La police a procédé à six interpellations au sein de la communauté tchétchène jeudi 18 juin dans plusieurs villes de France. Elles font suite à plusieurs jours de violences dans la métropole de Dijon, notamment dans le quartier des Grésilles. Ce vendredi, quatre gardes à vue sont toujours en cours.
La police a procédé jeudi 18 juin à l'interpellation de six membres de la communauté tchétchène à Dijon et dans d'autres villes françaises, a-t-on appris de sources concordantes.
"Cinq gardes à vue ont débuté et des perquisitions ont été réalisées dans plusieurs villes" jeudi matin, a confirmé dans un premier communiqué le procureur de la République de Dijon Éric Mathais. Avant d'ajouter une heure plus tard qu'"une garde à vue supplémentaire est depuis intervenue", sans donner plus de précisions sur les lieux où ont eu lieu les opérations de police.
Selon une source proche de l'enquête, elles auraient eu lieu en Côte-d'Or à Dijon, dans le Jura à Dole, dans l'Aube à Troyes, dans la Loire à Saint-Étienne et dans le Bas-Rhin à Saverne. À Strasbourg, une personne se serait présentée d'elle-même aux forces de l'ordre.
"Elles sont destinées à vérifier les premiers éléments de l'enquête", ouverte notamment pour tentative de meurtre en bande organisée, association de malfaiteurs et participation à un groupement armé, selon le procureur. Ces opérations font suite aux violences survenues récemment dans la préfecture de Côte-d'Or.
Les individus arrêtés sont soupçonnés d'avoir participé aux expéditions punitives menées au cours du week-end dernier à Dijon, mais leur rôle exact dans ce dossier reste à préciser. Ces interpellations, menées par le RAID et la BRI, suivent l'ouverture d'une enquête confiée à la sûreté départementale et la police judiciaire de Dijon après quatre nuits de violences, de vendredi à lundi soir à Dijon, survenues autour d'une série d'expéditions punitives de Tchétchènes voulant venger l'agression de l'un des leurs.
Cette enquête est destinée à comprendre de quelle manière les différentes infractions commises ont pu être provoquées ou organisées, d’en identifier les auteurs et d’y donner les suites appropriées.
Vendredi 19 juin, le procureur a annoncé par communiqué que deux personnes entendues depuis la veille avaient été mises hors de cause. Quatre des six gardes à vue ont été prolongées.
Notre reportage du jeudi 18 juin
Un rassemblement d'une vingtaine de Tchétchènes s'est tenu jeudi 18 juin dans l'après-midi, devant le commissariat à Dijon. L'un d'eux s'est exprimé, il est le fils d'un homme auditionné.
Il explique que son père a été arrêté à Dole à 6h du matin et dit être venu place Suquet, où se trouve l'hôtel de police, avec les avocats et la famille. "Tout le monde s’inquiète, se demande pourquoi il est là, alors qu’il est venu pour arranger les histoires, tout simplement."
Selon lui, si son père était à Dijon pendant les trois jours, "c'est parce qu'il a essayé de calmer les histoires entre les deux camps."
Il n'est pas raciste, je ne suis pas raciste, j’ai grandi avec des Marocains et des Algériens, j’ai rien contre eux. Les tensions sont terminées, c’est réglé.
Quatre interpellations lundi dans l'autre camp
Quatre autres personnes avaient été arrêtées lundi soir, après des troubles dans le quartier des Grésilles en réaction aux opérations des Tchétchènes. Mercredi, trois d'entre-elles ont été remises en liberté, selon le parquet.
Il s'agit tout d'abord des occupants d'un véhicule ayant refusé de se soumettre à un contrôle de police rue de Cracovie, à proximité du quartier. "Il est établi que [le conducteur] n’était pas auparavant dans le quartier des Grésilles et qu’il était venu au contraire à proximité du lieu des événements pour récupérer les deux passagers", selon le communiqué du parquet daté du 17 juin. "Porteur d’une matraque, il avait pris peur lors du contrôle compte tenu du contexte et avait dans un premier temps tenté d’y échapper".
Les passagers eux venaient du quartier des Grésilles mais contestent avoir pris part aux violences. "Aucun élément objectif malgré de nombreuses investigations" n'a permis "d'établir leur participation à une infraction", toujours selon le parquet. Ils ont donc été remis en liberté. Le conducteur, âgé de 32 ans, a lui été condamné à une peine de 90 jours-amendes à cinq euros et une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans.
La quatrième personne interpellée lundi soir est un mineur de 16 ans, arrêté "à quelques centaines de mètres du commissariat des Grésilles" qui "avait fait l'objet de dégradations par de nombreux individus armés notamment de cailloux", selon le communiqué du parquet. Ce jeune homme a contesté "sa participation à ce groupement violent". Et là aussi, les "nombreuses investigations" faites pendant sa garde à vue n'ont pas permis d'établir sa participation. Il a donc été remis en liberté.