Pourquoi est-ce nécessaire de diffuser l'histoire du FLB sur France 3 Bretagne ?

Les samedi 9 et 16 novembre, à 15h20, France 3 Bretagne diffuse un documentaire en deux volets sur l'histoire du FLB. Est-ce jouer avec le feu dans le contexte actuel ? Bien au contraire. Ce travail sur le FLB raconte avant tout les enjeux politiques de la régionalisation. Explications.

Entre 1964 et 1981, le Front de Libération de la Bretagne revendique près de 300 attentats. Les plus célèbres restent celui de l'émetteur de Roc'h-Trédudon, en 1974 et surtout celui de l'aile gauche du Château de Versailles, en 1978. La mémoire collective conserve avant tout ce sigle : "FLB". Tagué à l'époque sur tous les ponts enjambant les quatre voies bretonnes, sur tous les bâtiments symboles de l'Etat,  et même... sur les bus de la capitale !


Alors, en pleine révolte des Bonnets Rouges, est-il pertinent de diffuser aujourd'hui cette histoire, au risque de réveiller certaines revendications autonomistes ? La réponse est un grand OUI ! Car justement, le film d'Hubert Béasse, co-produit avec la société rennaise Vivement Lundi, ne traite pas seulement des exactions des fameuses "Kevrenn", ces groupes de militants indépendantistes. En les éclairant du contexte politique de l'époque, il nous livre un éclairage passionnant sur l'histoire de la décentralisation.

Deux ans de travail 

L'idée de ces deux documentaires remonte déjà à deux ans. Au sortir d'un précédent film d'Hubert Béasse, "Berlin-Vichy-Bretagne", qui explorait les relations entre le 3ème Reich et le très minoritaire Parti National Breton. Il apparaissait alors comme une évidence de continuer à travailler dans cette voie, en comblant cette fois une autre lacune : raconter en images l'histoire du FLB. 

Hubert Béasse s'est donc plongé pendant de longs mois dans les archives de la Préfecture de région et celles du SRPJ de Rennes. Très vite, est apparue la nécessité de réaliser deux volets pour ce documentaire. Car le FLB s'est construit, s'est fait moins présent, puis s'est reconstruit sur deux mandatures républicaines bien distinctes : les années De Gaulle et les années Giscard. A travers ces deux époques, on comprend ainsi  tous les enjeux politiques de la décentralisation et des rendez-vous manqués avec la Bretagne. Au final, ces deux documentaires viennent éclairer avec une formidable acuité le contexte actuel de la révolte bretonne.

Pour mieux comprendre

Car qui se souvient par exemple qu'en 1969, le Général De Gaulle lança le référendum sur la régionalisation à... Quimper ! Un référendum qui voulait par ailleurs réformer les institutions, à commencer par le Sénat et ouvrir la voie à plus de décentralisation. On connaît la suite. Qui se souvient aussi que cette décentralisation fut l'objet d'une véritable course aux déclarations d'intentions entre Giscard et Mitterrand pour l'élection présidentielle de 1981 ? Qui se souvient enfin de l'interview du commissaire Le Taillanter, lors du démantèlement du FLB ? Lui-même avait bien du mal à comprendre la composition très hétéroclite de l'organisation.


Au final, après le visionnage de ces deux films de 52', on comprend mieux pourquoi la révolte actuelle des Bonnets Rouges ne peut se résumer à "l'expression d'un régionalisme borné ou d'une simple jacquerie", comme le rappelle Pierre-Marie Barrault, dans un excellent article du Monde. Ou comme l'explique également Thierry Pech, le rédacteur en chef d'Alternatives Economiques, "le patriotisme ouvert du collectif "Vivre, travailler et décider au pays", n'est pas exclusif ! Il illustre avant tout la compétition qui surgit actuellement entre des territoires très fortement touchés par la crise".

Décentralisation ratée

"Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre", disait Winston Churchill. En replongeant dans les archives, l'histoire du FLB nous rappelle avant tout, et  parfois cruellement, combien l'histoire de la décentralisation française reste celle des rendez-vous manqués entre l'Etat et ses territoires. Car la décentralisation française, c'est aujourd'hui un mille-feuilles politique monstrueux, comptant plus de 600 000 élus dans l'hexagone ! Chacun d'entre eux ne possèdent qu'une toute petite partie du pouvoir et souvent très peu de moyens pour tracer l'avenir de leur propre territoire

Face à une crise économique sans prédécent, les gouvernants peinent donc de plus en plus à proposer des solutions crédibles aux yeux de la population. Et la fracture territoriale ne cesse de croître au gré des entreprises qui ferment un peu partout dans l'hexagone. D'un côté, ceux qui profitent encore des effets bénéfiques de la mondialisation, et de l'autre, ceux qui en subissent de plein fouet les conséquences. 

En regardant l'histoire du FLB, on comprend ainsi beaucoup mieux pourquoi les Bretons réclament aujourd'hui un nouveau projet régional ambitieux, en l'exprimant dans un cri de colère désespéré !

Bertrand Rault
Délégué Régional France 3 Bretagne


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