang importante à 13 mètres de la casemate ? Dites-le nous ? »
Yacine Sid : « Je voudrais bien vous expliquer. Mais je ne sais pas »
Maître Bouveresse : « Pourquoi avez -vous porté des coups au visage ?
Yacine Sid : « Je n'étais plus moi même. Je ne voyais plus ce que je faisais. Je savais pas où je tapais »
Maître Bouveresse : « Si vous n'avez pas bien vu, pourquoi avoir frappé comme cela ? »
Yacine Sid : « Je ne savais où je frappais. C'était sombre.... »

Maître Bouveresse : « Vous étiez jaloux de Pierre ? »
(L'avocat montre à l'accusé un grand portrait de Pierre Nasica)

Yacine Sid : « J'étais jaloux de Pierre.....qui lui n'avait pas de problèmes, d'argent, de petite amie, de problèmes familiaux »
Maître Bouveresse : « Et la flaque de sang dites-nous maintenant... ? »
(Dans la salle, le frère de Pierre Nasica se bouche les oreilles pour ne plus entendre)
Yacine Sid : « Je ne peux pas vous éclairer sur cette trace »
Maître Bouveresse : « Et vous n'avez pas eu des remords  après la mort de Pierre ? »
Yacine Sid : « Bien sûr que si. Et je les ai encore aujourd'hui. »
 

11h25 : "Vous n'étiez pas dans la panique après avoir tué Pierre"

Thérèse Brunisso, avocat général : « La mise en scène après le meurtre démontre que vous n'étiez en rien dans la panique. La panique entraîne de la désorganisation. Vous envoyez des SMS, vous anticipez vos moyens de défense. C'est tout le contraire de la panique. »

Yacine Sid : « C'était de la panique et du déni. Je suis passé aux aveux. Je l'ai pas fait pour moi, mais pour les familles, pour la justice. Je n'ai plus rien à cacher. J'essaye d'être le plus précis. »


11h20 : Il n'y a pas eu de bagarre

Thérèse Brunisso : « Pourquoi a t-on retrouvé une tache de sang importante à l'entrée casemate ? »
Yacine Sid : « Ca s'est passé vite. Je ne sais plus où j'ai porté les coups »
Thérèse Brunisso : « Quand portez-vous le coup de poing  à Pierre ? »
Yacine Sid : « Je ne sais plus. Je suis incapable de le dire »
Thérèse Brunisso : « Ce n'était pas une bagarre monsieur Sid, vous êtes le seul à frapper . »
Yacine Sid : « Oui, je ne sais pas quel mot employer.... c'était pas une bagarre. »

11h10 : « Faites un effort de mémoire Mr Sid »

L'avocat général Thérèse Brunisso interroge l'accusé sur des détails. Il dit ne plus se souvenir.
Thérèse Brunisso : « Il va falloir que vous fassiez un effort de mémoire. Un grand pas a été fait hier avec vos aveux. La vérité doit jaillir. La famille de Pierre Nasica a droit à la vérité. »

11h06 : Le papa de Pierre Nasica à la barre

Noël Nasica : « Est ce que c'est devant sa grand mère vénérée et respectée que Yacine Sid a juré à son amie Camille qu'il n'avait pas tué Pierre ? « (la témoin l'avait affirmé à la barre).
Yacine Sid : « J'ai jamais juré devant ma grand-mère. Je suis sûr de ne pas l'avoir fait. »

10h45 : L'audience est suspendue quelques minutes

Les parents de Yacine Sid, sa petite amie viennent le réconforter dans le box.

