Vous ne le connaissez peut-être pas, mais si vous levez la tête à Rennes, vous verrez partout la patte de Georges Maillols. L'architecte, qui aurait eu 100 ans cette année, a profondément marqué le paysage urbain rennais. Les journées de l’architecture à Rennes lui rendent hommage.
Son nom ne vous dit peut être rien. Pourtant, Georges Maillols a marqué de son empreinte la ville de Rennes. Cet architecte, né a Paris en 1913 a construit 10 000 logements durant les 30 Glorieuses.
Les Horizons, la Caravelle, le Trimaran, la Barre St Just, le Grand Bleu… Ces immeubles, qui font partis du paysage urbain rennais portent tous la même signature : celle de Georges Maillols. L’architecte s’était installé à Rennes en 1947, alors que la ville, meurtrie par 5 années de guerre, souffrait d’un manque cruel de logements. 1500 bâtiments sont détruits, 15 000 sont très abîmés et 25 000 personnes sont sans-abri. L’hiver 53-54 particulièrement froid, rend encore plus difficiles les conditions de vie des Rennais.
Sous la mandature d’Henri Fréville, élu maire de Rennes en 1953, Georges Maillols va donc être chargé de construire d’abord des logements d’urgence. C’est ainsi que la cité Eugène Pottier (1953-54) puis la Ruche Ouvrière en mars 54 voient le jour. Entre 1958 et 1960, il conçoit le Grand Bleu, dans le quartier de Cleunay : une barre de 144 logements, haute de 9 étages et longue de 120m… Déjà, à cette époque, même si les logements ne sont pas très grands, ils sont bien conçus, avec des espaces de vie agréables et lumineux, des terrasses, des balcons.
Rennes, ville en mutation
Au cours des années 50 et 60, Rennes est une ville qui change et qui attirent les ruraux avec ses industries, (Usines Citroën, Eternit) et ses pôles de recherches. De 113 000 habitants en 46, la ville passe à 124 000 en 1954 pour atteindre 151 000 en 1962…
Une population qui dans les années 50, s’entasse encore dans des logements insalubres, ou il n’y a pas de sanitaires et de tout à l’égout, et parfois, même pas d’eau courante.
Henri Fréville qui veut faire de Rennes une cité modèle, fait du logement l’une de ses priorités. C’est ainsi que Maillols va imaginer en 1952, la première tour rennaise. Elle est située au 14 quai Richemont, sur les bords de la Vilaine. Une tour de 11 m, bâtie sur pilotis car Maillols a choisi de l’implanter sur un terrain marécageux dont personne ne veut à l’époque… Pour la construire, l’architecte a recours aux « pieux Franki » une technique mise au point par le frère de son beau-père, le belge Edgard Frankignoul.
La naissance des tours
Une technique dont il se servira encore pour édifier le quartier de Bourg l’Evêque… Dans ce faubourg mal famé ou les rats sont légion, le programme prévoit sur 19ha, la construction de 2519 logements, ainsi que des commerces, un centre social et même un parc. Plusieurs architectes vont se partager le travail .
A Bourg l’Evêque, Maillols va ainsi réaliser son ouvrage le plus emblématique : les deux tours jumelles des Horizons qui aujourd’hui encore dominent Rennes. Deux tours de 30 étages qui frôlent les 100m (car à l’époque la législation n’autorise pas la construction d’immeubles plus élevés). Elles comptent 480 appartements et un silo semi-enterré qui cache un parking de 440 places. Pour son projet, Georges Maillols s’est inspiré de ce qui se fait en Amérique et en particulier à Chicago. Il utilise du béton tectonique, des murs préfabriqués, dessinés et moulés qui viennent habiller la structure. Rennes en devient la capitale grâce a la Rennaise de Préfabrication.
A coté des deux tours, s’élèveront bientôt d’autres immeubles tout aussi révolutionnaires : la Caravelle, le Trimaran, l’Armor, le Belvédère…
Changement d’époque
Mais dans les années 70, la politique en matière d’architecture va changer du tout au tout. En 1973, avec la crise du pétrole et le ralentissement économique, l’Etat se désengage peu à peu du financement du logement. L’accession à la propriété individuelle, le fameux pavillon, va devenir le rêve de nombreux français.
A Rennes aussi, on voit fleurir les premiers lotissements, comme celui des Tournesols, dans la ZAC Patton, imaginé là encore par Georges Maillols. Un escargot géant, ou s’alignent 170 maisons « élastiques » (entre le garage, à l’avant et la maison à l’arrière, le propriétaire peut imaginer une extension) qui chacune possède un beau jardin à l’arrière. Luminosité, espace, calme et intimité sont la encore les critères auxquels s’attache l’architecte.
Jusqu’à sa mort en 1998, Georges Maillols travaillera inlassablement à de nouveaux projets, à Rennes ou il signe avec David Cras, la réalisation du Baccara sur la ZAC de la Mabilais en 97, mais aussi ailleurs en France et à l’étranger (Algérie, Bahrein). Il s’est éteint le 25 juillet 1998 à l’âge de 85 ans et reste avec Louis Arretche, l’un des deux grands architectes rennais des 30 Glorieuses.
Voyez le reportage d'Isabelle Rettig et Vincent Bars
Interviews :- Gilles Brohan, animateur architecture et patrimoine-Office de tourisme de Rennes
- Louis Martel, habitant des Horizons
- Simon Letondu, architecte. Co-auteur de " Georges Maillols, architecte"- PUR
- Jean Yves Blouin, propriétaire d'une maison "Tournesols"
POUR ALLER PLUS LOIN
A lire : "Georges Maillols, architecte" de jean Yves Andrieux et simon Letondu - Presses universitaires de Rennes
A découvrir : le samedi 16 novembre : 4 circuits visites sur les traces de Maillols (départ 14h). inscription à l’Office de Tourisme de Rennes
Le mercredi 20 : 18h30 : conférence sur Maillols aux Champs Libres avec les auteurs du livre
Jusqu’au 23 : exposition des photos de Stéphane Chalmeau, autour de l’œuvre de Maillols (place de la Mairie)
Jusqu’au 24 : exposition des maquettes Georges Maillols réalisées par les étudiants de l’ENSA à l’Ecole nationale d’Architecture
Pour avoir plus d'infos, rendez-vous sur le site de la maison de l'architecture