Le 20 mai marquera le dixième anniversaire de la relégation en Ligue 2. Mais ce samedi, l'AJ Auxerre peut retrouver l'élite du football français et mettre fin à dix ans de purgatoire. À cette occasion, France 3 revient sur cette décennie de drames et déceptions.
Dix ans qu'elle attend de retrouver enfin la Ligue 1. Samedi, l'AJ Auxerre reçoit Amiens pour la dernière journée de Ligue 2. Actuellement 3ème, le club de l'Yonne peut passer devant Ajaccio, 2ème au classement, si les Corses perdent face à Toulouse, le nouveau champion. L'espoir renaît au sein d'une ville méritante, après une décennie de désillusions.
Une soirée noire
La Ligue 1, les Auxerrois l'avaient quittée un soir de mai 2012, dans la fureur d'un Abbé Deschamps dévasté devant la chute de ce monument, après 32 saisons consécutives au plus haut niveau.
Stéphane Grichting, alors défenseur de l'AJA, ne peut que comprendre le chagrin des supporters. "C’est sûr qu’ils sont extrêmement déçus et nous le sommes aussi. Il faut faire le bilan de ce qui n’a pas été pour repartir de nouveau l’année prochaine", déclare le footballeur suisse.
Au petit matin, c'est toute la ville qui a la gueule de bois, car l'AJA, c'est plus qu'une religion. Un titre de champion et cinq coupes de France avaient placé Auxerre sur la carte de France.
Les supporters sont dévastés, encore loin d'imaginer les difficiles années qui les attendent. "Je n'ai pas beaucoup dormi comme de nombreux Auxerrois. C’est mon club de cœur, ça fait mal", confie un fan.
Les soucis financiers s'en mêlent
À la chute sportive s'ajoutent de gros problèmes économiques. Le club est dans le collimateur du gendarme financier avec plusieurs millions de déficit. En avril 2013, un fond luxembourgeois reprend l'AJA. C'est une page qui se tourne pour le club icaunais.
La président Gérard Bourgoin quitte son poste, non sans tristesse. "Il y a un peu d’émotion. Dans tous les cas même si les hommes s’en vont, les affaires restent. Le plus important c’est que l’âme du club reste intacte", assure-t-il.
Une éclaircie dans la tempête
Le nouveau patron, Guy Cotret, promet une remontée dans les deux, trois ans. Mais la première année sous ses ordres a failli tourner au drame. Le club flirte avec le National et se sauve lors de la dernière journée en 2014.
Mais l'espoir revient lors d'une parenthèse enchantée l'année suivante, avec une finale de coupe de France perdue face au PSG. Celle-ci réveille un engouement populaire incroyable. "On a perdu mais ils ont fait le maximum, on est fiers d’eux et la Bourgogne peut être fière d’Auxerre", s'enthousiasme un fan à la sortie du stade.
De nouveaux fonds
Quelques heures après la finale, l'actionnaire principal de l'AJ Auxerre Emmanuel Limido décède d'une crise cardiaque. Le club doit se trouver de nouveaux investisseurs. L'AJA s'éveille à la Chine, avec l'arrivée de James Zhou fin 2016.
Le président Guy Cotret a alors l'espoir d'assister à un renouveau à l'AJ Auxerre. "Nous ne sommes pas la seule entreprise au delà du football, on appelle ça la mondialisation je crois", sourit-il. "Ce n’est pas surprenant et tant mieux si ça profite à l’AJ Auxerre."
L'arrivée de Furlan et de l'espoir
Mais les résultats ne suivent toujours pas. Un maintien in extremis en 2017, et une année en dents de scie en 2018... l'AJ Auxerre n'y arrive pas. Les entraîneurs se suivent et se ressemblent. Avant l'arrivée de Jean-Marc Furlan en 2019, qui suscite un nouvel espoir, dix se succèdent.
"Tous les clubs qu’il a pris, il les a fait monter", indique un supporter. "On voit ce qu’il a fait avec Troyes et Brest donc on est confiants avec son arrivée", ajoute un fan.
11ème en 2020 et sixième l'an passé, Furlan replace doucement Auxerre en haut du classement avec un jeu offensif. Tous n'attendent désormais plus qu'une chose, fermer ce samedi 14 mai la parenthèse de dix années au purgatoire.