10h35 : « Je regrette ce que j'ai fait »

L'accusé explique que le soir de la mort de Pierre, il a dormi chez une tante à Bavilliers. Il a passé le dimanche chez ses parents. Le lundi, ses amis distribuent des tracts pour retrouver Pierre. Yacine en dépose un à sa tante.
Le président : « Vous souvenez-vous du jour où on a retrouvé le corps de Pierre Nasica »
Yacine Sid : « Oui, j'étais chez moi. Je crois que c'est une amie que me l'a dit. »
Le président : « Avec le recul,  que pouvez vous dire ? »
Yacine Sid : « Je regrette totalement »

10h30 : Après la mort de Pierre, Yacine Sid a appelé ses parents

Dans l'après-midi de la mort de Pierre, Yacine Sid raconte qu'il a téléphoné aux parents du lycéen.
D'abord pour leur dire que Pierre avait un problème de carte bancaire. Il accuse alors le lycéen de 15 ans d'en être le responsable.
Il a ensuite rappelé pour savoir si Pierre était rentré.
Yacine Sid a également posté sur Facebook un avis de recherche de Pierre. Selon un témoin, le soir même de la disparition le 27 décembre 2010.

10h17 : Le couteau et les gants jetés dans la rivière

Yacine Sid raconte qu'il a jeté le couteau et ses gants tachés de sang dans la rivière la Savoureuse.
Il se change ensuite sur le palier d'une de ses tantes qui habite au centre ville. Il y fume une cigarette.
Le président : « Est ce que vous vous rendez compte à ce moment là de la violence ?»
Yacine Sid : « Oui. J'ai conscience que j'ai été violent, mais je n'ai pas conscience que c'est moi qui a fait cela »
Yacine Sid s'est ensuite rendu au magasin où il travaillait au centre commercial des 4 as.

10h10 : « Une mise en scène sous le coup de la panique »

Le président : « Qu'est-ce qui peut expliquer les traces de sang dehors ? »
Yacine Sid : « Je ne sais pas »
Le président : « Qu'est ce qui expliquer les nombreuses traces de pas ? »
Yacine Sid  : « Je ne peux pas expliquer »
Le président : « A quel moment quittez vous les lieux ?»
Yacine Sid : « En sortant du parking de l'arsenal, il était 14h »
L'accusé raconte à la cour les « faux sms » qu'il a ensuite envoyé à Pierre Nasica.
« Ca faisait partie de la mise en scène, de la panique » dit-il.

10h00 : Pierre était mort, j'ai paniqué

Yacine : « J'avais des flashes blancs dans les yeux. Je peux pas vous dire comment on s'est retrouvé au fond de la casemate. Je me souviens qu'au premier coup, Pierre était au sol. » 
(Dans la salle d'audience, le père de Yacine est en larmes)
Le président : Vous souvenez-vous comment les coups se sont arrêtés ? 
Yacine : « Il ne bougeait plus. J'ai essayé de le secourir. Il était mort. J'ai paniqué. Je pensais pas pouvoir avoir fait ça. »
(L'accusé debout s'exprime calmement, sans larmes)
Yacine Sid : « J'ai voulu faire croire à une mise en scène. Je lui ai attaché les mains sans acharnement »
(Le frère de Pierre Nasica est bouleversé dans la salle)
Yacine Sid : « Je voulais faire croire à un règlement de comptes, à un crime crapuleux".

9h55 : Je me suis énervé. J'ai sorti mon couteau

« On a discuté à l'entrée de la casemate. Je ne me suis pas reconnu. Je me suis énervé. Ça s'est passé vite. J'étais plus moi même. J'avais des flashes dans les yeux... Je savais que je pouvais pas lui faire peur avec mon gabarit. On s'est levé. On était amis, il se doutait pas que j'allais m'énerver. C'est à ce moment que j'ai sorti le couteau. Il m'a dit « range ça ». C'était un couteau de cuisine que j'utilisais pour découper les stupéfiants. Il était dans la poche de mon sac à dos. Au début, je reste immobile. Je regarde Pierre. Il me dit « range ça, tu me fais pas peur ». Ensuite, l'énervement m'a fait mettre des coups. Après, monsieur le Président, je peux pas vous dire où j'ai mis les coups. Ça a été très rapide. »

 

9h45 : Le président de la cour fait préciser à Yacine Sid ses dettes, et ses relations avec les dealers

