Médiator : le procès reporté d'au moins un an

Le tribunal correctionnel de Nanterre a décidé de reporter le procès du Mediator, après avoir ordonné un supplément d'information. La date d'une reprise du procès pourrait être fixée lors d'une audience prévue le 15 mai 2014.

Le parquet de Nanterre et toutes les parties civiles avaient demandé un supplément d'information. Ce report vient d'être décidé par le tribunal correctionnel de Nanterre. Le parquet de Nanterre souhaitait être davantage informé sur la communication qui a été faite par les laboratoires Servier aux visiteurs médicaux, aux médecins et au final au consommateur, à qui l'on a prescrit du Mediator. Cette communication paraît, "au vu des débats qui se sont tenus jusqu'ici (...) opaque", avait estimé le procureur Philippe Bourion. 

Trop de contradictions

La présidente de la 15e chambre du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a jugé que le tribunal était dans l'impossibilité de prendre une décision en l'état et a demandé à ce que "la totalité du dossier" de l'instruction actuellement en cours à Paris sur les même faits lui soit transmise, une fois que celle-ci sera terminée. Ce volet de l'enquête pourrait être, selon le parquet de Paris, bouclée à l'été 2013. Il y a eu au cours des débats qui se sont tenus jusqu'ici "de multiples références à l'instruction en cours" à Paris et le tribunal est à ce stade "dans l'incapacité de dissiper certaines contradictions", a relevé la présidente pour  justifier sa décision. 

On s'en doutait


Irène Frachon, interrogée par le Télégramme, a affirmé qu'elle s'en doutait "vu la manière dont se sont déroulées les audiences depuis le 11 mai",  date de la reprise du procès. "Je pense aussi que cela traduit la réserve évidente de la juge à s’engager dans les débats. À mon avis, la procédure de Nanterre va être jointe à celle de Paris. Je trouve que le délai est long. Après mai 2012 on a eu mai 2013 et maintenant mai 2014. Est-ce un marronnier ?"

Nouveau coup dur pour les victimes

Jeudi, le parquet de Nanterre avait demandé un supplément d'information mais plus restreint, portant notamment sur le rapport d'expertises ordonné par les juges d'instruction parisiens et rendu public en avril. Selon ce document, le Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009, pourrait provoquer de 1.300 à 1.800 morts par valvulopathie (défaillance des valves cardiaques) en France. Les conseils des laboratoires Servier avaient eux demandé un supplément d'information portant notamment sur le rôle de l'Agence du médicament, mise en examen en mars à Paris. "Le tribunal est allé au-delà de ce que nous demandions, en réclamant l'ensemble du dossier", a souligné Me Hervé Temime, conseil de Jacques Servier, 91 ans, le fondateur des laboratoires. Pour les victimes présumées, ce renvoi du procès, qui avait déjà été suspendu il y a un an pour des questions de procédure, a un goût amer.

"Des malades vont continuer à mourir"

"Je suis déçu, le procès va mettre beaucoup de temps à reprendre et pendant ce temps-là des malades continuent à mourir", a déploré Sylvain Ramsany, qui a consommé du Mediator pendant 20 ans et souffre de valvulopathie. Les quelque 700 parties civiles de Nanterre avaient misé sur une procédure censée être rapide: une citation directe, dans laquelle leur revient la tâche d'apporter les preuves. Le procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre dans le dossier tentaculaire du Mediator avait déjà été renvoyé l'année dernière, peu après son ouverture, le 14 mai 2012.
##fr3r_https_disabled##

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité