Dans un peu plus d'un mois, les vignes de Bourgogne grouilleront de vendangeurs... si les vignerons parviennent à les trouver. Face aux difficultés de recrutement, les professionnels s'organisent. Illustration dans l'Yonne avec deux d'entre eux.
Nombreux sont les secteurs où le recrutement est difficile, et celui du vin ne fait pas exception... particulièrement à l'approche des vendanges. "C'est un travail ponctuel et précaire", précise Vincent Laroche, vigneron à Chablis. "Ce n'est pas forcément le type d'emploi qui motive les gens."
Une main d'œuvre plus compliquée à trouver
Dans son domaine de la Meulière, le viticulteur récolte 100% de sa production à la main. Au fil des ans, il a opté pour différentes solutions afin que les vendanges se déroulent dans de bonnes conditions. "Avant, on faisait nos équipes 'en direct', mais on était moins nombreux à faire la récolte manuellement", détaille-t-il. "Donc c'est devenu de plus en plus compliqué de trouver les gens."
Pour la récolte de toutes ses parcelles, Vincent Laroche a besoin de 72 personnes. Résultat, il a fini par opter pour des sociétés prestataires, chargées du recrutement. "Mais c'était très compliqué. Les prestataires emploient toutes les personnes qu'on veut pas prendre. Des gens qui sont là le matin, mais qui oublient de venir travailler l'après-midi."
Finalement, c'est une solution tout autre qui se présente à lui. Au détour d'un simple mail, "par le plus grand des hasards !", il entre en contact avec un recruteur basé en Pologne. "Il recherche pour nous des personnes qui veulent venir faire les vendanges en France."
En 2022, une trentaine de Polonais a fait le déplacement : une main d'œuvre "efficace et motivée", nourrie sur place mais logée au camping. L'expérience s'avère un succès, ce qui pousse le vigneron à la reproduire en 2023 : "j'ai pris un bus complet cette année !"
"La clé, c'est l'ambiance !"
Une vingtaine de kilomètres plus loin, à Irancy, Martin Charriat prépare lui aussi les vendanges - un peu plus "traditionnellement", cependant. "Le bouche à oreille, c'est la première chose qui va marcher : si ça marche bien avec les gens, ils vont ramener les copains l'année d'après", explique-t-il.
Autre option : les réseaux sociaux, ce qui fonctionne "le mieux". Deux solutions qui permettent au viticulteur de n'avoir "jamais de problème pour trouver notre compte" dans l'Yonne. "L'immense majorité vient du département", ce qui lui a permis de se constituer un noyau dur d'une vingtaine de vendangeurs. "C'est physique, mais pas pénible, on s'amuse, on mange bien le midi, on fait des pauses. La clé, c'est l'ambiance !"