Le désamour de la Bretagne pour son candidat devenu président

Ils ont porté François Hollande au pouvoir, et leurs villes sont détenues par la gauche, mais avec la crise de l'agroalimentaire les Bretons pourraient prendre leur distance avec le président. Dans une région de tradition modérée, pro-européenne, la majorité a beaucoup à perdre aux municipales.

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Au second tour de la présidentielle, François Hollande a obtenu 56,35% des voix en Bretagne, où les mandats parlementaires sont principalement détenus par la majorité, de même que l'exécutif de la plupart des principales villes et collectivités territoriales.
Les annonces faites mercredi par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, n'ont pas suffi à calmer la colère qui monte. La journée de jeudi a vu une succession de prises de positions, de gauche comme de droite, des milieux agricoles comme économiques, prenant leurs distances avec les annonces officielles quand elles ne les critiquent pas avec vigueur, parlant même de "duperie". La chambre régionale d'agriculture a annoncé qu'elle suspendait sa participation à l'élaboration d'un Plan agricole et agroalimentaire breton, censé être bouclé pour la fin de l'année afin de relancer ce fer de lance économique de la région. "Le gouvernement nous fait des promesses mais ce sont des actes concrets qu'il nous faut", écrit son président, Jacques Jaouen, rappelant ses demandes de "simplification administrative" et de "droit à l'expérimentation", sans oublier "l'abandon de l'écotaxe".

L'écotaxe concentre toutes les oppositions

L'écotaxe, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier, concentre toutes les oppositions. Même des collectivités contrôlées par le PS s'y sont mises: le Conseil régional de Bretagne a demandé un "moratoire" et le Conseil général du Finistère a voté à l'unanimité jeudi pour "l'exonération immédiate de l'écotaxe et l'étude de sa suppression à terme".
Pour les Bretons, l'écotaxe est un reniement de la parole de l'Etat qui, en la personne du général de Gaulle, avait donné le feu vert, en 1968, à un programme de quatre voies gratuites dans la région pour compenser son caractère péninsulaire. Et l'achèvement de la mise à quatre voies de la RN 164, qui traverse la région en son centre, promis par le Premier ministre, est une promesse vieille de plus de 40 ans.

Distorsions de concurrence dans l'agroalimentaire en Europe

Les acteurs économiques soulignent que l'aide promise de 15 millions euros est bien inférieure aux sommes que collecterait l'Etat en cas d'application de l'écotaxe, soit 40 à 70 millions, selon diverses estimations. Autre cheval de bataille en Bretagne: l'Europe et "les distorsions de concurrence" ou "dumping social". Car si producteurs et abattoirs allemands taillent des croupières aux Bretons, ils le font pour partie grâce à l'absence d'harmonisation sociale en Europe, qui leur permet d'engager "une main d'oeuvre intérimaire", venue pour l'essentiel d'Europe de l'Est, employée à des tarifs horaires extrêmement bas. Et ce, même si des abattoirs bretons ont aussi partiellement recours à ces salariés, cette fois au tarif français mais avec des charges moindres que pour un salarié français.

Un réseau de villes moyennes en Bretagne

Le chômage reste moins élevé en Bretagne qu'au plan national (9,4% contre une moyenne de 10,5 à fin juin). Mais, outre l'attachement à la maison individuelle, la région se caractérise, bien davantage qu'au plan national, par un réseau de villes moyennes qui irriguent des territoires ruraux, grâce en particulier aux emplois générés par l'agroalimentaire. Et ce mode de vie, de même que la vitalité de ce tissu rural, sont menacés par la disparition de ces sites industriels. En outre, la Bretagne, privée de représentant ministériel pendant une décennie, attendait beaucoup de ses quatre ministres en termes de reconnaissance de sa spécificité.

Une décentralisation au point mort

Mais le vibrant plaidoyer pour une véritable décentralisation, prononcé par Jean-Yves Le Drian, en juin 2012, au moment où il quittait la présidence de la région pour devenir ministre de la Défense, ne s'est pas concrétisé. Le projet de décentralisation, porté par la Bretonne Marilyse Lebranchu, chargée de la Réforme de l'Etat et de la Décentralisation, a accouché d'une souris. Même l'engagement 56 du candidat Hollande concernant la langue bretonne, à savoir la ratification par la France de la Charte européenne des langues minoritaires, n'a pas été respecté.

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