Les premiers mots de François Gabart à son arrivée aux Sables d'Olonne après un peu plus de 78 jours de mer... Emotion.
François Gabart, skipper du bateau Macif, a franchi dimanche 27 janvier la ligne d'arrivée du Vendée Globe après un peu plus de 78 jours de course. Il remporte ainsi pour sa première participation la course à la voile en solitaire, et bat de six jours le record établi en 2009 par Michel Desjoyaux en bouclant sa circumnavigation express de quelque 24 000 milles (44 450 km) en 78 jours 02 heures et 16 minutes. Armel Le Cléac'h, son dauphin, devrait arriver quelques heures plus tard.
"J'ai appris sur moi, qu'on avait des limites qui étaient très très loin"
"C’est un soulagement énorme, tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, on ne sait pas ce qui peut se passer avec les pêcheurs et les cargos. Ça faisait quelques jours que je commençais à y croire mais je voulais rester concentré... Quand je suis parti, je ne pensais pas jouer la victoire. Je savais que c’était possible mais je ne cherchais pas ça. Dans l’Indien, j’ai commencé à y penser et quand Armel et moi nous sommes tiré la bourre, je me suis dit que j’avais une chance sur deux de gagner. Et ensuite, dans l’Atlantique, j’y ai cru. Quand on prend des coups dans la figure, il faut se battre. Je me suis investi pour faire face à ce qui nous arrive, et il nous en est arrivé beaucoup ! Je n’ai jamais baissé les bras. Mon moteur m’a lâché cinq jours après le départ, ça a été dur, surtout qu’on a vu que l’énergie est importante dans cette course. Mais j’ai réussi à réparer."
"Ce qui m’a manqué, c’est le calme et la vie terrienne"
"Ca a toujours été dur. On n'a jamais pu se reposer", a déclaré le vainqueur juste après son arrivée. "J'ai appris sur moi, qu'on avait des limites qui étaient très très loin, que
le corps humain, l'homme peut faire de belles choses. Je n'ai jamais eu l'impression d'avoir une seconde de pause. Il faut beaucoup d'énergie, beaucoup de boulot et l'envie de bien faire", a t-il ajouté. Quelques minutes après le franchissement de la ligne, des équipiers de Gabart sont montés à bord pour s'occuper du bateau, ainsi que sa femme Henriette qui est tombée dans ses bras.
Le secret d'une victoire, c'est "un bon bateau, une bonne préparation et ne rien lâcher"
Le Vendée Globe est "une course difficile, on prend des coups dans la figure", a raconté Gabart, expliquant qu'il avait eu "un paquet de soucis" mais qu'il n'avait "jamais baissé les bras". Le secret d'une victoire, a-t-il expliqué, c'est "un bon bateau, une bonne préparation et ne rien lâcher". Mais "c'est intense de bout en bout, c'est ce qui fait difficulté de cette course qui dure trois mois et pas une semaine". La remontée du chenal et le retour dans le port ont été extrêmement émouvants, avec des milliers de supporters l'applaudissant et scandant son prénom, des dizaines d'embarcations entourant le voilier. Gabart, placé sur la plage avant de Macif, retenait difficilement ses larmes, submergé par l'émotion. "Au niveau émotion, on ne peut pas faire plus, a-t-il reconnu en arrivant au ponton. J'avais vécu ça en tant que spectateur il y a 4 ans mais je suis quand même surpris par l'accueil. Je savais que je le ferai un jour mais je ne pensais pas que 4 ans plus tard j'arriverai en vainqueur".
"Merci Armel Le Cléach"
Le poursuivant immédiat de Gabart, le Français Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), était attendu dans la soirée aux Sables. "Merci Armel, ce qu'on a vécu tous les deux c'est quelque chose d'exceptionnel. Toute l'intensité qu'il y a eu pendant ces trois mois c'est grâce ou à cause d'Armel" a déclaré le vainqueur au sujet de la rivalité avec son dauphin. "Maintenant que c'est fini, je peux le dire. Merci Armel. Sans lui, on aurait jamais pu pousser aussi loin", a déclaré François Gabart, avant de poser pied sur la terre ferme. "Sans lui, ce Vendée Globe n'aurait pas été ce qu'il a été".