PSA-La Janais : ce qu'il faut retenir de cette journée-choc

Des salariés sous le choc, des syndicats écoeurés... A Rennes, l'annonce de la suppression de 1 400 postes a provoqué une onde de choc. Les rumeurs allaient bon train ces derniers jours, mais cette fois, c'est officiel.

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1 400 salariés vont devoir quitter l'usine de Rennes. Jean-Luc Perrard, directeur de l'usine PSA La Janais, a expliqué lors d'une conférence de presse que le site de Rennes allait mettre en place un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui va concerner 1 400 personnes. "Un plan de départ volontaire sera lancé en juin 2013 et si nous n'arrivons pas au nombre espéré, il y aura des mesures contraintes"... donc des licenciements.
 

  • Des salariés choqués
Ils ont embauché très tôt ce matin, comme d'habitude, mais l'ambiance était encore plus lourde que ces derniers jours. Beaucoup de salariés refusent de parler à la presse, ils semblent avoir peur de ce qui va arriver.


 

  • Un nouveau véhicule en 2016
Le président du directoire Philippe Varin a assuré "construire un avenir pour Rennes". Un nouveau véhicule sera construit à Rennes en 2016. Selon les éléments obtenus à Rennes par les délégués syndicaux, il s'agirait d'un "nouveau véhicule, de moyenne gamme, équivalent C4 Picasso". Mi-mai, la direction avait évoqué la possibilité que La Janais récupère des véhicules du groupe américain General Motors dans le cadre du rapprochement des deux groupes. Mais, selon les syndicalistes rennais, GM n'est pas concerné par le projet de nouveau véhicule envisagé pour Rennes à l'horizon 2015/2016. 

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  • Les syndicats écoeurés
"La direction nous déclare la guerre" s'indigne Mickaël Gallais, délégué syndical de la CGT à Rennes." Je suis arrivé en 2004, a-t-il expliqué à notre équipe sur place, j'ai vu partir la moitié de mes collègues sur la ligne... on va se battre".
Ce midi, des salariés ont débrayé à l'appel, notamment de la CGT. Le site de Rennes a perdu la moitié de ses effectifs en 7 ans et ça continue, nous dit David Ruellan, du SIA, le syndicat indépendant de l'automobile "nous avons déjà fait tant d'efforts". Et le syndicaliste de rappeler, les transformations imposées aux salariés: "on nous a demandé de compacter [transformer les lignes], nous avons compacté, on nous a demandé de réduire la masses salariale, nous avons réduit la masse salariale... et ça continue".



Pour Nadine Cormier, déléguée FO à la Janais, ne mâche pas ses mots. Pour elle, la direction fait du chantage : "on nous dit qu'une nouvelle voiture sera affectée à Rennes après le licenciement de 1 400 salariés... c'est du chantage".  Elle estime que ses propos sous-entendent que les salariés devront se tenir tranquilles d'ici là et accepté les suppressions d'emplois. "C'est l'usine la plus sinistrée du groupe", selon Pierre Contesse, délégué FO, présent à Paris ce matin. Il faut dire que le site de Rennes a perdu la moitié de ses salariés en 7 ans.

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"Mon père a travaillé ici, on était 12 000 il n'y a pas si longtemps que ça et nous, on pensait finir notre carrière à l'usine... j'ai été embauchée, il y a 20 ans, auourd'hui, j'en ai 46, je ne vais pas finir ma carrière chez PSA" a expliqué Nadine Cormier. Les syndicats ont appris l'information par les médias. Ils n'en reviennent pas et craignent la fermeture pure et simple du site de Rennes, à plus ou moins long terme... comme Aulnay disent-ils. Ils ne veulent pas rester les "bras ballants".
Les syndicats de PSA à Rennes appellent à manifester demain devant l'usine de la Janais à 13h. 

  • Le maire de Chartres de Bretagne en appelle au président de la république

Philippe Bonnin (PS), le maire de Chartres de Bretagne, en appelle jeudi au président de la République "pour convoquer une réunion d'urgence de tous les partenaires". "Aujourd'hui, l'Etat ne peut se permettre de laisser la filière automobile française courir à sa perte. L'engrenage du chômage n'est acceptable pour personne. J'en appelle instamment au président de la République pour convoquer une réunion d'urgence de tous les partenaires", explique Philippe Bonnin dans un communiqué. "1.750 emplois (supprimés) hors intérim en 2009-2010, et aujourd'hui 1.400. L'usine avait 11.800 salariés en 2006. L'effectif va tomber en-dessous de 4 500 (moins 62% en 8 années d'ici 2014 !). N'avons-nous pas atteint le seuil de rupture ?", s'interroge M. Bonnin, également président délégué de l'Association des collectivités sites d'industrie automobile (ACSIA), qui a écrit le livre blanc sur l'automobile.


  • La sous-traitance également inquiète
Certains sous-traitants sont venus soutenir leurs collègues rennais ce midi. Ils sinquiètent pour leur avenir. Il faut dire que PSA-La Janais représente 17 000 emplois indirects dont beaucoup de sous-traitants, comme Faurecia, Cooper-Standard ou encore Sanden.

 

  • Le gouvernement n'accepte pas le plan de restructuration présenté par PSA

"Nous n'acceptons pas en l'état le plan" présenté jeudi matin par le constructeur, a déclaré le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg devant le Sénat, sans préciser les moyens de pression que le gouvernement pourrait faire jouer sur le groupe privé. Un expert, Emmanuel Sartorius, a été nommé, il doit examiner la situation financière du groupe privé. "Nous allons demander à PSA d'abord de justifier la situation qui est celle-ci et ensuite d'ouvrir un dialogue social que le Premier ministre a exigé comme étant exemplaire", a poursuivi Arnaud Montebourg. "Nous demandons à PSA d'examiner loyalement toutes les autres solutions que celles qu'il a réservées à plusieurs sites de France et notamment à ces milliers de salariés concernés", a-t-il insisté.



 


Que fabrique-t-on sur le site de la Janais, aujourd'hui?
Spécialisé dans les voitures familiales, le site de Rennes-La Janais, frappé par une nouvelle saignée de 1.400 postes (sur 5.600) annoncée jeudi, produit essentiellement la Peugeot 508, l'un des fleurons du groupe, et la Citroën C5, un modèle en fin de vie. Le site produit également quelques centaines de C6 par an, un modèle haut de gamme dont la production sera arrêtée à la fin de l'année.

Le site de Rennes a déjà perdu la moitié de ses effectifs en 7 ans, avec 5.600 salariés contre 12.000 en 2005, et ne tourne qu'à une partie de ses capacités. En 2011, grâce à la mise en production de la 508, Rennes-La Janais avait vu sa production bondir à 185.000 véhicules, après 118.000 véhicules en 2010. La production devait cependant retomber à 145.000 unités cette année.
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