L’athlète membre de l’équipe de France de short-track était hospitalisée depuis le 9 octobre. Victime d’une grave chute aux Pays-Bas, elle a passé plusieurs semaines à l'hôpital puis en rééducation. Les médecins lui avaient laissé entendre qu’avec une fracture d’une cervicale, elle pourrait probablement ne pas remarcher et que la convalescence serait très longue.
Une athlète à terre. Blessée sur la glace, son terrain de jeu. Une athlète allongée dans un lit d'hôpital avec une minerve. La Bisontine Tifany Huot-Marchand, licenciée du club de short-track de Belfort revient de loin. Le 9 octobre,Tifany Huot-Marchand, 28 ans est victime d'un terrible accident à Heerenveen aux Pays-Bas, lors de la Dutch Open, dans le cadre de la sélection de la Coupe du monde. Alors qu’elle dispute la qualification pour la finale, la Française dépasse une autre athlète, “qui est tombée et qui a entraîné Tifany dans sa chute” avait alors expliqué Alexis Sodogas, chef d'équipe du short-track. Diagnostic : fracture de la cervicale C5.
Un long parcours de soins
Hôpital aux Pays-Bas puis en France, puis centre de rééducation en région lyonnaise, il est spécialisé dans les traumatismes médulaires. Les semaines ont été rudes. Le week-end dernier, Tifany Huot-Marchand a pu bénéficier d’une première permission de sortie. Celle qui fait à nouveau souffler le vent sur votre visage, celle qui fait refouler l’asphalte. Celle qui valide le retour à la vie. Celle qui donne l'espoir de rechausser un jour les patins pour s’adonner à cette discipline spectaculaire, mais non sans danger, le short-track ou patinage de vitesse.
J’ai des douleurs dans la jambe droite, ce qui fait que je boîte, mais je suis tellement heureuse de pouvoir marcher par moi-même !
Tifany Huot-Marchand, membre de l'équipe de France de short-track
Le sourire se lit sur le visage de l’athlète, qui va mieux. Elle explique pouvoir désormais marcher un kilomètre environ. Et ne cache pas sa joie de quitter les médecins et soignants qui ont pris soin d’elle. “Cela fait un, bien fou de manger autre chose que la nourriture de l’hôpital, faire une belote, une visite, le match de rugby, un autre jeu de cartes, plusieurs chocolats chauds, tout ça entouré des copains”.
Contactée par France 3 Franche-Comté, Tifany nous explique porter toujours une minerve. "Je ne sais toujours pas pour combien de temps j'en ai. Je marche, mais sur des courtes distances, avec un problème au mollet, des raideurs" dit-elle.
La jeune femme s'estime terriblement heureuse d'être sur ses jambes.
Les larmes d’une combattante
Touchée aux cervicales après sa chute, Tifany est passée par toutes les étapes. Un long combat parsemé de souffrances, de peur, de doutes, de larmes.
Le 23 octobre, Tifany faisait ses premiers pas dans sa chambre, aidée par des soignants.
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"Vous avez été nombreux à me dire que je suis une battante, une guerrière ou encore une personne déterminée, pleine de volonté. Voilà, aujourd’hui, j’ai voulu être à la hauteur de vos mots. Quelques pas, avec un sourire qui veut dire beaucoup. Alors, je ne ressens pas mes jambes et ma main droite ne fonctionne pas, mais je suis persuadée que ça va revenir. Mon premier « pas ». La route est encore (très) longue."
Début novembre, l’athlète membre de l’équipe de France de short track était encore en fauteuil en train de faire la rééducation d’un bras.
Sur mon avant-bras gauche, j’ai ce tatouage « Never lose hope », je le regarde tous les jours, et ça résonne fort dans ma tête et dans mon cœur.
Tifany Huot-Marchand
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"Ma main droite va retrouver ses capacités, j’en suis convaincue. En attendant, il faut voir le côté positif, je vais être ambidextre. Malgré tout ce que je montre, je ne vais pas mentir, c’est dur ! Terriblement dur. Les moments difficiles sont incomptables. Chaque soir, je me noie dans mes larmes. Le temps fera les choses" écrivait l'athlète sur sa page Instagram.
"Tifany, c'est une battante !"
Pour Alexis Sodogas, entraîneur de l'équipe de France de short-track, les premiers pas effectués par Tifany sont une excellente nouvelle. D'abord pour la jeune femme. "Derrière chaque athlète, il y a un être humain. Le sport c'est secondaire. Le plus important pour moi c'est qu'elle puisse retrouver un usage de ces membres dans la vie quotidienne" explique l'entraîneur. "On a été bluffé par ses progrès, son évolution, on avait aucune certitude sur l'avancée des choses. Tifany, c'est une athlète, une personne battante" ajoute-t-il. "La connaissant, elle va vouloir rechausser les patins".
"J'ai déjà envie de me retrouver moi en temps que personne, avant d'être sportive"
La patineuse qui vit en temps normal à Font-Romeu va poursuivre sa rééducation. Elle ne sait pas combien celle-ci va durer.
Revenir un jour sur la glace ? Il est trop tôt pour le dire. "J'ai déjà envie de me retrouver moi en temps que personne, avant d'être sportive". L'athlète a commencé en rééducation des séances de sport adapté. Pour se muscler, travailler le cardio. "Cela fait du bien de se sentir vivante, je suis vivante quand je fais du sport" confie l'athlète. Jusqu’à présent, Tifany Huot-Marchand qui a disputé les derniers jeux olympiques de Pékin 2022 n’avait pas connu de blessures. "Jamais, je n'aurais imaginé vivre un tel traumatisme".