Le conseil régional s'est prononcé ce vendredi 11 décembre sur le futur acquéreur du domaine de l’abbaye de Pontigny (Yonne), dont il est propriétaire. Suite à un débat animé dans l'assemblée, c'est le projet de la fondation François Schneider qui a été retenu.
Le domaine de l'Abbaye de Pontigny, dans l'Yonne, est en vente depuis un peu plus d'un an. Les 9,5 hectares de terrain et les 5 000 m2 de bâtiment sont la propriété depuis 2003 de la région Bourgogne Franche-Comté qui ne veut plus en supporter la charge. Le site présente un état de vétusté important et des coûts de fonctionnement élevés. Un appel à manifestation d’intérêt a alors été lancé en juin 2019. Ce domaine a été évalué à 1,8 million d'euros par les services de la direction immobilière de l’État.
Deux projets étaient en concurrence pour son rachat, celui de la fondation Frédéric Schneider, et celui de la Fraternité sacerdotale St Pierre. La région a annoncé en assemblée plénière ce vendredi le nom du nouvel acquéreur du domaine. Il s'agit de la Fondation Schneider.
La majorité des élus régionaux s'est prononcée pour le projet de l'homme d'affaire, qui propose de racheter le domaine pour 1 800 000 euros. La fraternité sacerdotale St Pierre proposait de son côté 300 000 euros de plus, mais la majorité régionale a estimé que la proposition de François Schneider était plus adaptée au développement du territoire.
"Je suis amené à vous présenter ce projet car il correspond au souci de valorisation culturelle et touristique que nous voulons sur ce lieu emblématique", a déclaré Marie Guite-Dufay, président de la Région Bourgogne Franche-Comté en préambule des débats. "Pour moi, il n’y a pas de comparaison entre un projet de formation, pas ouvert spontanément au public et un projet de mise en valeur touristique avec des investissements forts et notamment des emplois créés à la clé."
Un vif débat au sein de l'assemblée
Si certains élus régionaux comme Muriel Vergès-Caullet ont soutenu le projet Schneider. Les élus du Rassemblement national se sont montrés fortemement opposés au projet.
Vous bradez le patrimoine régional pour un projet fumeux risqué."
Pour Julien Odoul n'a pas caché son opposition au projet porté par Frnaçois Schneider. "Vous bradez le patrimoine régional pour un projet fumeux risqué" a notamment déclaré l'élu icaunais. "Il a montré qu’il n’était pas fiable et je n’ai pas confiance."
Le Rassemblement national par la voix de son président de groupe a dénoncé "le manque de concertation et l'opacité dans ce dossier. Il y a un autre scandale que vous nierez : tout es ficelé depuis le début. Il n’y a pas eu de concertation ni avec les élus locaux, ni dans ce conseil régional."
Les élus de la droite et du centre se sont abstenus, à l'exception d'Eric Gentis, conseiller régional LR de l'Yonne, qui soutient le projet Schneider. "Je suis convaincu que que ce projet entrainera le territoire icaunais vers le haut", a-t-il notamment déclaré.
Ce proche de Jean-Pierre Soisson a d'ailleurs fait savoir que l'ancien président de la région Bourgogne soutenait "sans réserves" le projet du mécène.
Quel est le premier projet ?
Le projet porté par le fondateur des eaux Wattwiller, François Schneider, natif de Joigny, a pour objectif d'agréger sur le site du Domaine de Pontigny des activités touristiques, culturelles, artistiques et économiques qui permettraient de décliner le thème de la "Terre". Ce projet ferait écho au Centre de Wattwiller axé quant à lui sur le thème de l'Eau.
Son projet repose notamment sur la construction d'un complexe hôtelier haut de gamme et d'un restaurant gastronomique, à côté desquelles cohabiteraient d’autres activités. Dans d'autres bâtiments sont prévus la construction d'un centre d'art contemporain, de salles de conférences, salles d'exposition et d'un musée sur l'histoire des cisterciens et du vignoble chablisien. Des contacts ont d'ailleurs déjà été noués avec des viticulteurs.
Sur le domaine foncier, la fondation prévoit égaelment de produire du blé de panification, des plantes médicinales et des fruits en production biologique.
Des lignes de production artisanale seraient également mises en oeuvre en vue de fabriquer et commercialiser sur le Domaine un certain nombre de produits comme du pain, des biscuits, des tisanes et même une liqueur de l'abbaye de Pontigny. Un projet estimé à 50 millions d'euros.
La Fondation a proposé à la région de racheter le domaine pour 1 800 000 d'euros.
Un second projet ?
Il est porté par l’abbé Benoît Paul-Joseph, supérieur du district de France d’une congrégation : la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Cette société cléricale de vie apostolique et de droit pontifical a été fondée en 1988. Cette communauté a une double mission : la formation et la sancitifcation des prêtres et leur action pastorale sur le terrain.
Cette association culturelle souhaite créer un séminaire sur le Domaine de Pontigny avec un lieu de formation en aménageant des salles de cours, des salles de réunion, des chambres et un réfectoire.
Des activités culturelles
La congrégation ensivage également de développer d'autres activités et projets culturels comme l'organisation de concerts, de conférences, des visites guidées, des atelers de chants et un festival de musique.
Concernant la mise en valeur du site, le projet prévoit la création d'un Jardin des Simples (plantes médicinales). La Fraternité St Pierre tout comme la Fondation Schneider se dit prête également à financer la restauration de l'orgue de l'abbatiale auprès de la commune de Pontigny.
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre a proposé d'acquérir le Domaine pour un prix de 2 100 000 euros.
La cession du domaine fait débat dans la sphère politique
Le maire de Pontigny, Emmanuel Maufroy, s’est déclaré favorable au projet de la fondation Schneider. "Si ce projet se met en place dans quelques années, on ne reconnaitre plus notre village. L'ambition de Monsieur Schneider c'est qu'il y ait 1000 visiteurs par jour qui viennent visiter le site." Ce projet d'envergure est également soutenu par l'association des amis de Pontigny.
En septembre, selon nos confrères de l'Yonne républicaine, l’entourage de la présidente de région aurait déjà qualifié de "solide" le dossier Schneider.
Face à eux, les premiers indignés d’une éventuelle privatisation sont les élus du Rassemblement National Julien Odoul et Jacques Ricciardetti.
Les élus estiment que "ce lieu chargé d’histoire sera vendu dans la précipitation et sans aucune consultation ou concertation des associations patrimoniales, culturelles, historiques, des citoyens et des élus locaux"
Le domaine de l'abbaye de Pontigny risque d'être privatisé et transformé en vaste complexe hôtelier sans âme et sans visiteurs. @bernstephane, notre patrimoine a besoin de vous !#SauvonsPontigny #Yonne #BourgogneFrancheComté pic.twitter.com/ebeG7sDZV1
— Julien Odoul (@JulienOdoul) December 7, 2020
Yves Delot, maire de Saint-Florentin et président de la Communauté de Communes Serein et Armance a également adressé un courrier à Marie-Guite Dufay le 30 novembre. Un courrier dans lequel l'élu s'étonne que la région ait une préférence pour le projet Schneider. Yves Delot est convaincu que le second projet porté par la Fraternité "aura un plus grand impact en termes de fréquentation des visites du site." Il considère le premier projet "diffus et sans grande logique par rapport au site".
La décision va être prise lors de l'assemblée plénière du conseil régional qui se déroule sur deux jours au Zénith de Dijon, jeudi et vendredi. Selon plusieurs sources, c'est la fondation Schneider qui tient la corde auprès de la région.