Le réseau d'autoroutes APRR renouvelle ses revêtements de chaussée sur parkings et aires, et a décidé d'expérimenter ces matériaux sur un tronçon de l'autoroute A6 près d'Auxerre.
Les autoroutes APRR innovent avec le groupe Eiffage Route pour effectuer la réfection de chaussées avec des matériaux au bilan carbone neutre.
Un enrobé, c'est quoi ?
C'est le terme qui désigne le matériau utilisé pour faire le revêtement des routes, que les professionnels appellent aussi "la couche de roulement". L'enrobé est un mélange de graviers, de sable, et d'un liant hydrocarboné de type bitume (origine pétrolière). C'est la dernière couche d'une route, d'une épaisseur de 4 cm environ, et qui va garantir le confort et l'adhérence des véhicules des usagers.
Eiffage a utilisé en 2020 leur matériau "Biophalt" sur une partie d'essai de 2km sur l'autoroute A40 (enrobé classique) et vient d'achever la rénovation de 270 m² de places de stationnement sur l’aire de Dracé (A6, sud de Mâcon).
Ce dernier est un enrobé "drainant", qui permet de laisser passer les eaux de ruissellement, et n'imperméabilise pas les emprises des chaussées, et apporte une désartificialisation des sols. C'est un axe de développement durable qu'APRR souhaite exploiter, autorisant à l'eau de rentrer dans le sol support de la chaussée.
Utiliser des liants d'origine végétale
Le liant utilisé pour les parkings (Biophalt d'Eiffage) est un liant biosourcé issu de la poix, un sous-produit de l’industrie du papier, qui se substitue au bitume d’origine pétrolière d’ordinaire utilisé.
Il permet le recyclage de plus de 40 % d’agrégats d’enrobés routiers issus des chaussées déjà en place.
Une performance permettant de préserver une quantité importante des ressources naturelles non renouvelables (matériaux neufs de carrières, granulats et liant).
Il permet également d’abaisser la température d’enrobage de 20 à 30°c par rapport à la normale, ce qui limite la consommation d’énergie, permet de rejeter moins de CO2, et offre aux personnels de travaux un confort de travail supplémentaire.
Jean-Emmanuel Garel est directeur-adjoint des opérations chez APRR. Il décrit la politique actuelle de la société, favorisant un maximum de solutions de recyclage et de décarbonation : "Par exemple, recycler les matériaux en place (les produits de rabotage des chaussées, appelés fraisats). Jusqu'à 50% de ces produits peuvent être mélangés avec des granulats neufs. C'est une technique qui évite d'aller chercher des matériaux en carrière et de les amener sur le chantier."
L'autre axe est de "diminuer la température des enrobés à la fabrication. Actuellement, ils sortent à 170-180°c des centrales de fabrication. On essaie de diminuer de 20 à 30 °c , moins de production de chaleur, donc moins de consommation de gaz."
Le dernier axe est d'utiliser des produits biosourcés. "Dans le produit Biophalt d'Eiffage, on met un liant d'origine végétale, qui remplace intégralement le liant d'origine pétrolière."
Jean-Emmanuel Garel précise que APRR demeure "toujours en phase expérimentale, afin d'étudier l'évolution de ces matériaux. Les chaussées sont soumises à de très fortes contraintes telles que le passage des poids lourds. Même sur les parkings, les enrobés sont soumis aux cisaillement provoqués par les manœuvres des voitures, qui sont de plus en plus lourdes. Nous sommes extrêmement vigilants."
Un tronçon d'autoroute expérimental près d'Auxerre
A la mi-mars, APRR va rénover un tronçon de 14 km de l'autoroute A6 près d'Auxerre dans le sens Lyon- Paris avec le concours de l'entreprise Colas.
Jean-Emmanuel Garel rappelle que "sur ce chantier-là, on va monter à 50% de recyclage de fraisats, mais on va incorporer dans les enrobés un fluxant d'origine végétale qui va venir remobiliser l'ancien bitume, qui se trouvait dans la chaussée actuelle. En effet, le bitume avec le temps, il s'oxyde, il durcit. Il faut en quelque sorte le 'radoucir' lors de son réemploi, pour garantir une durée de vie plus longue."
L'utilisation d'un matériau d'origine naturelle permet donc le réemploi des produits de rabotage de chausée dans une large part : "Le fluxant utilisé est d'origine végétale, il vient redonner de la souplesse au liant pour fabriquer un nouvel enrobé qui va respecter les normes en vigueur et qui va atteindre une durée de vie que nous nous sommes fixés."