Le prix de l'essence, de la baguette de pain, le coût des charges salariales ou encore le montant de la retraite... Dans un JT délocalisé de France 2, des habitants de Sens ont posé leurs questions à Jean Castex, ce vendredi 11 février.
Le Premier ministre Jean Castex était en visite à Sens (Yonne), ce vendredi 11 février pour répondre aux questions des habitants dans un journal télévisé délocalisé de France 2. La chaîne nationale a installé son plateau en plein milieu du marché couvert de la commune. Au cœur de l'émission et des préoccupations des Sénonais : le pouvoir d'achat.
Une expérience inédite pour ces habitants. "Ma tata en face to face avec Castex", a tweeté une internaute.
Augmentation du prix de l'essence : "que comptez-vous faire sur le long terme ?"
A Sens, et comme partout ailleurs, le prix des carburants atteint des records. Le SP98 coûtait 1,96 euro/litre ce vendredi à la station-service la plus proche du marché de Sens.
Amandine Ducard, mère d'une petite fille de 9 ans, a empoigné le micro de France 2 pour poser une question qui la préoccupe chaque jour à ce sujet. Elle qui gagne un peu moins de 2000 euros par mois et qui a bénéficié du chèque inflation de 100 euros, ne voit pas le bout de cette flambée des prix. "Sur le long terme je ne vois pas ce que le chèque inflation changera à notre quotidien. Ça me révolte, je vois à chaque fois le prix augmenter", a-t-elle déploré avant de demander au Premier ministre : "Que comptez vous faire sur le long terme ?"
"Il est vraisemblable que le prix continue à augmenter", a d'abord admis Jean Castex, avant d'insister sur ce qui avait déjà été mis en place : l'indemnité inflation (qui doit être versée d'ici au 28 février) et le relèvement de 10% du barème de l'indemnité kilométrique.
400 euros de plus sur la facture de Magalie Périchon, boulangère
Le prix de l'alimentaire a lui aussi augmenté : celui des pâtes à pris 5% en un an, celui du poisson 20% en 5 ans. Un chiffre qui monte jusqu'à 30 % pour les fruits et légumes frais.
Magalie Périchon, boulangère à Sens, a dû augmenter le prix de sa baguette de 5 centimes pour couvrir une petite partie des coûts de fabrications supplémentaires. En effet, le cours du beurre s'est envolé depuis octobre. Résultat : "sur une facture hebdomadaire, ça représente 300 à 400 euros de plus", que la boulangère n'a pas complètement répercuté sur ses prix de vente. "Je ne vais pas mettre un croissant à 2 euros". Et qui dit baisse de marge, dit manque de moyens pour embaucher. "Il me manque une vendeuse, on comble, mais on ne sait pas si on va tenir le choc".
Elle a alors tenté d'interpeller le Premier ministre : "Quand allez-vous baisser les charges pour pouvoir augmenter les salaires et peut-être booster à la fois la consommation et motiver nos salariés à venir travailler ?"
Ce à quoi Jean Castex lui a conseillé, "par exemple", d'embaucher un apprenti - qui représente une faible charge salariale . Une réponse qui n'a pas satisfait la boulangère, qui n'a "pas le temps de former un apprenti".
Baisser les charges salariales des entreprises
Le chef étoilé Patrick Gauthier installé à Sens est lui aussi venu poser une question à Jean Castex : "Seriez-vous capable d'assumer une partie des charges sociales qu'entrainerait une augmentation des salaires de nos employés ?" Pour lui, après 2 ans de Covid, "on doit augmenter les salaires". Il en a même profité pour glisser une proposition au Premier ministre : "la TVA est un impôt juste, on paye quand il y a des clients, mais les charges sociales sur les salaires sont elles totalement injustes".
Jean Castex a rappelé son soutien pour les restaurateurs, mais aussi le bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron : "Nous avons baissé les impôts et les charges des entreprises à hauteur de 25 milliards d'euros".
Si la réponse n'est pas très claire, Patrick Gauthier était enthousiaste à l'idée d'avoir pu échanger avec le Premier ministre. Ce qui l'inquiète, en revanche, "c'est que Jean Castex est coincé dans le système".
Augmenter les petites pensions de retraite
Nicole Moreau, retraitée, ancienne assistante maternelle, vit difficilement avec sa pension de retraite qui s'élève à 1000 euros par mois. Se nourrir, par exemple, devient compliqué. C'est sans détour qu'elle a alors demandé à Jean Castex une augmentation des petites retraites.
Ce dernier a indiqué que le minimum vieillesse avait déjà été revalorisé sous ce quinquennat de 100 euros par mois pour les plus petites retraites, inférieures à celle de Nicole Morreau. Pour la sienne, et les autres, Jean Castex a annoncé que le gouvernement avait décidé de les revaloriser à hauteur de l'inflation.
Des réponses trop générales ?
D'autres habitants, absents du plateau, ont suivi de manière appliquée ce débat. Et parmi eux, quelques mécontents.
Pour Marie, le Premier ministre n'a pas joué le jeu, apportant des réponses "trop générales", de l'ordre du "tout va bien", c'est "mieux qu'à l'étranger".