A l'invitation des intersyndicales des groupes volaillers Doux et Tilly Sabco, tous les acteurs de cette filière menacée se sont réunis à Chateaulin pour tenter de trouver des solutions de survie.
Aviculteurs, salariés, industriels, élus de tous bords ont répondu nombreux à l'invitation des syndicats des groupes Doux et Tilly Sabco. Le message est clair : pour sauver la filière avicole, il faudra jouer collectif. Au centre des débats : la réduction brutale et drastique des restitutions européennes. En Bretagne, elles passeront de 80 à 25 millions en 2013. "Personne ne souhaite des restitutions pour des restitutions. Ce que l'on souhaite, c'est avoir accès à des conditions de marché équitables avec nos compétiteurs brésiliens. Tout le monde a à coeur de réfléchir, rassembler en jouant collectif pour trouver les meilleurs leviers pour surmonter ce challenge", explique Daniel Sauvaget, PDG de Tilly-Sabco,
Doux et Tilly réalisent l'essentiel de leur activité à l'export, en poulets congelés vendus au Moyen-Orient. Même si les entreprises reconnaissent la nécessité de se réorganiser, elles n'envisagent pas cependant de changer de cap."Il est illusoire de penser que toutes les quantités produites par notre filière puissent un jour trouver leur place sur le marché français ou européen. Le problème n'est pas l'export, l'export est sans doute la solution", proclame à la tribune François Le Fort, directeur industriel du groupe Doux.
Pourtant, ils sont de plus en nombreux à penser que la filière avicole doit se recentrer sur le marché français et produire du frais dont la consommation est en hausse régulière.
"44% du poulet aujourd'hui est importé en France. Cessons ces importations et gardons nos emplois. L'objectif de cette réunion, c'est de trouver des solutions et de les reporter au gouvernement et à l'Europe", conclut Nadine Hourmant, membre de l'intersyndicale .A l'issue de ce débat, les syndicats vont établir une feuille de route qu'ils remettront aux élus politiques à la fin du mois. leur objectif: peser sur Paris et se faire entendre à Bruxelles.
Le reportage:
Doux pourrait se passer des subventions européennes ?
En milieu de semaine, le PDG du groupe Doux avait annoncé que le groupe, toujours en redressement judiciaire, était désormais "rentable". Le directeur en charge du redressement du groupe, Arnaud Marion, estimant même qu'il serait capable à terme de se passer des subventions européennes pour l'exportation de poulets.
"Aujourd'hui, après de nombreux mois d'efforts soutenus, le groupe Doux affiche un nouveau visage", a assuré Charles Doux lors d'une conférence de presse téléphonique. "Le groupe va bien, il est maintenant en ordre de marche pour poursuivre son redressement et commencer à rembourser tous ses créanciers", a-t-il insisté, estimant que le plan de continuation du groupe assurera "un avenir rentable et pérenne" à ses 2.380 salariés.
Sur l'épineuse question des subventions européennes octroyées à la France pour l'exportation de poulets et que Bruxelles a récemment diminuées, Arnaud Marion s'est voulu rassurant. A la question de savoir si le groupe pourrait à un moment donné s'en passer, il a répondu par l'affirmative. "Oui, nous sommes capables de dessiner un avenir pour Doux sans restitutions, dès lors qu'on aura des conditions de marché qui nous permettront d'avoir une saine compétition et compétitivité vis-à-vis des compétiteurs étrangers avec des paramètres économiques normaux", a-t-il poursuivi, expliquant ne pas souhaiter "un euro hyper fort" par exemple.
"En 5 ans, Doux a divisé par plus de 4 le poids des restitutions à la tonne de poulet, donc ça veut dire que l'entreprise s'y est adaptée", a-t-il assuré. "On pense que ce n'est pas de l'aide publique que nous devons dépendre, mais d'une performance et d'une compétitivité de la filière", a-t-il estimé. Placé en redressement judiciaire le 1er juin avec une période d'observation de six mois, le groupe a vu, à sa demande, son pôle frais, déficitaire, liquidé et partiellement repris début septembre, avec la perte d'un millier d'emplois. L'ancien poids lourd de la volaille se compose désormais uniquement des pôles surgelés et produits élaborés.
Fin novembre sa période d'observation a été prolongée de trois mois jusqu'au 28 février. Un point d'étape est prévu mardi prochain au tribunal de commerce de Quimper. Le groupe souhaite proroger la période d'observation de trois mois supplémentaires, soit jusqu'au 31 mai.