Il aura fallu neuf années de procédure, pour que se tienne le procès devant le Tribunal correctionnel de Rennes, d'une ex-comptable de l'Etablissement français du sang de Bretagne, accusée d'avoir détourné plus de 8 millions d'euros. Le procès s'ouvre ce mercredi. Il durera deux jours.
Le pot aux roses a été découvert en 2004. Thérèse Mérel, comptable de l'Etablissement français du sang à Rennes, employée, « au-dessus de tout soupçon » après 30 ans de service, a détourné durant 15 ans, entre 1990 et 2004, plus de huit millions d'euros.
Chargée de régler les fournisseurs, la comptable créait des créanciers fictifs et détournait le montant de certaines factures vers ses comptes personnels.
Avec son mari elle pouvait vivre la grande vie, hôtel, champagne, voyages et voitures. Elle a ainsi fait l'acquisition de maisons, renfloué encore la trésorerie de l'entreprise de son mari, une menuiserie artisanale Install Mag, créée en 1992. Et puis il y avait aussi un haras à Bréal-sous-Monfort de 17 hectares avec 70 chevaux de course.
C'est d'ailleurs sa banque, intriguée, qui a donné l'alerte à la Brigade financière. Interpellée, la comptable a reconnu les faits. Tous ses biens ont été saisis et vendus, mais le produit de la vente n'a permis de rembourser que deux tiers des sommes perdues par l'EFS.
Poursuivie pour abus de confiance, faux en écriture et détournement de fonds publics
L'ex-comptable a effectué environ un an de détention provisoire, avant d'être libérée en 2005. Elle est poursuivie pour « abus de confiance » portant sur près de 3,4 millions d'euros, détournés, selon l'accusation, entre 1990 et 2000. Mais aussi pour « détournement de fonds publics » entre début 2000 et 2004, portant sur 5,3 millions, et pour faux en écritures : elle aurait falsifié des signatures. Son mari sera jugé à ses côtés pour « recel d'abus de confiance et de détournements de fonds publics ». Les deux derniers prévenus sont deux agents comptables secondaires de l'EFS, uniquement poursuivis pour les faits postérieurs à 2000, pour « négligences ayant favorisé un détournement de fonds publics ».
Le récit de Séverine Breton