À l'origine des affrontements ce week-end à Dijon se trouve un différend entre habitants du quartier et ressortissants tchétchènes, après l'agression d'un des leurs. Pour en savoir plus sur cette communauté, nous avons interrogé Aude Merlin, universitaire spécialiste de la diaspora tchétchène.
En quelques heures dimancje 14 juin, des files de voitures se forment à Dijon. Près de 150 hommes issus de la communauté tchétchène se rassemblent. Pendant plusieurs heures, ils menacent et occupent le quartier des Grésilles à Dijon.
D'où viennent ils ?
Dans la diaspora tchétchène, il y a un levier très puissant, c'est le collectif. Le village, la famille, voire le clan, qu'on appelle le taïp.
"Si un membre de la communauté a commis quelque chose de mal, d'illégal, contrevenant aux règles, l'ensemble du collectif va se sentir entaché. Si un membre du collectif a été offensé, l'ensemble du collectif va se sentir une responsabilité de réaction, de soutien, de solidarité", explique Aude Merlin, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles, spécialiste de la diaspora tchétchène.
Que sont-ils venus dire ?
On compte environ 150 000 Tchétchènes en Europe. Un peu moins de la moitié se trouve en France. Une diaspora nourrie depuis vingt-cinq ans par deux conflits séparatistes avec la Russie, entre 1994 et 1996 puis entre 1999 et 2009.
"Cette société a été laminée par les deux guerres. Elle a été très abîmée psychologiquement, socialement. Donc il y a quelque chose sans doute qui se joue là dans ce coup d'éclat, cette performance guerrière en pleine ville, avec la convocation d'éléments identitaires", ajoute l'universitaire.
Qu'en pense le reste de la communauté ?
"Sur les réseaux sociaux, il y a des Tchétchènes qui désapprouvent ce qu'il se passe, indique Aude Merlin. Il y en a qui l'assument et le revendiquent en expliquant qu'il s'agit d'une défense. C'est-à-dire : 'Nous Tchétchènes, nous vivons en France, nous respectons la loi, la constitution, l'État de droit. Mais il ne faut pas venir nous chercher'."
Un constat confirmé dimanche soir par l'un d'entre eux. "La loi française, elle nous dit de ne pas de tirer sur des gens. On est pas là pour tuer des gens. Ça ne nous fait pas plaisir de courir à gauche à droite. Mais pour défendre nos valeurs, on est prêts à faire ça tout le temps", indiquait-il à notre micro.
Récemment, des scènes similaires ont été observées à Nice, à Toulouse, ou dans l'Aube. Mais l'enquête ne fait pas encore de liens entre ces évènements.