François Gabart, ému aux larmes par la foule venue l'accueillir aux Sables d'Olonne, a gagné dimanche dans un temps record le 7e Vendée Globe, devenant le plus jeune vainqueur de ce tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Armel Le Cléac'h est arrivé 2ème.
Le vent étant bien retombé, Gabart a franchi sous une éclaircie et à petite vitesse la ligne d'arrivée située à l'extérieur du chenal à 15h18 heure française, bouclant sa circumnavigation express en 78 j 02 h et 16 min, soit six jours de moins que le record établi en 2009 par son mentor Michel Desjoyeaux (84 j 03 h et 09 min), qui est venu l'enlacer à bord. Gabart a parcouru au total 28.646,5 milles (53.053 km) à la vitesse moyenne de 15,3 noeuds, et n'a devancé au final son dauphin Armel Le Cléac'h, arrivé à 18h35, de seulement trois heures et 17 minutes...
L'arrivée de François Gabart aux Sables d'Olonne
Un feu d'artifice a marqué son entrée dans le chenal des Sables-d'Olonne
Escorté d'une trentaine de vedettes, Gabart, qui n'a pu retenir quelques larmes, a remonté le chenal pendant une bonne demi-heure, en brandissant des fusées de détresse sous des "François, François" clamés par la foule. "C'est difficile de ne pas être ému, car c'est quelque chose d'exceptionnel. L'intensité est multipliée par je ne sais combien par rapport à ce qu'on vit à terre", a déclaré le skipper. Il a ensuite été félicité par Louis Burton, le benjamin de la course qui a dû abandonner lors de la première semaine après une collision avec un chalutier et présent sur un zodiac de l'organisation, avant d'accoster, de sabrer le champagne et d'être porté en triomphe par son équipe. Ensuite sont venues les embrassades avec ses parents et sa compagne norvégienne, Henriette.
Frères siamois
François Gabart a tenu à rendre hommage à son dauphin, Le Cléac'h. "Merci Armel, ce qu'on a vécu tous les deux c'est quelque chose d'exceptionnel. Toute l'intensité qu'il y a eu pendant ces trois mois c'est grâce ou à cause d'Armel", a-t-il déclaré. "Etre à deux fait qu'on a maintenu un train qu'on n'aurait peut-être pas soutenu. Ca a fait monter le niveau, c'était génial!", a répondu Le Cléac'h, tout sourire à l'arrivée au ponton.
L'arrivée d'Armel Le Cléac'h
Gabart et Le Cléac'h ont des parcours assez similaires et sont passés par le Pôle Finistère Course au large de Port-la-Forêt, véritable usine à champions dirigée par Christian Le Pape. "J'ai appris sur moi, qu'on avait des limites qui étaient très très loin, que le corps humain, l'homme, peut faire de belles choses. Je n'ai jamais eu l'impression d'avoir une seconde de pause", a également jugé Gabart, qui n'a cependant "pas maigri" en mer. "J'ai même pris quelques grammes! J'avais la hantise de ne pas assez manger, donc j'avais prévu pour 87 jours de mer, plus sept jours un peu moins copieux", a avoué le skipper, qui avait emporté à bord 3,7 kilos de chocolat (40 tablettes!), son péché mignon.
Sa course, un modèle d'intelligence
Le secret du Charentais, né à Saint-Michel d'Entraygues mais aujourd'hui installé à La Forêt-Fouesnant (Finistère) avec sa compagne et leur fils de 10 mois Hugo, tient sans doute à sa formation d'ingénieur (Insa Lyon). Sa victoire dans le Vendée Globe est un modèle d'intelligence. Toujours aux avant-postes dans la descente de l'Atlantique et l'océan Indien, dessinant des trajectoires impeccables, il est passé en tête à la hauteur du cap Leeuwin (sud-ouest de l'Australie), se livrant ensuite à un duel haletant avec Le Cléac'h jusqu'au cap Horn. Gabart a pris le large dans la remontée de l'Atlantique, son "meilleur ennemi" lui reprenant toutefois quelques milles à la hauteur du Pot au Noir. Mais le skipper de Macif n'a plus jamais quitté la tête et a gardé son sang froid jusqu'au bout. Même lors de la dernière ligne droite dans le golfe de Gascogne, sous la pression d'un Le Cléac'h qui, fidèle à son surnom de "chacal", ne voulait rien lâcher. "La course s'est jouée au large du Brésil: j'ai tenté un coup, je pensais profiter d'une dépression orageuse pour revenir au contact mais ça n'a pas marché", a analysé la dauphin.
Derrière ce duo, le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss), 3e, devrait être le prochain concurrent à rallier Les Sables, mardi ou mercredi. Vingt concurrents avaient pris le départ du Vendée Globe le 10 novembre et 12 étaient encore en course dimanche.