Contrôle des chômeurs, radiations, emplois "vacants" : comment ça marche ?

Contrôler davantage les chômeurs et leur recherche d'emploi : au-delà du tollé provoqué par le ministre du Travail, François Rebsamen, quelle est la réalité des contrôles faits par Pôle emploi ? Quels sont les "350 000 emplois" qui cherchent preneurs? Voici les réponses d'un professeur d'économie.


Dans quels cas les chômeurs sont-ils radiés?

En 2013, chaque mois, environ 44 000 chômeurs ont été rayés des listes de Pôle emploi. Un chiffre en baisse : ils étaient en moyenne plus de 49 000 en 2007.

Les demandeurs d'emploi peuvent être temporairement sanctionnés (désinscription et perte de leur allocation pour ceux qui sont indemnisés) s'ils ne respectent pas l'une des "obligations" définies par la loi en 2008 : rechercher activement un emploi, accepter les "offres raisonnables d'emploi", se rendre aux convocations ou encore ne pas faire de déclaration mensongère. Ces radiations sont laissées à l'appréciation des agents.

Par ailleurs, des demandeurs d'emploi peuvent être automatiquement rayés des listes car ils ont repris un emploi, ont omis de déclarer leur situation mensuelle à Pôle emploi, entrent en formation ou déclarent cesser de rechercher un emploi. Selon Pôle emploi, en décembre 2013, seules 19% des radiations représentaient des sanctions prononcées par des agents.

Selon le médiateur de Pôle emploi, qui a publié en 2013 des statistiques sur la base des plaintes reçues, 90% des radiations seraient dues à des absences à convocation. Et seulement 2% à une insuffisance de recherche d'emploi.  Il soulignait aussi la baisse de la part des chômeurs qui perçoivent une allocation parmi les radiés : ils étaient moins d'un quart en 2011, contre un tiers en 2008.


Le contrôle de la recherche d'emploi est-il possible?

Les 47.000 salariés de Pôle emploi - en équivalent temps plein -, dont moins de la moitié sont au contact des chômeurs, ne peuvent pas contrôler les plus de 5 millions d'inscrits, dont ils doivent gérer l'inscription, l'accompagnement, l'indemnisation et la formation, en plus du recueil des offres d'emploi auprès des entreprises.

Depuis 2013, Pôle emploi expérimente dans quatre régions des équipes de "contrôle de la recherche d'emploi". "L'objectif est avant tout de contrôler, par téléphone ou lors d'un rendez-vous physique, que la recherche est efficace : si les demandeurs d'emploi font des candidatures qui n'aboutissent pas dans les secteurs qui recrutent, on cherche où est le problème", explique-t-on. Tout en refusant de communiquer de données sur la proportion de chômeurs radiés après ces contrôles.

François Fontaine, professeur d'économie à l'université Paris 1, souligne que les études menées dans plusieurs pays (Pays-Bas, Danemark, Suisse...) "montrent que l'intensification du contrôle de la recherche d'emploi augmente le taux de retour à l'emploi". Cela "oblige à avoir une activité de recherche plus systématiqueet plus organisée", estime-t-il. François Fontaine précise aussi que les pays qui ont intensifié le contrôle ont dans le même temps accentué l'accompagnement des demandeurs d'emploi.


Existe-t-il un lien entre le contrôle des chômeurs et la question des emplois dits "non pourvus"? 

François Rebsamen a déclaré mardi 2 septembre que le renforcement du contrôle était nécessaire, notamment car il y aurait "350 000 emplois" non pourvus. Il n'existe en réalité pas de statistiques fiables sur ce concept d'emplois dits "vacants", que les spécialistes manipulent avec des pincettes.

En 2013, avant d'annoncer un plan de formation d'urgence vers ces métiers "en tension" (secteur sanitaire et social, hôtellerie-restauration, bâtiment...), François Hollande avait parlé de "200 à 300 000" postes. Michel Sapin, le prédécesseur de François Rebsamen, avait toutefois reconnu "manquer de données objectives permettant d'évaluer l'intensité du problème". Le Medef brandit lui le chiffre de 400 000 emplois qui chercheraient preneurs.

Le Centre d'orientation pour l'emploi, qui s'est penché sur ce sujet ardu fin 2013, ne s'est pas risqué à livrer d'estimation. Pour améliorer l'adéquation entre l'offre et la demande, il soulignait le rôle de la formation professionnelle et appelait à "faire évoluer les méthodes de recrutement", mais aussi à "améliorer l'attractivité", notamment salariale, de ces emplois".

Pour François Fontaine, "c'est une erreur de faire le lien entre les comportements de recherche d'emploi et les emplois vacants, car une bonne partie vient de l'inadéquation des compétences et de l'éloignement géographique".
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