La clinique du Petit Pien, à Monéteau, vient d'être mise en demeure par l'Agence régionale de santé après une inspection qui fait état de plusieurs manquements. Des manquements également constatées par ces deux sœurs, dont le père a été admis au Petit Pien fin 2021 avant de mourir. La direction dit ne pas être au courant.
"On savait très bien que notre papa n'aurait pas deux ans à vivre. Mais un mois... On a pas compris. Ça s'est dégradé en un rien de temps. C'est en partie de leur faute." Vanina et Sabrina ont encore beaucoup de ressentiment, six mois après le décès de leur père. Aujourd'hui, elles dénoncent les manquements qu'elles disent avoir constaté à la clinique du Petit Pien, à Monéteau, où leur père a été admis en convalescence fin 2021.
"On pensait qu'il était entre de bonnes mains"
À l'époque, le père de Vanina et Sabrina se remet d'un cancer. Il quitte l'hôpital pour être admis le 22 décembre à la clinique du Petit Pien. "On pensait qu'il était entre de bonnes mains", se souvient Sabrina. La clinique a bonne réputation. Mais rapidement, les sœurs remarquent des événements de plus en plus gênants.
"Ce n'était pas propre", affirme Sabrina. "On lui a laissé le même drap trois jours d'affilée alors qu'il avait renversé son potage dessus." Vanina ajoute : "Un soir, il a sonné pour demander le bassin pour faire ses selles. On lui a répondu : ça attendra ce soir."
"Il pleurait souvent au téléphone. Un jour, il m'a appelée parce qu'il était dans le noir. Il était 19 heures et depuis 15h30, l'heure du goûter, il n'avait vu personne. J'ai dû appeler l'accueil pour qu'ils viennent dans sa chambre."
Sabrina
Quand à l'hygiène, les deux sœurs affirment que leur père n'a jamais pu se laver entièrement. "Il n'a jamais pris de douche là-bas, en un mois." Pourquoi ne pas avoir pris en charge leur père chez elle ? "On pensait qu'il serait mieux là-bas parce qu'on ne pouvait pas être là H24 avec lui, on travaille tous les deux. Au final, on se dit qu'il aurait été mieux avec nous, même si on était absentes 10 heures par jour de la maison."
Le père de Vanina et Sabrina finit par contracter le covid en janvier. Rapidement, son état empire. Il décède le 19 janvier. "Il avait un cancer du poumon, le covid lui a été fatal", reconnaissent les sœurs. Elles sont toutefois convaincues que la mauvaise prise en charge de leur père au Petit Pien a accéléré son déclin physique. "Il était maigre, il avait les traits tirés, alors qu'il était en forme à l'hôpital."
La direction se défend
Le témoignage des deux sœurs va dans le sens de la décision de l'Agence régionale de santé prise le 18 juillet. L'ARS a suspendu l'activité de soins de suite et de réadaptation du Petit Pien à la suite d'une inspection qui a révélé plusieurs manquements : "instabilité du personnel, absence de prévention contre la maltraitance, absence de traitement, d’analyse et de signalement des événements indésirables graves"...
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Contactée, la directrice de l'établissement, Evelyne Blondel, dit ne pas être au courant de ce que dénoncent les deux sœurs.
"Je n'ai pas de connaissance à ce sujet. Je pense qu'il y a une très bonne équipe ici, qui a toujours pris en charge correctement les patients. On est dans l'incompréhension de l'injonction de l'ARS."
La direction du Petit Pien
Vanina et Sabrina disent pourtant avoir envoyé un mail à l'époque, mail auquel la direction aurait répondu. Aujourd'hui, la clinique, mise en demeure par l'ARS, dispose de deux mois pour redresser la barre. En attendant, les patients sont transférés dans d'autres établissements. "Pour notre papa, c'est trop tard. Mais on espère que les choses vont changer, pour les autres familles", souhaitent Vanina et Sabrina.