Brittany Ferrries : les marins rejettent un accord

Le protocole d'accord entre la direction de la Brittany Ferries et les syndicats ne convainc pas les marins. Une table ronde sera organisée vendredi au ministère des Transports pour tenter de débloquer la situation.

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Les marins de la Brittany Ferries semblaient décidés jeudi à rejeter un protocole d'accord avec la direction visant à réduire les coûts salariaux, au risque de voir la Sica, première coopérative légumière française et principal actionnaire de la compagnie, se retirer de celle-ci.

"Les navigants rejettent le protocole, personne n'en veut", a assuré à l'AFP Cyril Toulan, élu CFDT au comité d'entreprise de la compagnie.

Les syndicats CFDT et CGT et la direction sont parvenus à un accord mercredi soir à Roscoff (29) sur les principaux points au centre d'un conflit social qui paralyse l'entreprise depuis vendredi. Mais, avant sa signature éventuelle par les élus syndicaux, le texte a été soumis au personnel navigant (hors cadres).

"On va vers du dur", a estimé M. Toulan, indiquant que le secrétaire général de la Sica de Saint-Pol-de-Léon (29) avait lancé un ultimatum aux organisations syndicales. "Si on ne signe pas le protocole d'accord, M. (Jean-François) Jacob et la Sica vont se désengager de la Brittany Ferries", a-t-il expliqué.

M. Jacob, qui n'était pas joignable jeudi, est aussi vice-président de la Brittany Ferries. "C'est se tirer une balle dans le pied", a jugé l'élu CFDT.

Face à la situation "extrêmement préoccupante" de la compagnie, le conseil régional de Bretagne s'est empressé de faire savoir qu'il était prêt à lui venir en aide.

"La région tient à la Brittany comme à la prunelle de ses yeux", a déclaré mercredi soir à l'AFP Gérard Lahellec, vice-président du conseil régional en charge des transports, estimant que la situation de l'entreprise représentait "une menace pour toute l'économie bretonne". La région pourrait ainsi envisager "d'anticiper des investissements", bientôt imposés au niveau européen.

Le gouvernement semblait lui aussi ne pas vouloir garder les bras croisés face à un conflit actuellement dans l'impasse.

Le ministre délégué chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Frédéric Cuvillier, a indiqué, dans un communiqué, qu'il organiserait vendredi une table ronde sur l'avenir de la compagnie, soulignant que "la pérennité de l'entreprise est en jeu".

La compagnie, qui dessert la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne, a décidé vendredi d'immobiliser ses bateaux jusqu'à nouvel ordre en raison de plusieurs mouvements de grève de 24 heures de son personnel navigant, bien que celui-ci ait voté la reprise du travail.

"Nous sommes toujours à bord et on ne bougera pas tant qu'il n'y aura pas une issue au conflit", a assuré à l'AFP Jérôme Villemin, maître mécanicien à bord du Pont-Aven, immobilisé à Brest avec tout son équipage à bord.

Début juin, l'entreprise, confrontée à des difficultés financières depuis plusieurs années, avait annoncé la suppression de plusieurs traversées avant et après-saison et la mise en place d'un plan de retour à la compétitivité, prévoyant la réduction de coûts salariaux par le biais d'une annualisation et d'un aménagement du temps de travail et de la suppression de certains avantages.

Les marins étaient prêts à renoncer à certaines primes, mais uniquement le temps que les finances de la compagnie aillent mieux, ce que celle-ci refuse.

Créée en 1973, la Brittany Ferries (BAI SA) revendique 2,6 millions de passagers transportés par an, dont 85% de Britanniques. Son capital est détenu majoritairement par la Sica, à l'origine de sa fondation pour développer les exportations de la zone légumière de la côte nord de la Bretagne. Elle emploie environ 2.500 personnes, exclusivement des marins français.

 
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