Des élus et des représentants d'associations ont interpellé jeudi la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (la Safer) de Bretagne, estimant que des jeunes agriculteurs, non issus de ce milieu, étaient lésés dans l'attribution de terres vacantes au profit de grandes exploitations.
Ces délégués, élus et des représentants d'associations, ont été reçus ce jeudi par le conseil d'administration de la Safer à Saint-Brieuc. Ils reprochent notamment à la société d'avoir, dans plusieurs dossiers, refusé l'installation de jeunes agriculteurs qui ne sont pas issus du milieu agricole, en privilégiant l'agrandissement d'exploitations déjà existantes.
"Nous avons plusieurs cas où la Safer refuse l'installation de jeunes agriculteurs qui ne viennent pas du monde agricole (...) C'est pourtant le rôle de la Safer de les aider à s'installer", a déclaré Sophie Pontgelard, co-présidente de La Marmite, une association du pays de Vannes qui soutient l'installation de projets agricoles.
"L'accès au foncier est un problème récurrent pour les jeunes non issus du monde agricole (....) amenant des porteurs de projets à abandonner, privant nos territoires ruraux d'activités créatrices d'emplois, de lien social, d'économie locale et de plus-values environnementales", déplorent les délégués.
Les organisations, parmi lesquelles la Confédération paysanne, le Groupement des agriculteurs bio, Terres de Liens-Bretagne et Eau et Rivières de Bretagne s'interrogent : "Y a-t-il une place pour une agriculture innovante, hors cadre familial en France?". Par ailleurs, dans une lettre ouverte adressée à la Safer-Bretagne, les mêmes signataires reprochent à l'organisme semi-public l'attribution, sur un dossier précis, de terres vacantes dans le Morbihan à une exploitation comptant déjà plus de 100 ha au détriment de deux autres projets d'exploitation. Les délégués estiment que la volonté politique de développer la méthanisation agricole a par ailleurs pour effet de favoriser la spéculation sur les terres.
"Le conseil d'administration nous a assuré qu'ils entendaient respecter les objectifs en matière d'agriculture biologique et d'installation hors cadre familial", a indiqué un porte-parole du collectif, Gwénnolé Le Galloudec, jeudi à l'issue de la réunion. "On va bien sûr rester vigilants", a-t-il ajouté.