« Je ne savais comment les rembourser. C'est pour cela que j'ai paniqué. Je fumais à cette époque très souvent du cannabis. Je fumais depuis un bon bout de temps. J'achetais en petite quantité. On me dépannait. Puis, les gens ont refusé de le faire. »
« J'ai demandé à Pierre s'il pouvait m'aider, me prêter de l'argent. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas me prêter de l'argent pour des stupéfiants. J'ai eu l'impression qu'il n'en avait rien à faire. »
« J'étais proche de ma grand-mère. Mes parents avaient remarqué que je me renfermais. J'étais plus seul. Ma grand-mère c'était quelqu'un de très important pour moi. Elle a habité avec nous. Elle m'a élevé. C'était ma grand-mère paternelle. Pierre me dit qu'il est désolé, qu'il ne peut rien faire. Mais avec le sourire. J'ai eu l'impression qu'il se foutait de moi. J'avais l'impression qu'on était meilleurs amis mais que là c'était un inconnu ». 

9h20 : Des aveux plus détaillés de Yacine Sid

« On a déjeuné avec Pierre au kebab rue Denfert-Rochereau. On a discuté de sa petite amie. On a mangé. On avait encore trente minutes devant nous. Je voulais lui parler de la carte bancaire, après.
On décide d'aller sur le parking de l'Arsenal pour fumer un joint chacun. Pierre était d'accord.
Il neigeait. On monte à l'abri. Je connaissais l'endroit (la casemate). On s'assoit sur une petite pierre. Je roule mon joint. Pierre prépare sa cigarette pour que je la lui roule. A partir de là, on commence à parler. C'est moi qui avait apporté la résine de cannabis. Je lui expose mon problème de carte bleue et mes dettes de stupéfiants. Puis je raconte mes problèmes dans ma famille."

"Sur la carte bleue, je lui dit que c'est moi le fautif. Que c'est la carte de mon oncle.
Mon oncle ne savait pas que j'avais utilisé sa carte bancaire. Pierre était soulagé. J'allais tout prendre sur mon dos.
Sur la dette de stupéfiants, je m'étais endetté auprès de plusieurs vendeurs. (Il cite les noms). J'avais 400 à 500 euros de dettes."

9h15 : Yacine Sid continue à s'expliquer

Aux questions du président Ardiet, l'accusé raconte : « Ce jour là je voulais parler à Pierre, de tout, de mes problèmes...J' avais des dettes de stupéfiants. J'avais des problèmes familiaux, après le décès de ma grand-mère, j'avais plus personne à qui parler.  J'avais des problèmes aussi avec une carte bancaire ».

9h12 : Vers une peine moins lourde ?

Les avocats de l'accusé demandent à la cour la requalification de "l'homicide volontaire" en "coups ayant entraîné la mort, sans intention de la donner", passible de 15 ans de prison.
Pour meurtre, Yacine Sid encourt une peine pouvant aller jusqu'à 30 dans de réclusion criminelle.
L'avocat général précise qu'elle souhaite maintenir de son côté l'accusation pour meurtre.
La cour décidera de la qualification des poursuites retenues contre Yacine Sid.

Interview : Maxime Meunevaux et Philippe Trzebiatowski

9h11 : Une photo de Pierre Nasica

Les parents de Pierre ont amené le portrait de leur fils pour que la cour, et les jurés aient en tête son visage.


9h08 : Le procès reprend

Les aveux de Yacine Sid vont bousculer un peu le calendrier du procès. D'abord plusieurs témoins convoqués à la barre ne viendront plus. Leurs témoignages n'est plus nécessaire à la manifestation de la vérité. Les avocats de deux camps y ont renoncé pour ne pas rendre encore plus douloureuse cette affaire pour les deux familles.

Les avocats de la défense renoncent à citer comme témoin la juge d'instruction Sophie Baghadassarian. Une citation rare dans un procès en assises. La juge avait fait savoir au début du procès qu'elle ne pourrait venir  à la barre. 

L'accusé fera l'objet d'une nouvelle expertise psychiatrique toute la journée de mercredi. Le procès sera suspendu ce jour là


L'audience doit reprendre ce mardi matin à 9 heures




Hier au troisième jour de procès, l'accusé a avoué. Un coup de théâtre alors que Yacine Sid niait depuis deux ans être l'auteur du meurtre.




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