C'est la réponse du berger à la bergère. La Bretagne refuse l'écotaxe ? Pourtant, elle va lui rapporter plus que ce qu'elle va coûter répond le ministre des transports. A vérifier.
L'écotaxe rapportera 135 millions d'euros à la Bretagne, alors qu'elle coûtera 42 millions d'euros
Ce sont les chiffres avancés par le ministère des transports dans un communiqué. La région bénéficierait donc "largement" de cette redistribution "pour l'amélioration de son infrastructure de transport".
La RN 164 exclue du dispositif
Le ministère des Transport précise que le "caractère péninsulaire (de la Bretagne) et le fait qu'elle ne comptait aucune autoroute à péage ont bien été pris en compte". D'où le nombre de portiques, une dizaine, répartis sur les 1000 kilomètres du réseau de "4 voies" héritées du plan routier breton. Seule la RN 164 (150 kilomètres) est épargnée. L'écotaxe rapportera 1,15 milliard d'euros par an selon les estimations du gouvernement. 750 millions iront à agence qui finance les infrastructures de transport en France, l'AFITF. Selon le ministère, elle en reverserait 18% à la seule région de Bretagne. A considérer qu'une partie de cette estimation concerne les investissements futurs dans le fret maritime ou ferroviaire, ou encore une partie allouée aux collectivités, ce pourcentage parait toutefois très généreux.
L'écotaxe : un impact de 0,4 % sur le prix final des marchandises
Selon le gouvernement, il est encore "inexact de dire que +pour certains produits, il faudra payer la taxe six fois+. Cela revient au même de faire 100 km en 10 fois ou en une seule fois". certes, mais l'argument du syndicat agricole est autre. C'est que par exemple pour un poulet, l'écotaxe intervient sur la livraison de son aliment, le transport vers l'abattage, en tout un poulet élevé en France va génererait 5 ou 6 fois plus de chemin taxé. Mais selon le gouvernement, le transport "représente au maximum 10% du prix des produits vendus aux consommateurs". L'écotaxe renchérira ce prix de 4% environ, soit 0,4% du prix total.Conclusion: "Cette taxe kilométrique donne une prime aux circuits courts" selon le ministère des Transports puisqu'elle impacte également les poids-lourds étrangers et est calculée en fonction du nombre de kilomètres parcourus.
La réalité du trafic routier en Bretagne
Sur les 850 km de réseaux ont transité en 2011 114 millions de tonnes de marchandises au sein même de la région, dont 13% de produits agricoles et 16,7% de produits alimentaires. Ce sont les chiffres de l'observatoire régional des transports en Bretagne. 42 millions de tonnes en entrée et sortie de la région, dont 24% de produits agricoles et 19% de produits alimentairesA l'exportation, il entre beaucoup plus de produits agricoles et alimentaires (2,5 millions de tonnes) qu'il n'en sort (500 000 tonnes). Mais c'est bien la route qui est le principal réseau utilisé.