La canicule s'installe ce week-end du 8 et 9 juillet sur la Bourgogne, la vigilance "jaune canicule" est maintenue jusqu'à lundi. Nous avons contacté un habitué des chaleurs extrêmes, un Tonnerrois célèbre, qui nous a donné quelques conseils pour supporter la chaleur : il s'agit de Karim Mosta, le double-champion du monde d'ultra-marathon et participant régulier au Marathon des Sables.
Son palmarès le précède, et l'ultra-runner infatigable laisse toujours le public admiratif : victorieux de deux Coupes du monde d'ultra-marathon, Karim Mosta a également participé à 165 raids par étapes et parcouru 217 000 km en courant. Il a participé également à 29 éditions du Marathon des Sables. À 69 ans, l'ultra-runner nous donne quelques conseils.
La chaleur, "il faut s'adapter !"
Karim Mosta est un "habitué" du Marathon des Sables. Certes, c'est un défi sportif, qui nécessite une préparation physique, mais les conseils donnés par l'ultra-marathonien sont tout aussi applicables pour le grand public, en période de chaleur.
Premier rappel : "des températures de 37°C" annoncées", pour Karim Mosta, "il faut faire attention, c'est les températures sous abri, ça veut dire facilement 10 degrés de plus au soleil !"
Le Marathon des Sables, c'est avant tout "supporter la distance. Il faut parcourir 250 kilomètres, donc on s'entraîne pour cela."
L'autre volet, c'est de courir en plein désert. Ce qui n'est pas insurmontable pour l'athlète : "Et après, la chaleur, on s'adapte ! Quand on est un athlète, on supporte plus la chaleur que quelqu'un qui n'est pas en forme. Quelqu'un qui a des problèmes de santé supportera moins bien la chaleur qu'un athlète."
"Le premier conseil, c'est de 's'arroser' !" dit Karim Mosta. L'athlète recommande en effet "d'avoir un brumisateur, pour se rafraîchir régulièrement."
Les conseils de l'ultra-runner s'appliquent également au grand public : "Pour les gens qui font des travaux physiques, ce que je conseille c'est de le faire tôt le matin, à la fraîche. Les gens qui veulent travailler dans leur jardin, il faut le faire de bonne heure ou tard dans la journée. Le reste de la journée, il faut s'humidifier, boire et ne pas trop bouger, tout simplement ! Pour les personnes qui restent à la maison, il faut essayer de créer des courants d'air."
Et pour les sportifs, "il ne faut pas courrir en plein soleil aux heures les plus chaudes. Pour ceux qui souhaitent faire du sport, il faut faire baisser la température, il faut s'arroser ! Ou bien courir dans la forêt, à la fraîche !"
Karim Mosta se rappelle de moments sportifs vécus à des heures très chaudes : "Quand j'ai fait Casablanca - La Mecque (périple à vélo en 2019 ndlr), j'étais obligé de pédaler la journée, alors qu'il faisait des températures de 55°, je m'arrosais, j'étais tout le temps trempé pour faire baisser la température."
En résumé, le brumisateur et boire : "buvez normalement, mais pas trop non plus ! Un litre et demi d'eau par jour c'est très bien ! Et pour ceux qui font du sport, des compléments hydratants !"
Et surtout, se protéger du soleil : "en vélo, j'avais des vêtements couvrants, un chapeau, privilégier les couleurs claires, humidifier les habits."
Le corps peut-il s'habituer à la chaleur ?
Avec une expérience de près de 30 ans de Marathon des Sables, lorsque Karim Mosta a effectué son périple Casablanca - La Mecque en 2019, c'est la "mémoire du corps" qui a fonctionné : "je pédalais de 5 heures du matin jusqu'à 18 heures dans le soleil. Grâce à l'expérience du Marathon des Sables, ça m'a servi. Le corps, il s'est habitué. Je connais les pièges de la chaleur, quand je commençais à ressentir des vertiges, je ralentissais, je m'hydratais."
Autre point à considérer, varier l'alimentation et se tourner vers des aliments plus riches en eau : "C'est important aussi de ne pas manger des trucs lourds, ça demande plus d'efforts à digérer. Des légumes, une salade, des fruits ... La chaleur, il faut être à l'écoute de son corps."
Karim Mosta veut relativiser, si les périodes de canicules sont difficiles à supporter pour certains, il faut demeurer tout simplement prudent vis-à-vis du soleil : "En été il fait chaud, c'est normal ! C'est pas la catastrophe, il faut s'adapter ! Il ne faut pas être en plein soleil, on brûle ! On ne s'adapte jamais au soleil, il tue tout le monde, si on ne fait pas attention !"
Et on est bien enclins à croire Karim Mosta, qui a couru dans tous les déserts du monde, comme dans la Vallée de la Mort (Californie-Etats-Unis) où il faisait 50° !
Pour conclure, une de ses expériences les plus difficiles demeure la jungle tropicale : "Le marathon des sables, le désert, c'est pas le plus dur. Le plus dur, ç'a été le Brésil. On court dans la jungle. Dans le désert tu peux t'asseoir, si tu es fatigué. Au Brésil tu es obligé de rester debout, il y a des bêtes partout. Je me suis fait piquer par un scorpion, j'ai failli mourir ! Il y a 80% d'humidité !"
Une conférence à Casablanca
Karim Mosta était à quelques heures du départ ce dimanche 9 juillet pour le Maroc, où il va donner une conférence à l'Université de Casablanca le 13 juillet : "Je parle de mes aventures, de tout ce que j'ai fait. Et je vais dévoiler mon nouveau projet. Je vais faire Casablanca - Pékin à vélo l'année prochaine. Je me donne 10 mois pour le faire, un truc de fou ! Ça n'a jamais été fait."
Karim Mosta n'a pas fini d'explorer la planète et de nous faire partager sa passion. En tout cas, il est loin de cesser toute activité : "il faut prendre soin de son corps" assure-t-il.