les déserts médicaux, sommes-nous concernés en Bretagne?

La ministre de la santé, Marisol Touraine, vient de présenter un "pacte territoire santé" pour lutter contre les déserts médicaux. La Bretagne n'échappe pas à ce phénomène. Voici notre enquête. 

Marisol Touraine a présenté jeudi un "pacte territoire santé" censé lutter contre les déserts médicaux. En Bretagne, des professionnels et des communes se mobilisent déjà depuis des années pour tenter de maintenir l’accès aux soins, dans des territoires boudés par les médecins. Certaines propositions de la Ministre de la Santé, comme l’internat de campagne, ont  déjà été testées en Bretagne. Mais dans quelle mesure sommes-nous concernés par ce que l’on appelle "la fracture sanitaire" ? Qu’en pensent nos jeunes médecins ?

Existe-t-il des déserts médicaux en Bretagne ? 

En octobre dernier, l’association "UFC que Choisir" a publié une étude sur la "fracture sanitaire" en France et particulièrement en Bretagne. Les conclusions sont préoccupantes: des déserts médicaux persistent, surtout quand il s’agit d’accès aux spécialistes comme les gynécologues ou les pédiatres. Le Centre-Bretagne et les Côtes-d’Armor sont clairement lésés, même si notre région apparaît globalement préservée en terme de continuité des soins. Exemple à Guiscriff dans le Morbihan. La mairie a publié une petite annonce sur le site du Bon coin pour trouver un médecin.

Exemple à Eréac (22). Cette commune a engagé une société spécialisée pour rechercher un médecin. Opération  séduction réussie, un médecin roumain s'est installé au début de l'année. Nous avions vécu cette installation avec elle et les habitants d'Eréac.


La campagne elle-même n'attire pas les jeunes médecins

Marisol Touraine propose un salaire minimum de 4.600€/mois (55.000€/an) pour les jeunes médecins diplômés qui viendraient s’installer au moins deux ans dans un désert médical. Du côté des étudiants, les réactions sont plutôt mitigées comme à la fac de médecine de Rennes. Idem pour le praticien installé à Eréac qui juge la rémunération insuffisante au regard de la densité de travail en milieu rural.


Quelles solutions pour lutter contre les déserts médicaux ? Exemples d'initiatives. 

Le Morbihan mise sur une opération séduction auprès des étudiants la pénurie de médecins dans les zones rurales ne date pas d’hier. C'est le cas à Bréhan. Dès 2009, la petite commune a choisi d’anticiper en proposant aux étudiants, internes en médecine générale, de venir faire leur internat dans le cabinet médical local. Ils étaient alors logés et nourris au presbytère.


Les médecins volants de Belle-Île-en-Mer. Avec 3 médecins à Belle-Ile, la permanence des soins ne peut pas être assurée notamment en pleine saison touristique (5000 habitants en hiver, 35 000 en été). Au printemps dernier, des médecins du continent se sont proposés pour venir assurer des vacations de 24 heures sur l’île.

Cette première nationale, pourtant réussie, ne sera pas reconduite. Pour le coup, les élus locaux s’y opposaient formellement !

Des mesures qui vont dans le bon sens

Ces mesures vont "dans le bon sens", ont estimé les syndicats d'internes et de jeunes médecins ISNIH et ISNAR-IMG. L'ANMEF, qui défend les étudiants en médecine, s'est félicité de l'absence de "mesures coercitives qui ont fait la preuve de leur non-efficacité". L'ensemble du plan coûtera 7 millions d'euros l'an prochain, la plupart des mesures mettant du temps à monter en charge. En année pleine, la dépense s'élèverait à 50 millions d'euros, prévoit le ministère.
Que dit le "pacte territoire santé" de Marisol Touraine :
Un dispositif qui se veut incitatif et qui cible plusieurs aspects : 

LA FORMATION : La totalité des étudiants en médecine devront faire un stage en cabinet libéral de médecine générale, si possible dans un territoire isolé. C’est en principe obligatoire mais, en réalité, un étudiant sur 2 n’effectue pas ce stage.

L'INSTALLATION  :
- D’ici à 2017, environ 1500 bourses seront accordées aux étudiants dès la 2ème année de médecine, sous la forme d’une allocation mensuelle. En échange, ils s’engagent à s’installer dans une zone sous-dotée. 200 postes de praticiens territoriaux de médecine générale dès 2012
- Création de 200 postes de praticiens territoriaux de médecine générale dès 2013 assorti d’un revenu garanti de 55.000 euros annuels.
- Dans chaque Agence Régionale de Santé, mise en place d’un "référent installation" pour renseigner les jeunes médecins.

LES CONDITIONS D’EXERCICE :
- Favoriser le travail en équipe de proximité (maisons médicales) grâce à des paiements au forfait. Ces sommes forfaitaires, versées par l’Assurance maladie, devraient aider à financer la mise en place d’un secrétariat, de matériel informatique, etc.
- Rapprocher les maisons de santé des Universités. Faire sortir l’hôpital de ses murs en externalisant dans les maisons de santé l’accueil des internes, la formation voire la recherche. En effet, les jeunes médecins diplômés ont tendance à s’installer près de leur lieu de formation.
- Développer la télé-médecine en commençant par la dermatologie.
- Accélérer les transferts de compétence. Exemple avec les ophtalmologues, submergés et pour lesquels les délais de rendez-vous sont souvent de plusieurs mois y compris en Bretagne. Ils devraient être incités à déléguer certains actes à d’autres professionnels comme les orthoptistes. Au CHU de Rennes, ce sont des étudiants en orthoptie qui réalisent les tests de vue sous le contrôle d’un médecin.
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